160ème
semaine
Du
lundi 20 au dimanche 26 août 1917
REPRISE
D’UN VILLAGE RAYÉ DE LA CARTE
Louis-Albert
Po
ujol, sergent au 55ème régiment d’infanterie
mort
le 21 août 1917 à Samogneux (Meuse) de ses blessures
Louis-Albert Poujol est né le 6 janvier 1883 à
Anduze, de Louis-François et de Lilia-Augustine-Antonie-Gabrielle Ducros. A l’âge
de 20 ans il est employé au comptoir d’escompte à Nice, et son niveau d’instruction
est assez bon. Il est alors dispensé de service, son frère étant lui-même sous
les drapeaux. Mais un an après il intègre le 40ème régiment d’infanterie,
celui de Nîmes où sont appelés la plupart des conscrits du Gard, il y reste un
an avant d’être libéré. Mobilisé en août 1914 il retrouve ce régiment. Il y
passe caporal le 5 octobre 1914, puis caporal-fourrier le 18 octobre (sous-officier
chargé de distribuer les vivres et de pourvoir au logement des militaires), et
sergent dès le 1er janvier 1915. En janvier 1917 il est versé au 55ème
régiment d’infanterie. De nombreux Anduziens sont déjà passés par ce régiment,
et deux d’entre eux y sont morts : Arsène-Joseph Jean, disparu le 20 août 1914 à Dieuze (Moselle) (voir la semaine
003 de ce blog) et Augustin Vivens,
mort de ses blessures le 22 décembre 1914 à Rafécourt (Meuse) (voir la semaine 021
de ce blog). D’autres encore sont morts au 255ème régiment d’infanterie,
régiment de réserve du 55ème, Jules Mazauric mort en septembre 1914 (voir la semaine 009 de ce blog), Numa
Niel et Rubens Dupin, morts en octobre 1914 (voir la semaine 010 de ce blog),
Gédéon Corbessas mort en avril 1915
(voir la semaine 036 de ce blog), lourd tribut pour une si petite cité…
Après trois ans de batailles incessantes
et meurtrières, le 55 RI reçoit l’insigne honneur de faire partie des troupes
défilant sur les Champs-Elysées le jour de la fête nationale. Le 11 juillet, un
détachement du régiment, composé de plusieurs officiers, de la garde du drapeau
et d’une section de 30 hommes, se met en route pour Paris, où il assiste à la
grande revue des drapeaux passée, le 14 juillet, par le Président de la
République, en voici le compte-rendu porté au JMO du régiment :
Les jours qui suivent sont
employés à l’instruction des cadres et de la troupe. Une offensive importante
se prépare en effet dans le secteur de Verdun, et le 55 RI en sera.
Historique du 55 RI :
« La brillante victoire
française du 15 décembre 1916 avait avancé notre ligne sur la rive droite de la
Meuse en dégageant complètement Douaumont et en nous donnant les points d’appui
de la Côte du Poivre, des Chambrettes et du massif d’Hardaumont, elle laissait
néanmoins à l’ennemi quelques observatoires : côte du Talou et côte 344, qui
lui procurait encore des vues sur nos arrières. De plus, il conservait des
positions menaçantes sur la rive gauche : le Mort-Homme et la cote 304.
Cependant, l’état-major allemand paraissait avoir accepté sa défaite de Verdun;
Et, pendant six mois, la région fut de part et d’autre relativement calme. Mais
de notre côté, le commandement jugeait une offensive nécessaire pour améliorer
nos installations demeurées précaires sur la rive gauche. Là, en effet, nos
lignes, accrochées aux pentes du Mort-Homme et de la cote 304, étaient
immédiatement dominées par l’ennemi. Il paraissait urgent de nous donner de
l’air de ce coté.
C’est sur cette rive, en effet,
qu’après l’accalmie du printemps, l’ennemi, profitant de l’avance de ses
positions va tenter de rouvrir la bataille de Verdun. Le 1er juin 1917, après
un court mais très violent bombardement, l’ennemi attaque nos positions à
contre-pente de la cote 304 et pénètre en deux points de notre première ligne,
d’où nous parvenons à le chasser. Enfin, le 29 juin, l’ennemi lance une attaque
plus importante sur nos positions de la cote 304 et sur les saillants sud du
bois d’Avocourt que nous sommes contraints d’évacuer. Dans la soirée, il poursuivait
son avantage à l’ouest du Mort-Homme. Nos contre-attaques immédiates ne reprenaient
aux Allemands qu’une partie du terrain perdu.
