224ème
semaine
Journée
du lundi 11 novembre 1918
LE
CESSEZ-LE-FEU, L'ARMISTICE
Récits
du dernier jour des combats
Du côté français, l’Etat-major a
été extrêmement prudent, ne voulant en aucun cas baisser les bras avant la
certitude d’une victoire complète. Les troupes n’ont donc pas été averties des
négociations en cours, et les opérations offensives se sont poursuivies
jusqu’au dernier moment, entraînant des pertes jugées ensuite comme inutiles.
On note d’ailleurs qu’officiellement la France n’a eu aucun tué le 11 novembre,
les documents étant falsifiés pour inscrire la date du 10 novembre pour tous
les morts ou disparus de ce jour-là.
En haut lieu militaire, cependant,
on est conscient de l’arrêt prochain des hostilités, et on veut y préparer la
troupe, témoin cet « Ordre général n°108 » émis par l’Etat-major de
la 161ème division :
« La Division peut être
appelée à pénétrer incessamment en territoire alsacien. Bien que le Général ne
pense pas devoir insister sur l’attitude qu’il conviendra d’observer, car elle
est comprise par tous les hommes, il est nécessaire d’attirer l’attention sur
certains points.
Nous serons accueillis à bras
ouverts, à n’en pas douter. Il n’en est pas moins indispensable que la troupe
donne une impression d’ordre c’est-à-dire de force à une population qui
est habituée depuis 47 ans à la rigidité allemande devant laquelle nous produirions
le plus fâcheux effet si nous nous présentions avec du relâchement.
L’homme devra donc en toutes
circonstances avoir une tenue correcte et même soignée : le soldat
français doit être un beau soldat.
La troupe devra partout se
présenter dans le plus grand ordre, qu’il s’agisse d’un simple détachement de
corvée ou d’une unité instituée. Les paquetages devront être particulièrement
soignés. Les musiques, les tambours et les clairons seront fréquemment appelés
à jouer, il faudra qu’ils se surveillent. Les équipages devront être
parfaitement tenus, le harnachement reluisant, les chevaux toilettés.
En un mot le Général fait appel à
l’excellent esprit et au bon sens de tous, pour que nous donnions, en pénétrant
dans la plaine d’Alsace, l’impression que nous requérons ».
Le message du maréchal Foch annonçant
la fin de la guerre est transmis par télégraphe aux commandants en chef des
différentes armées alliées le 11 novembre à 5 heures 15 : « Les hostilités sont
arrêtées sur tout le front, à partir du 11 novembre, 11 heures (heure
française). Les troupes alliées ne dépasseront pas, jusqu’à nouvel ordre, la
ligne atteinte à cette date et à cette heure ». Cet ordre est retransmis par le
général Boichut aux régiments de sa division à 7 heures 15, accompagné de
consignes particulières de prudence auxquelles le colonel Petitdemange juge
utile de rajouter quelques recommandations supplémentaires pour que « les
hommes mettent leur mouchoir au bout de leur fusil (…) et crient en chœur et de
toutes leurs forces “Vive la France !” et chantent La Marseillaise (…). On ne
fraternisera pas avec l’ennemi ».
C’est le 415ème Régiment
d’Infanterie qui a le triste honneur d’avoir les pertes les plus importantes
des deux derniers jours de guerre, car le commandement a exigé qu’il passe la
Meuse en force. Les combats de ce régiment continuent effectivement jusqu’au
dernier moment. Le soldat de 1ère classe Augustin Trébuchon, estafette de la
9ème compagnie, titulaire de la Croix de guerre, est tué à 10 h 50 d’une balle
dans la tête alors qu’il était porteur d’un dernier message pour son capitaine,
il est le dernier mort de la Première Guerre mondiale. Mais, officiellement, il
sera déclaré mort à Vrigne-Meuse le 10 novembre 1918 à 10 heures du matin. Dans
la poche de résistance tenue par le 415ème Régiment d’Infanterie au nord de la
Meuse, c’est le soldat Delalucque qui a l’honneur de sonner le « cessez-le-feu
» à 11 heures précises. Appelé par le capitaine Lebreton pour effectuer les
sonneries réglementaires, le brave poilu, sans doute ému par la solennité de
cette mission, ne se souvient même plus de cette sonnerie : « La dernière fois
que je l’ai jouée, c’était en 1911, au champ de tir ! ».
