138ème
semaine
Du lundi 18 au dimanche 24 mars 1917
Henri
Verdier
Pilote
dans l’armée d’Orient
Né le 9 février 1892 à Anduze
d’Henri-Auguste et d’Amélie née Sabran, Henri-Hyppolite Verdier est
successivement instructeur auprès des enfants de troupe puis représentant de commerce.
Engagé volontaire le 23 février
1910 au 19ème régiment d’artillerie, versé à l’Ecole militaire préparatoire de
l’artillerie et du Génie de Billom, brigadier en septembre 1910 puis
Maréchal-des-Logis en février 1912. Affecté au 53ème régiment d’artillerie, il
est blessé d’un éclat d’obus à la tête en février 1915.
En janvier 1916 il entre comme
élève pilote à l’Ecole d’aviation de Chartres, il obtient son brevet dès avril
de la même année. Il se perfectionne à Chateauroux, puis fait partie
d’escadrilles de combat successivement à Verdun en juillet 1916 puis dans les
armées d’Orient (escadrille F 386) à partir de septembre 1916.
Cette escadrille est basée à
Kladerop (au nord de Florina) d’octobre 1916 à janvier 1918. Les pilotes ont
des grades très divers, allant du capitaine au simple brigadier. Le
maréchal-des-logis Henri Verdier est très en bas de cette hiérarchie, placé
juste au-dessus des caporaux. Son observateur est le lieutenant Joly.
Depuis le 18 août 1916, quand les
troupes germano-bulgares ont lancé une offensive généralisée, le front d’Orient
est devenu un front continu. Les troupes françaises et serbes lancent alors une
contre-offensive vers les montagnes de Macédoine au nord-ouest de Salonique et
la F 386 accompagne le mouvement en étant rattachée aux escadrilles de l’Armée
Français d’Orient (AFO). Elle gagne le terrain de Mikros (près de Verria le
long de la voie ferrée) le 8 septembre 1916, puis Kalajar le 14 septembre et
enfin Kladerop (au nord de Florina) le 1er octobre où elle accompagne
l’offensive vers la ville de Monastir qui tombe le 19 novembre 1916. Elle est
équipée de l’avion Maurice Farman MF 11, puis du Farman F 40.
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Le Farman F 40 |
Si jusqu’en 1916 les seules pertes
qu’a dû subir l’escadrille étaient accidentelles, le renforcement de la chasse
allemande qui s’installe à Prilep à la fin de 1916 va rendre le travail aérien
bien plus problématique. Vers la mi-février 1917 va commencer une série noire
qui, en 45 jours, verra la perte de 4 pilotes sur 8 (3 tués, 1 blessé) et de 3
observateurs (3 tués sur 6). Outre le mauvais temps qui n’a rien arrangé, tous
les vols d’observation et de réglage d’artillerie sont attaqués par des
patrouilles de chasse des avions allemands de la Jasta 25. La chasse française,
en nombre insuffisant, est d’autant moins disponible qu’elle a fort à faire à
tenter d’intercepter les bombardiers allemands du Kaghol 1 qui sèment la
terreur du 15 février au 1er mai 1917.
C’est à ce moment-là qu’est blessé
Henri Verdier. Il est alors cité de la façon suivante : « Venu dans l’aviation, s’est montré très bon
pilote, plein d’allant et de crânerie. A exécuté de nombreux réglages et
bombardements. Excellent pilote plein d’allant a rempli de nombreuses missions.
Le 19 mars 1917, au cours d’un réglage de tir, attaqué par trois avions ennemis
n’a pas hésité à leur tenir tête. Blessé d’une balle de mitrailleuse au côté
droit, et son réservoir à essence crevé, a été contraint d’atterrir et a réussi
malgré sa blessure à ramener son observateur indemne ».
L’offensive terrestre française
réalisée dans le secteur de la Cerna début mai 1917 est un échec en bonne
partie en raison de l’insuffisance d’artillerie – la carence de l’aviation de
réglage en porte sans nul doute une part de responsabilité. Ce n’est qu’après
le départ des bombardiers allemand vers les Flandres, et qu’après le
renforcement de la chasse française, que la F 386 pourra reprendre plus
efficacement son rôle. Elle dispose désormais d’une patrouille de Nieuport de
chasse pour protéger ses Farman et ses Dorand AR 1 qui commencent à lui être
livrés. Fin 1917, la F 386 fait mouvement à Batch sur la Cerna, terrain partagé
avec l’escadrille SAL-1 (future 508).
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Un pilote et son observateur devant leur Farman F 40 |
Le front d’Orient devient ensuite
statique pendant plus d’un an, pendant que le général Guillaumat, auquel
succède le général Franchet d’Esperey, organise méthodiquement une offensive de
rupture. La chasse allemande reste non négligeable et la F 386, renumérotée
escadrille 502, perd pendant l’été deux de ses Nieuport d’escorte tous abattus
par l’as allemand Gerhard Fieseler. En septembre 1918, l’offensive si longtemps
préparée a lieu et parvient à couper les lignes bulgares en deux après une
percée inattendue dans les montagnes de Macédoine, exploitée par la cavalerie
française. La Bulgarie demande rapidement l’armistice et l’armée française
d’Orient se déploie dans tous les Balkans. L’escadrille 502 est pour sa part
dissoute au mois de décembre 1918, son personnel d’active réparti entre les
autres escadrilles d’Orient.
Après la guerre Verdier retourne
dans l’artillerie à l’école de Billom. Il a été décoré de la Médaille Militaire
et de la Croix de Guerre.
A suivre…
Sources : l’historique de
l’escadrille F 386 doit beaucoup à Denis Albin et à David Méchin.