Les 2 et 4 juillet, il continue
ses offensives locales au sud-ouest de 304.
Le 8 juillet, un régiment de
marche a pour mission d'enlever le saillant Gauthier qui, situé à la corne
sud-est du bois d'Avocourt, constitue l'un des points d'appui ouest des
défenses de la cote 304; il sera à l'aile gauche d'une attaque qui doit
reprendre tout le terrain perdu les 28 et 29 juin et s'emparer, en outre, des
anciennes premières lignes allemandes jusqu’à la cote 304.
Le 17, vers 3 heures, les
emplacements de départ sont occupés après une marche lente et rendue pénible
par le bombardement ennemi. Les tirs de préparation d'artillerie durent depuis
plusieurs jours; ils deviennent tellement intenses, tellement formidables dans
les instants qui précèdent l'heure H, que la confiance de nos troupiers
redouble. Ils s'élancent à l'assaut avec une ardeur folle, trouvant trop lente
à leur gré la marche du barrage roulant, qui les précède. C'est ainsi que le
lieutenant Vautrin, emporté par son élan dans le tir de barrage, est tué à la
tête de sa compagnie. La résistance de l’ennemi est assez faible; partout les
tranchées sont nivelées, les abris enterrés, une seule mitrailleuse tire. En
quelques instants toute résistance ennemie est brisée et 260 prisonniers
environ, affolés et piteux, dont 4 officiers, sont envoyés à l'arrière.
Mais vers 9 heures, l'ennemi
commence à violemment bombarder le terrain conquis, bombardement ininterrompu
par obus de tous calibres, qui va durer jusqu'au 20 juillet. On a promis que la
relève aurait lieu dans les vingt-quatre heures si l'attaque réussissait;
l'attaque a parfaitement réussi, les objectifs assignés ont même été légèrement
dépassés; et néanmoins, pendant trois journées interminables on doit encore
tenir sans un abri, sous un bombardement violent et incessant, il faut regarder
mourir les camarades sans pouvoir les soulager d'une goutte d'eau; et pourtant,
on trouve encore la force de repousser, le 17 au soir, avec l'aide d'un
infernal barrage d'artillerie, une contre-attaque de l'ennemi dont deux
bataillons sont anéantis. Le 1er août, nouvelle réaction ennemie sur le même
point et perte de la plus grande partie de nos gains du 17 juillet.
Ces fluctuations ne peuvent se
prolonger indéfiniment. Notre commandement
décide d’y mettre fin et prépare une opération de grande envergure. Elle
aura pour objet d’asseoir solidement nos positions au nord de Verdun, de part
et d’autre de la Meuse. Elle visera dans ce but à s’emparer des observatoires
encore aux mains de l’ennemi et à obliger les Allemands à éloigner leur
artillerie, ce qui aura pour résultats de mettre à l’abri du canon de moyen
calibre le nœud de communication très important constitué par les voies ferrées
et les routes qui convergent vers la ville. Les Allemands, sentant venir
l’attaque, multiplient les coups de main sur tout le front, afin d’obtenir des
prisonniers et de se renseigner. L’importance de nos préparatifs, qu’ils ont pu
suivre même de leurs observatoires lointains, grandit leur inquiétude. Dès la
fin de juillet, notre service de renseignements constate qu’ils ont accru la
densité de leurs troupes, amené leurs réserves à pied d’œuvre et renforcé leur
artillerie.
A la date du 19 août, veille de
notre attaque, l’ordre de bataille allemand comprend, sur la rive gauche,
quatre divisions allemande entre Avocourt et la Meuse; sur la rive droite, cinq
divisions Allemandes entre la rivière et Etain; en réserve cinq divisions
Allemandes. En outre le chiffre des batteries Allemandes a été porté de 150 à
400. Enfin toujours confiants dans leurs organisations défensives, les
Allemands paraissaient décidés à résister coûte que coûte sur leurs premières
positions. Ces organisations étaient particulièrement poussées sur la rive
gauche. En arrière de la cote 304, dans la plaine progressivement descendante
vers le ruisseau de Forges, l’ennemi disposait d’une série de points d’appui
constitués par d’anciens ouvrages de la défense avancée de Verdun : les
ouvrages de Peyrou, de Palavas, de Lorraine.