Le commandant de Menditte écrit
dans son carnet de notes journalières : « Je fais passer la bonne nouvelle au
régiment et on attend ! 10 heures 45 : les obus tombent encore sur le village.
10 heures 57 : la mitrailleuse tire encore. 11 heures : un de mes clairons
sonne “ Cessez le feu ”, “Levez-vous ” puis “Au Drapeau ”. Les autres clairons
répètent. La Marseillaise monte dans le lointain. Des cris de joie et les cris
plus éloignés des Boches qui sortent de leurs trous et veulent fraterniser.
Quelle joie et quelle émotion ! Ici tout est en remue-ménage. On sort de
l’église tous les lits boches qui s’y trouvent. Le père Guiton dit la messe et
monte en chaire, mais à ce moment arrive le général Boichut qui ne reste que 10
minutes mais qui est suivi de trompettes d’artillerie et de cavalerie sonnant
de joyeuses fanfares. La cérémonie continue, on chante le Te Deum et, ma foi,
après cela on déjeune, avec quel appétit ! J’ai perdu 45 tués, 87 blessés et 12
disparus au cours de la journée d’hier. La proportion de tués est énorme pour
de la guerre en rase campagne et prouve l’acharnement mis dans la lutte ».
La nouvelle de l’armistice n’est pas
accueillie partout avec une explosion de joie mais plutôt avec le soulagement
de ne plus vivre avec l’obsession d’être des morts en sursis. « Après les
durs et violents combats de la veille, il était bien difficile d’imaginer que
la guerre pouvait finir comme par miracle. On avait l’impression que c’était un
rêve et cependant c’était bien la réalité ». Un profond silence s’établit sur
l’immensité du champ de bataille de la veille. Un silence impressionnant.
Du côté des Allemands, l’Armistice
est aussi une délivrance mais leur sentiment de joie a aussi le goût de la défaite.
Certains cherchent à fraterniser avec les Français. Généralement sans succès.
Ils sont priés de rejoindre leurs lignes. Ne plus échanger de coups de fusil et
laisser chacun récupérer ses morts sur le terrain, c’est suffisant dans
l’immédiat.
L’armée allemande est à ce
moment-là complètement démoralisée. La révolution a éclaté à Berlin le 9
novembre, l’Etat-major crie à la trahison par les civils. Sur le front, des
comités de soldats se sont créés, ils encadrent la troupe à côté des officiers,
quand ils ne les remplacent pas purement et simplement. Certains régiments se
replient en brandissant le drapeau rouge. Le manque de nourriture est
omniprésent, chez les civils comme pour les soldats.
Les poilus échangent leurs
impressions après avoir compté les minutes au cours de la matinée. L’Armistice,
c’est d’abord la vie sauve. Il faut bien qu’il y ait un dernier tué, mais – surtout
- ne pas être celui-là : « Je vis, c’est merveilleux ! », « Nous avons eu une
sacrée veine », « Tu te rends compte, on n’est pas mort ! », « Revoir Paname et
troquer le casque pour le melon », « C’est la fin de notre jeunesse », etc. Il
faudra aussi réapprendre à vivre normalement et guérir de la guerre. La guerre est
finie, c’est la paix !
On trouvera ci-dessous les
extraits des JMO (Journal de Marche et des Opérations) des principaux régiments
dans lesquels ont combattu et sont morts des Anduziens et des Tornagais, avec
la liste des tués antérieurs de chacun de ces régiments. Certaines mentions
sont sobrement factuelles, l’événement n’est parfois même pas signalé, comme si
le cessez-le-feu ne concernait pas la troupe… Mais le ton est ailleurs plus
démonstratif, voire même lyrique.
3ème Bataillon de Zouaves
Début novembre 1918, ce régiment
se trouve dans les Ardennes.
« 8 novembre – La marche
reprend en direction d’Hirson.
