73ème semaine
Du lundi 20 au dimanche 26
décembre 1915
LES GARIBALDIENS
Paul FOSSAT, 4ème de marche du 1er
Etranger
Mort le 5 janvier 1915 à Courtes-Chausses
(Meuse), disparu
Suite de notre retour en arrière…
Paul FOSSAT est né à Tornac le 28 avril 1891. Le 4e régiment de
marche du 1er étranger, appelé couramment « Légion garibaldienne », était une
unité militaire française de la Légion étrangère qui exista de façon éphémère
de 1914 à 1915 : comme ses membres étaient tous (ou presque) italiens, quand
l'Italie entra dans la guerre, ils purent poursuivre le combat sur le front
italien. Après s’être illustré en Argonne au Bois de Bolante en décembre 1914 puis
à Courtes-Chausses en janvier 1915, le régiment est finalement dissous le 5
mars 1915 du fait de l’entrée en guerre de l’Italie et du départ de la majorité
des effectifs vers leur pays d’origine.
Paul Fossat, né en 1891, est de la classe 1911. Du fait de la loi
sur les trois ans, il est donc sans doute encore sous les drapeaux, ou tout
juste libéré, quand éclate la guerre. Pourquoi est-il incorporé en novembre
1914 dans cette Légion Garibaldienne qui ne comprend en principe que des Italiens ?
On n’en sait rien, sinon que cette Légion a été formée à Nîmes, et que Paul
Fossat se trouvait sans doute dans cette ville. Et comme il est adjudant, l’autorité
militaire a peut-être jugé bon d’encadrer ces Italiens, dont elle se méfiait,
par quelques Français…
Voici l’historique des événements :
2 août 1914 : Mobilisation générale en France. Le chef du
gouvernement italien, Antonio Salandra, déclare la neutralité du Royaume d’Italie
malgré les accords signés avec l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie, avant la
guerre.
3 août 1914 : L’Allemagne déclare la guerre à la France.
4 août 1914 : L’armée allemande envahit la Belgique.
6 août 1914 : Ricciotti Garibaldi propose de lever une légion de
volontaires pour aider la France.
8 août 1914 : Guiseppe dit Peppino, Ricciotti Junior et Bruno
Garibaldi quittent New-York pour l’Angleterre.
11 août 1914 : La France et l’Angleterre déclarent la guerre à
l’Autriche-Hongrie.
15 août 1914 : Peppino envoie son frère Ricciotti Jr à Paris pour
aider leur père dans les négociations avec le gouvernement français.
16 août 1914 : Adolphe Messimy, le Ministre de la Guerre français,
informe la famille Garibaldi que la France ne souhaite pas avoir de volontaires
étrangers dans ses armées.
21 août 1914 : Des bureaux sont ouverts à l’Hôtel des Invalides de
Paris pour permettre aux étrangers de s’engager dans les armées françaises.
Peppino Garibaldi |
Les 24 et 25 août 1914 : Peppino et son père Ricciotti Garibaldi
rencontrent René Viviani, le Président du Conseil et le Ministre de la Marine
Jean-Victor Augagneur. Ils étudient la possibilité pour la France de soutenir
une expédition militaire des Garibaldi en Dalmatie. Finalement le gouvernement
français n’apportera pas son soutien à cette action.
Septembre 1914 : Des milliers d’Italiens se sont engagés dans les
armées françaises pendant que d’autres continuent à franchir la frontière.
2 septembre 1914 : Face à l’avancée ennemie, le gouvernement
français est contraint de quitter Paris et se rend à Bordeaux. Les Garibaldi
quittent également la capitale et s’installent à Lyon.
3 septembre 1914 : Le gouvernement français envoi un télégramme
aux Garibaldi pour reprendre les négociations et demander l’envoi d’un
représentant à Bordeaux.
8 septembre 1914 : Ricciotti Jr. quitte Lyon pour se rendre à
Bordeaux afin de continuer les tractations pour la création d’une Légion
Garibaldienne.
Courant septembre 1914 : Des compagnies de volontaires italiens se
sont formés un peu partout en France et en Italie. Elles rejoignent par leurs
propres moyens Montélimar, Nîmes et Nice.
20 septembre 1914 : La légion républicaine Mazzini est créée à
Nice.
21 septembre 1914 : Les volontaires italiens se trouvant à
Montélimar reçoivent des chemises rouges, symbole des Garibaldiens.
23 septembre 1914 : Les autorités françaises assurent la famille
Garibaldi qu’une légion « Garibaldienne » sera constituée.
28 septembre 1914 : La Gazzetta Ufficiale publie un avertissement
du gouvernement italien qui met en garde les volontaires qui vont s’engager
dans des armées étrangères. Les frontières franco-italiennes sont fermées.