A l’est du ravin de la Hayette,
derrière le Mort-Homme, il avait construit deux tunnels : l’un, tunnel du
Kronprinz, reliant le ravin de Cumont à la tranchée de Silésie; l’autre, le
tunnel de Bismarck, entre la tranchée de Silésie et celle de Fay, ne comptait
pas moins de dix-sept ouvertures. Enfin, vers le bois des Corbeaux s’ouvrait le
tunnel Gallwitz, du nom du commandant de la 5e armée allemande.
Sur la rive droite, la côte du
Talou et la cote 344 étaient défendues par de puissantes lignes de tranchées,
des ouvrages fermés et des réseaux de fils de fer renforcés. Les villages de
Samogneux et de Beaumont constituaient de véritables redoutes.
Samogneux : carte postale allemande |
Le 7 août, le 55 RI quitte ses
cantonnements de repos et est transporté en camion-autos à Verdun et camps
environnants. A partir du 12 août 1917, désigné pour enlever à l’ennemi la côte
du Talou, monte en secteur, soit en réserve, soit en première ligne. Jusqu’au 19
août, le secteur est très agité; les bombardements sont extrêmement violents de
part et d’autre, et les Allemands se montrent vigilants. Le 19 août, à 8
heures, le lieutenant-colonel Vignal, commandant le 55e régiment d’infanterie
prend le commandement du secteur. La nuit qui suit est particulièrement
mouvementée, les troupes qui se rendent en première ligne sont prises à partie
par des tirs sérieux d’obus à gaz et n’arrivent sur leur positions de départ
qu’après mille difficultés et des pertes sensibles.
Quelques heures avant l’attaque,
le général Mathieu, commandant la division adresse aux troupes l’ordre
ci-dessous :
« Officiers, sous-officiers, caporaux et soldats, « Une fois de plus, la
126e division est désignée pour une mission glorieuse : arracher à l’ennemi un
morceau du sol de la Patrie. Elle est heureuse de voir le 103e associé à sa
tâche. Une artillerie puissante a préparé le terrain à l’infanterie en
détruisant les obstacles, en obligeant l’Allemand écrasé à reculer ses lignes.
Fantassins, vous lui sauterez à la gorge, et, avec l’appui des sapeurs, vous le
maintiendrez impuissant jusqu’au moment où l’artillerie vous permettra de lui
asséner de nouveaux coups pour le terrasser. Union des armes, volonté, audace,
la 126e division a prouvé qu’elle possédait toutes ses qualités. Elle le
prouvera à nouveau demain et saura mériter la fourragère pour ses drapeaux. » «
En avant, mes amis, et vive la France ! ».
Mission du régiment - Le 55e a
pour mission :
a) D’enlever et dépasser sans
arrêt les tranchées de crêtes militaires du Talou (1er objectif), tranchée de
Munster entre les points 6430 et 6931 et tranchée de Makensen entre les points
6430 et 6733 ; de nettoyer ces tranchées en y laissant une garnison de
nettoyage et d’occupation; de concourir à faire tomber l’ouvrage d’Hector, en
s’engageant à la gauche du 112e régiment d’infanterie et en se liant
étroitement à ce régiment de droite.
b) D’atteindre le 2e objectif, dit
objectif intermédiaire, savoir : chemin de Neuville à l’ancien moulin des
Côtelettes, tranchée de Cassel dans la direction de la côte 344, dans les
parties de cet objectif comprises entre 6043 et 5840 en poussant une fraction
jusqu’à la côte 213, pour constituer une charnière reliant la ligne
intermédiaire à l’objectif terminus. Occuper, avec le bataillon de tête, cette
partie de l’objectif intermédiaire et s’y installer.
c) Dépasser (avec deux bataillons)
à 1 h.45 cet objectif intermédiaire pour atteindre le 3e objectif (objectif
terminus du jour J) entre les points 6552 (bois Rectangulaire) et les points 6044,
5944, 5641; organiser le terrain conquis et se fortifier dans la partie
ci-dessus affectée au régiment.