9 novembre – Le régiment atteint
Hirson qu’il traverse, se dirigeant vers Marquenoise (Belgique) par la forêt.
10 novembre – Le régiment se dirige
vers Seloignes-Chimay. Réaction de l’ennemi par mitrailleuses et artillerie
devant Seloignes, village qui tombe au cours de l’après-midi.
11 novembre – Dès 4 heures
patrouilles de contact. L’ennemi se repliant, le mouvement doit reprendre à
5h30. Vers 6 heures la Division annonce par téléphone la signature de
l’armistice et la cessation des hostilités à 11 heures. Néanmoins les 5ème et
11ème bataillons progressent en fin de journée.
12 au 15 novembre – Cantonnement à
Seloignes.
16 novembre – Prise d’armes.
Remise de décorations.
17 novembre – Fête organisée par
le 3ème zouaves et la municipalité de Seloignes ».
DONZEL
Édouard-Achille, mort le 31 décembre 1914
FESQUET
Alfred-Maurice, mort le 19 octobre 1914
RICHARD
Émile-Marius, mort le 04 avril 1917
En novembre 1918, ce régiment se
trouve en Bulgarie, les évènements du front occidental n’y sont mentionnés que
très brièvement :
« 6 novembre – En marche vers
Radomir où la Division doit être embarquée par chemin de fer pour une
destination inconnue. Le communiqué français annonce que l’Autriche a signé un
armistice.
7 novembre – Etape de Slatino à
Dupnica
8 novembre – Etape de Dupnica à
Krnol
9 novembre – Etape de Krnol à
Provalenica
10 novembre – Séjour à Provalenica
11 novembre – L’Allemagne signe un
Armistice
12 novembre – Le régiment
stationne à Provalenica et Radomir ».
BERNARD
Paul, mort le 17 septembre 1914
CAIZAC
Etienne, mort le 22 septembre 1914
MEYNADIER
Louis César, mort le 22 septembre 1914
SEQUIER
Fernand Albert, mort le 22 septembre 1914
38ème Régiment d’Infanterie Coloniale
Début novembre 1918, ce régiment
se trouve en Bulgarie. Son JMO s'arrête le 10 octobre, mais son historique indique : « Il apprend là
l'armistice et l'effondrement de la première nation du bloc ennemi. La joie est
délirante ; plus de quatre ans d'efforts, de courage et d'héroïsme reçoivent
leur récompense par la victoire définitive ».
AURES
Léon-Paul, mort le 10 juillet 1916
CASTANET
Marcel-Jules, mort le 7 septembre 1914
GALOFFRE
Georges-Eugène, mort le 6 octobre 1915
GAZAGNE
Alphonse, mort le 27 septembre 1914
En novembre 1918, ce régiment se
trouve en Macédoine, bien loin de la France. Il marche dans des régions aux
noms imprononçables, d’Egri Palanka à Gjujecepe par le col de Devebajir. Le
pays est rude, il fait froid. Le 9 novembre le régiment part de Kustendil vers
Sistov, en Bulgarie. Ils sont 50 officiers, 1 424 hommes, 444 animaux, 45
voitures.
Le 11 novembre ne fait l’objet d’aucune
mention.
Le 16 novembre, ces troupes
franchissent le Danube et avancent vers Zimitza, dans la direction de Bucarest.
Elles arrivent dans cette capitale le 28 novembre.
Le 1er décembre, le 40ème Régiment
d’Infanterie défile devant le roi de Roumanie qui fait son entrée solennelle
dans sa capitale à la tête des troupes roumaines, anglaises, françaises.
La guerre n’en n’est pour autant
pas finie pour ces soldats. En février 1919, le 40ème Régiment d’Infanterie
quitte Bucarest pour la Russie, où il doit combattre les bolcheviks. Débarqué à
Odessa, il se heurte à des troupes aguerries et doit se replier en deçà du
Dniester sur des ponts de bateaux. Il ne combat plus.
En juin 1919, le régiment est de
retour en Bulgarie, puis il reprend enfin la route de Nîmes, les derniers
démobilisables quittant l’Orient en août 1919.