29 septembre 1914 : Cesare Briganti écrit un article invitant tous
les républicains italiens à le rejoindre à Nice.
4 octobre 1914 : Un décret paru au Journal Officiel nomme
plusieurs italiens au rang d’officiers dans l’armée française.
17 octobre 1914 : La légion Mazzini est dissoute et la majorité
des volontaires qui la formaient retournent en Italie. Les autres prennent la
route de Montélimar et de Nîmes et rejoignent les Garibaldiens.
19 octobre 1914 : Ezio Garibaldi rejoint ses frères Peppino,
Ricciotti Jr, Sante, Bruno et Costante après avoir quitté Rome et être passé par
Nice.
5 novembre 1914 : Le décret constituant le 4° Régiment de Marche
du 1° Étranger parait au Journal Officiel. Cette unité regroupera des italiens
engagés pour la durée de la guerre se trouvant dans les dépôts du Camp des
Garrigues de Nîmes et de Montélimar. Peppino Garibaldi, qui a reçoit le grade
de Lieutenant-Colonel, commandera le régiment et il sera secondé par le Commandant
Jean-Baptiste de Dupla de Garat. C’est sans doute à ce moment-là que Paul
Fossat est l’un des rares Français à être incorporé dans cette unité. À sa
création le régiment est constitué de 57 officiers, 2 114 sous officiers et
hommes de troupe et compte 184 chevaux et mulets. Les hommes de ce régiment sont autorisés (au moins pendant les parades) à porter la chemise rouge du célèbre Garibaldi, grand-père des fondateurs de cette unité.
7 novembre 1914 : Les Bataillons du régiment quittent Nîmes et Montélimar
et se dirigent vers le Camp de Mailly, où ils vont suivre plusieurs semaines
d’instruction.
17 décembre 1914 : Le 4° Régiment de Marche du 1° Étranger au
complet part du Camp de Mailly à pied pour se diriger le front.
19 décembre 1914 : Arrivée à Dommartin-sur-Yèvres dans la Marne où
l’unité passe la nuit.
20 décembre 1914 : Le régiment est affecté à la 10° Division
d’Infanterie du Général Gouraud et prend la direction de l’Argonne.
Installation de la Légion garibaldienne dans les bois de l'Argonne |
21 décembre 1914 : Arrivée à La Grange aux Bois dans la Marne .
Les officiers du régiment rencontrent le Général Gérard, commandant le 2° Corps
d’Armée, qui les informe sur leur mission et les particularités du front
Argonnais.
22 décembre 1914 : Le régiment quitte La Grange aux Bois et se
divise. Le 3° Bataillon va cantonner dans les environs de Florent en Argonne et
les deux autres se rendent à Le Claon.
24 décembre 1914 : Le régiment reçoit l’ordre de se tenir prêt à
monter au feu. Les deux premiers Bataillons rejoignent la Maison Forestière du
Four des Moines pendant que le 3° va à la Sapinière.
25 décembre 1914 : Le régiment devait être engagé pour la première
fois sur le front mais le Général Gouraud et le Colonel Valdant décident
d’annuler cette action après avoir reconnu le terrain. En effet l’assaut devait
être donné dans un secteur de taillis très dense où le régiment n’aurait pas pu
se repérer.
Les tranchées du Bois de Bolante |
26 décembre 1914 : Première action du régiment sur le Plateau de
Bolante. Bruno Garibaldi est tué durant ces combats et son corps est resté
entre les lignes. Les pertes sont de 161 hommes (30 tués dont 4 officiers, 113
blessés dont 5 officiers et 18 disparus).
28 décembre 1914 : Le corps de Bruno Garibaldi a été récupéré.
3 janvier 1915 : Le corps de Bruno arrive à la gare de
Sainte-Ménéhould d’où il sera rapatrié vers Italie.
5 janvier 1915 : Deuxième attaque du régiment sur les secteurs du
Ravin des Courtes Chausses et du Four de Paris. Les bataillons, après avoir
conquis trois tranchées, doivent finalement se replier suite à une
contre-attaque allemande. Costante Garibaldi est tué durant cet assaut est son
corps est provisoirement déposé dans l’église de Le Claon.
Paul Fossat, 26 ans,
est porté disparu ce jour-là.
Son nom figure sur la plaque commémorative de l’église
Saint-Etienne à Anduze, ainsi que sur le monument aux morts de Tornac et sur
une stèle à Rochebelle (Alès).
L'écrivain italien, Curzio Malaparte (Curt Erich Suckert) et Lazare
Ponticelli, le dernier Poilu de France, ont également fait partie des
Garibaldiens du 4° Régiment de Marche du 1° Étranger.
A suivre…