CLOT
Émile, mort le 17 novembre 1914
LAUNE
Jules, mort le 20 décembre 1914
MARTIN
Fernand, mort le 29 janvier 1915
POMARET
Paul, mort le 17 septembre 1914
RATIER
Emile, mort le 19 août 1914
RIBOT
Daniel, mort le 25 janvier 1917
ROUCHET
Albert Jean, mort le 25 août 1914
55ème Régiment d’Infanterie
Début novembre, le 55 RI se trouve
dans l’Aisne.
« 10 novembre – La Division
fait connaître que toutes les propositions d’armistice sont acceptées par
l’Allemagne. Retraite aux flambeaux, chants, etc… jusqu’à une heure avancée de
la nuit, tout le monde est content nous avons la victoire.
11 novembre – Le régiment fait
mouvement et va cantonner à Buironfosse ».
DUMAS
Albert, mort le 20 août 1914
DUMAS
Robert Marie, mort le 06 novembre 1918
JEAN
Arsène Joseph, mort le 20 août 1914
LAURENT
Paul Émile, mort le 12 octobre 1918
POUJOL
Louis Albert, mort le 21 août 1917
VIVENS
Augustin (= Justin), mort le 22 décembre 1914
55ème Régiment d’Artillerie de Campagne
Début novembre 1918, ce régiment
se trouve dans l’Aisne.
« 25 octobre – Cantonnement à
Ciry-Salsoque. Nettoyage et installation des hommes. Dans l’après-midi visite
du colonel motivée par des observations à adresser aux groupes touchant l’état
des chevaux. Il paraît que les pertes en chevaux sont dues surtout à la
négligence des conducteurs et des gradés. Ceux-ci doivent montrer de
l’initiative dans l’exploitation des ressources des cantonnements pour la
nourriture de leurs chevaux. La réduction de la ration d’avoine et
l’insuffisance de celle de foin doivent être avantageusement compensées par des
soins éclairés. Quels seront les résultats de ce régime diététique
prolongé ??
27 octobre – L’ordre de départ
arrive, nous devons aller cantonner dans les environs de Laon.
28 au 30 octobre – En route, puis
arrivée à Crécy/Serre.
31 octobre – La cie doit occuper
une position en bordure de la route de Crécy à Pargny-les-Bois, avec mission
d’accompagner une attaque d’infanterie et de tirer sur les lisières du bois des
Avourier qui est tenu par l’ennemi. Finalement la position ne doit pas être
occupée, un contrordre est arrivé, comme par hasard. Ces changements continuels
fatiguent le personnel et les chevaux. Le personnel est d’ailleurs très réduit,
la cie n’a que 3 servants par pièce, et elle est la plus riche du groupe !
1er novembre – Le nouveau colonel
se fait présenter les officiers du groupe. Il appelle leur attention sur les
soins à donner aux chevaux et demande à ce que la responsabilité des cadres
soit exactement hiérarchisée. Grâce à des soins constants et au juste sentiment
de cette responsabilité à chaque échelon les chevaux ne doivent pas tarder à
être remis en bon état.
4 novembre – Dans la nuit du 4 au
5 novembre, la batterie est soumise à un violent bombardement d’obus à Ypérite.
Un obus tombe sur un abri qui s’effondre : 5 tués, 2 blessés.
5 novembre – Dans la matinée tout
le personnel doit être évacué pour conjonctivite. Il ne reste plus sur la
position que 2 servants et le lieutenant Morel, qui est obligé à son tour de se
laisser évacuer.
6 novembre – Les Allemands battent
en retraite après avoir détruit les ponts et les carrefours. Le matériel
ypérité est désinfecté grossièrement par le chlorure de chaux. Une pièce
détruite par le feu ennemi est abandonnée ainsi que les paquetages des évacués
et les armes portatives qu’il est impossible de désinfecter.
7 novembre – Le groupe cantonne à
Gercy.
8 novembre – Départ de Gercy vers
Vervins. L’après-midi, l’ennemi marque une résistance sur la ligne du Thon. La
5ème batterie ne peut fonctionner vu le manque de personnel.
9 et 10 novembre – Les ressources
en foin du cantonnement où l’on s’arrête deux jours permettent de suralimenter
les chevaux fatigués par les étapes des jours précédents.
11 novembre – Vers midi on apprend
la signature de l’armistice. On a quelque peine à croire à la vérité de la
nouvelle pourtant confirmée. La joie est moins grande qu’on l’eusse pu supposer
et ne devient générale que dans la soirée ».
AGNOLINI
Louis, mort le 10 septembre 1914
ARNAUD
François-Marius, mort le 11 août 1917
GUY
Jules, mort le 30 août 1914
61ème Régiment d’Infanterie
Début novembre 1918, ce régiment
se trouve en Bulgarie.
« 6 novembre – En route pour
la traversée entière de la Bulgarie. On passe à Sofia dans la nuit.
8 novembre – Installation à
Rouschouk au bord du Danube, pour y faire la police et garder les prisonniers
roumains.
10 novembre – Traversée du Danube.
Le régiment met enfin le pied sur la terre Roumaine.
11 novembre – Occupation de la
garnison de la ville. Un accueil très chaleureux est fait aux troupes par toute
la population qui jette des fleurs et manifeste sa joie. Musique sur la Grand-Place
de Giurgiu. Population enthousiaste.
12 novembre – Les habitants du
village de Stanesti battus et pillés par les Allemands la veille ont fait à nos
troupes un accueil touchant. A 2 heures du matin on reçoit une note du
commandement annonçant la suspension des hostilités sur tout le front.
13 novembre – Occupation de toute
la rive du Danube.
15 novembre – Le général Berthelot
fait à 11 heures son entrée solennelle dans la ville de Giurgiu. Malgré la
neige et le froid très vif la population assiste en foule à la cérémonie. Un chœur
de jeunes filles en costume national chante des airs roumains et exécute des
danses locales. A la fin de la réception la foule entonne la Marseillaise ».
ASTRUC
Albin-Auguste, mort le 20 août 1914
JULIAN
Émile-Fernand Louis, mort le 20 août 1914
PIC
Marceau-François, mort le 13 décembre 1916
64ème Bataillon de Chasseurs Alpins
Fin octobre 1918, ce bataillon se
trouve dans la région de Saint-Quentin (Aisne), il a pour mission de prendre le
canal d’Oisy. Le 5 novembre, le canal est franchi, au prix de 3 tués, 23
blessés, 5 disparus.
« 10 novembre – Etape de
marche de Seboncourt à Savy.
11 novembre – Etape de marche de
Savy à Guirancourt.
12 novembre – La nouvelle arrive
que l’armistice est signé. Etape de marche de Guirancourt à Pertain.
13 novembre – Le Bataillon
stationne à Pertain et reçoit l’ordre d’embarquement pour le lendemain matin.
Durant toutes ces étapes les bonnes nouvelles reçues et le beau temps qui
persiste ont porté haut le moral du Bataillon.
16 au 24 novembre – Les compagnies
travaillent à recombler des tranchées. Le 24 au soir le Bataillon apprend qu’il
doit se porter dans la région parisienne.
26 novembre - Le Bataillon est
acclamé dans toute la traversée de la ville de Paris et les chasseurs
enthousiasmés oublient les fatigues de la longue étape (32 kilomètres).
28 novembre - Le Bataillon rend
les honneurs au roi d’Angleterre Georges V devant le ministère des affaires étrangères.
Du 2 au 4 décembre – Repos, jeux
et visites d’usines.
5 décembre – Réception du roi des
Belges Albert 1er. Le Bataillon forme la haie d’honneur sur l’avenue du Bois de
Boulogne.
Du 6 au 10 décembre – Repos, jeux
et visites d’usines.
11 décembre – L’industriel
Monsieur Citroën, parrain de la Division, lui offre un banquet, auquel assiste
une délégation d’officiers et de chasseurs.
14 décembre – Le Président des
Etats-Unis, Wilson, se rend en France. Le Bataillon forme la haie d’honneur sur
son passage avenue du Bois de Boulogne. Le retour est pour le Bataillon une
marche triomphale, acclamé par la population parisienne en délire, les
officiers et chasseurs sont couverts de drapeaux et de fleurs.
16 décembre - Le Bataillon rend
les honneurs au Président Wilson à son passage au boulevard Malesherbes.
19 décembre – Le roi d’Italie
arrivant en France, le Bataillon forme la haie sur son passage avenue du Bois
de Boulogne.
21 décembre – Départ de Paris ».
CHAPEAU
Édouard César, mort le 6 août 1917
SIMON
Pierre Auguste, mort le 3 juin 1917
TEISSONNIÈRE
François Albert, mort le 3 juin 1917
75ème Régiment d’Infanterie
Début novembre, le 75 RI se trouve
dans la Meurthe-et-Moselle.
« 10 novembre – Ordre secret
de faire mouvement en avant dans la nuit du 10 au 11 novembre.
11 novembre – Signature de
l’Armistice sur le Front Français, les Allemands acceptant toutes les
conditions imposées par les Alliés. Zone de stationnement du régiment sans
changement.
15 novembre – Ordre de mouvement
vers le Rhin.
17 novembre – Franchissement de la
frontière à Avricourt, défilé drapeau en tête au son de « Vous n’aurez pas
l’Alsace et la Lorraine ». Quelques habitants revenus la veille acclament
les troupes et offrent des fleurs aux officiers et aux soldats.
18 novembre – Partout sur son
passage le régiment est reçu avec joie et dans un enthousiasme indescriptible.
Tous les villages sont pavoisés.
1er décembre – Arrivée sur le
Rhin, garde des ponts. Toute conversation avec les sentinelles ennemies est
formellement interdite ».
DUGAS
Fernand, mort le 25 septembre 1915
FAÏSSE
Émile, mort le 25 septembre 1914
GUIRAUD
Franck, mort le 31 octobre 1914
JAUSSAUD
Germain, mort le 4 juin 1915
LAURET
Aimé Gaston, mort le 28 août 1914
MICHEL
Fernand Edmond, mort le 22 août 1914
112ème Régiment d’Infanterie
Début novembre 1918, ce régiment
se trouve dans l’Aisne.
« 10 novembre – Le 112ème Régiment
d’Infanterie stationne à Grougis, près de Saint-Quentin (Aisne). A 19h30 le
colonel annonce, par téléphone, que les allemands acceptent toutes nos
conditions d’armistice. Aussitôt une retraite de musique est organisée. Elle se
déroule dans les rues de Grougis au milieu d’un enthousiasme indescriptible. La
musique joue « la Marseillaise » aux acclamations de tout le 112ème,
et des quelques civils de la localité. Sur tout son parcours la retraite est
éclairée par des fusées signaux blanches, rouges, vertes, lancées par nos signaleurs
et par des feux de joie allumés à l’aide de gargousses abandonnées par
l’ennemi. Effet féérique, surtout si l’on considère que cette manifestations a
été toute spontanée.
Jours suivants – Aménagement des
cantonnements. Remise de décorations.
2 décembre – Le maréchal Pétain
passe en revue le régiment qui, avec le drapeau et la musique, lui rend les
honneurs. Il réunit les officiers pour leur parler de la démobilisation, du
rôle que la Division serait appelée à remplir sous peu dans l’occupation du
pays rhénan, et de la nécessité de conserver jusqu’à la fin les principes et
les méthodes de la discipline française dont l’essence est l’affectueuse
collaboration des chefs et des hommes à l’œuvre commune.
BOUDOURIC
Numa Louis, mort le 20 juin 1915
CAZENOVE
Louis, mort le 26 mars 1916
ROUX
César Léon, mort le 30 juin 1916
Début novembre 1918, ce régiment
se trouve dans l’Aisne.
Son JMO n’a pas un mot pour le 11
novembre. Il passe du 7 novembre (Le
régiment fait mouvement par voie de terre vers Château-Porcin) au 15
novembre (Le régiment fait mouvement par
voie de terre vers Herbigny)…
FOLCHER
Jules Gustave, mort le 22 juillet 1919
ROUX-PLANTIER
René, mort le 9 juin 1918
Début novembre 1918, ce régiment
se trouve en Alsace.
« 11 novembre – A onze heures,
cessation des hostilités par suite de l’armistice conclu entre les Alliés et
l’Allemagne. Les troupes conservent leurs emplacements de combat. Une
vingtaine d’Allemands, peu après la cessation des hostilités, se présentent
devant nos lignes, ils sont pris et faits prisonniers.
12 novembre – Sans changement. Les
troupes continuent à occuper leurs emplacements de combat. Les Allemands
tiennent toujours les lignes, mais leurs sentinelles sont sans armes. L’ennemi
se livre à des démonstrations bruyantes de joie et d’allégresse.
17 novembre – le 163ème Régiment
d’Infanterie quitte ses emplacements de combat, traverse les lignes ennemies
évacuées par les Allemands et pénètre en Alsace. Il fait des entrées
triomphales à Guebwiller au milieu de l’enthousiasme général. Les hommes sont
couverts de fleurs et joyeusement fêtés par la population civile de cette belle
cité alsacienne ».
CONILHÈRE
Abel Louis, mort le 29 septembre 1918
PERSÉGOL
Édouard Louis, mort le 5 octobre 1914
RAMEL
Ernest, mort le 22 décembre 1914
173ème Régiment d’Infanterie
Fin octobre 1918, ce régiment se
trouve dans la région de Saint-Quentin (Aisne).
« 10 novembre – Le Corps est
informé à 20 heures que les plénipotentiaires allemands ont accepté toutes les
conditions des Alliés en vue de l’Armistice.
11 novembre – La signature de l’Armistice
est annoncée officiellement aux troupes. Les unités sont utilisées par le Génie
pour la remise en état des routes, gares et voies ferrées ».
BERTHEZENE
Louis, mort le 29 août 1914
CHAUDESAIGUES
Paul Marcel Henri, mort le 29 mai 1916
TIRFORT
Fernand, mort le 10 juin 1918
240ème Régiment d’Infanterie
A côté du 40ème Régiment
d’Infanterie, on a créée en août 1914 son régiment de réserve, le 240ème
Régiment d’Infanterie, intégrant les hommes les plus âgés, destiné en principe
à ne pas participer directement aux combats les plus violents. Mais le désordre
des batailles a vite raison de ce principe, et le 240ème Régiment d’Infanterie
participe comme les autres à tous les terribles épisodes de 1914, 1915, 1916.
En novembre 1916, le 40ème Régiment d’Infanterie doit partir vers l’Orient, le
240ème Régiment d’Infanterie est dissous. Voici ce qu’en dit son
historique :
« Le 31 décembre arrive
l'ordre de dissolution à la date du 1er janvier 1917. Nul ne s'y attendait ; et
cette nouvelle cause à tous une grande impression de tristesse.
Le 3 janvier, le régiment est
rassemblé pour rendre une dernière fois les honneurs à son drapeau qui allait
être ramené au dépôt.
Le 4, la dislocation s'effectuait.
Le 240ème, pendant vingt neuf mois
de guerre, a toujours fait preuve de hautes qualités morales, d'endurance et de
patriotisme. Sa tâche a été parfois glorieuse, souvent ingrate; mais partout il
s'est classé comme un régiment éprouvé. Il a toujours mérité la confiance que
ses chefs avaient en lui et les éloges qu'ils lui ont prodigué ».
AGUILLON
Bertin, mort le 20 septembre 1914
CHARDINOUX
Louis Auguste, mort le 25 août 1914
CROUZET
Léopold Louis, mort le 28 janvier 1915
FELGEYROLI
Fernand, mort le 26 septembre 1914
FLOURET
Louis Camille, mort le 25 août 1914
GERVAIS
Alexandre Louis, mort le 25 août 1914
GOUT
Albert, mort le 6 septembre 1914
GUY
Arthur Samuel, mort le 27 juin 1916
PERSÉGOL
Jules René, mort le 25 août 1914
QUET
Laurent Auguste, mort le 25 août 1914
TRAVIER
Julien Paul, mort le 26 septembre 1914
261ème Régiment d’Infanterie
Début novembre 1918, ce régiment
se trouve dans l’Aisne, à l’ouest de Saint-Quentin.
« 3 novembre – Préparation d’artillerie
pour une attaque qui doit avoir lieu demain.
4 novembre au 6 novembre – Passage
du canal, capture de nombreux prisonniers et de beaucoup de matériel.
7 au 12 novembre – Cantonnements divers
autour de Saint-Quentin ».
Pas un mot sur l’armistice.
BROUSSOUX
Scipion, mort le 16 décembre 1914
CHAUVET
Albin-Siméon, mort le 11 décembre 1914
GUY
Alfred, mort le 31 octobre 1916
QUET
Louis, mort le 14 octobre 1915
356ème Régiment d’Infanterie
Début novembre, le 356 RI se
trouve dans l’Aisne.
« 10 novembre – La première
ligne ennemie est reconnue fortement occupée. Les allemands déclarent « ne
pas vouloir tirer » mais nous interdisent d’avancer. De nombreux
roulements de voitures sont entendus dans le Nord.
A 15h10, deux sous-officiers
allemands porteurs d’un drapeau blanc se présentent devant la tranchée des
peupliers. Ils se disent parlementaires et demandent à parler au commandant des
avant-postes. On leur bande les yeux et on les amène au PC du sous-lieutenant
François qui les fait conduire au PC du colonel à Vacqueville. Ils sont
interrogés, ils déclarent s’appeler Fried Laffdorf et Hasinger, et venir au nom
de la 8ème compagnie du 453ème Landwehr afin d’obtenir que toute hostilité
cesse. Ils ajoutent que leur compagnie est commandée par un officier assisté
d’un comité de sous-officiers et soldats. La révolution ayant été proclamée la
veille à 11 heures. Un comité de soldats fonctionne à Metz, ils en attendent
des ordres pour se replier de l’autre côté du Rhin jusqu’à Rastatt en Bade. Ces
ordres doivent leur parvenir la nuit prochaine ou le lendemain au plus tard.
Les chemins de fer du Sud de l’Allemagne seraient aux mains des Comités de
Soldats. Ces parlementaires sont reconduits dans leurs lignes à 19 heures, avec
les précautions nécessaires.
11 novembre - A 9 heures, un
message du général commandant la 73 DI annonce la signature de l’armistice donnant
ordre de cesser toute hostilité à partir de 11 heures (heure française). Dans
l’après-midi, concert par la musique du régiment sur la place d’Hablainville.
Les avant-postes sont repliés dans
la soirée sur le gros de leur bataillon, et des postes d’examen sont établis
sur la ligne de soutien avec mission d’empêcher tout allemand de pénétrer dans
nos lignes, et tout civil de passer au-delà. A la tombée de la nuit, l’ennemi
lance de nombreuses fusées éclairantes, par groupes de 6 ou 8 à la fois. Des
détonations violentes sont entendues à l’intérieur de ses lignes.
12 novembre – Le matin, à partir
de 6 heures, les bruits d’explosion reprennent en arrière du front ennemi. Au
cours de la journée nos observateurs signalent de nombreux bruits de voitures
et de wagonnets en arrière de Domèvre. Entre 17 et 19 heures, l’ennemi lance
une grande quantité de fusées éclairantes de toutes couleurs en arrière et sur
tout le front du sous-secteur. La musique du régiment part dans la soirée pour
Baccarat, où elle participe durant 3 jours, avec la musique du 14ème Régiment
d’Infanterie, aux concerts donnés en l’honneur de la signature de l’armistice ».
SAUVEBOIS
Lucien, mort le 5 octobre 1919.
Les autres victimes de ce conflit ne sont pas nommées ici, parce que l'on n'a pas de documents régimentaires sur ce dernier jour. Mais tous, les 120 d'Anduze et le 40 de Tornac, ont fait l'objet d'un article sur ce blog au fil des ans, on peut les lire en cherchant leur nom dans la marge de gauche de l'écran.
Le défilé de la victoire |
Ainsi se termine le récit de leurs douloureux chemin.
FIN