Le 20 août à 4 h.30, après une
préparation sérieuse d’artillerie, les bataillons sortent des tranchées et
gravissent la côte du Talou. La brume est intense. L’action se déroule comme à la
manœuvre, mieux qu’à la manœuvre. L’ennemi réagit énergiquement et exécute de violents
tirs de barrage. Mais les hommes, précédés par un feu roulant remarquable de précision,
merveilleux d’entrain et de courage, se dépensent sans compter. Rien ne résiste
à la vigueur de nos assauts, tous les obstacles tombent un à un, et, vers 6
h.30, tous les objectifs du jour J sont atteints.
A 7 h.10, les premiers
renseignements arrivent par coureurs au colonel.
Le chef de bataillon Roquigny
écrit : « Je suis à l’objectif final, suis en liaison avec le 103e à gauche et
avec le bataillon FÉLICI à droite. »
Dés l’arrivée sur la position conquise,
les hommes travaillent avec un intrépide acharnement pour se mettre à l’abri le
plus rapidement possible des tir allemands. Vers 8 heures, les chefs de
bataillons rendent compte que les hommes disposent de trous de 40 à 50
centimètres de profondeur; l’organisation de la position se continue toute la
journée à l’aide du fil de fer trouvé dans un dépôt de matériel ennemi situé au
moulin des Totilettes.
Vers 10 heures, le brouillard et
la fumée s’étant dissipés, les Allemands se reprennent et se mettent à exécuter
des tirs d’artillerie et de mitrailleuses d’une violence extrême; nos canons de
37 contrebattent énergiquement les mitrailleuses.
Notre artillerie tire tout
l’après-midi sur les positions allemandes, avec intensité, entre 20 et 21
heures. Prisonniers faits : 47, dont plusieurs sous-officiers. Le régiment a
fait preuve, au cours des combats de la journée, du plus beau mordant et du moral
le plus élevé.
Le 20, à 10 heures du matin, après
que tous les objectifs sont atteints; le 55e reçoit la mission d’attaquer le village
de Samogneux, tâche du jour J+N, qui était dévolue au 112e régiment d’infanterie.
Le lieutenant-colonel Vignal fait connaître au commandement que chefs et
soldats sont prêts et décidés à s’élancer, toujours avec la même ardeur, une
fois encore, à l’assaut des positions allemandes. Mais, dans l’après-midi, à 17
h.45, le colonel Steinmetz, commandant l’I.D./126, fait savoir que l’attaque du
village de Samogneux est reportée au lendemain 21 août, 5 heures.
Mission du régiment (21 août
1917). – Objectif à atteindre : tranchée du Tacul, village de Samogneux. Durant
toute la nuit du 20 au 21, nos batteries exécutent de violents tirs (tirs par
rafales et de destruction) sur les positions adverses.
A 5 heures, les bataillons
Roquigny et Félici quittent leurs emplacements, précédés par un feu roulant
d’artillerie, et prennent pour objectif le village de Samogneux et les
tranchées situées à l’est de ce village. Le brouillard intense permet d’avancer
tout d’abord sans que l’ennemi s’en aperçoive ; mais bientôt, de nombreuses
mitrailleuses, tirant des rives du canal ou de la Meuse, se dévoilent et nous
causent des pertes sévères. L’ardeur de la troupe ne diminue pas pour cela et
les hommes, enivrés de la plus belle ardeur patriotique, continuent leur marche
en avant avec un mépris du danger remarquable, électrisés par l’allant
extraordinaire du capitaine Juanahandy.
A 300 mètres environ de la lisière
du village, le premier bataillon, pris sous le feu de nombreuses mitrailleuses,
s’arrête; nos mitrailleurs mettent alors leurs pièces en position et ripostent
énergiquement, tirant par rafales très nourries dans la direction du village de
Samogneux. Les défenses allemandes étaient intactes. La situation devient
critique. Le soleil commence à percer les nuages et l’ennemi ne va pas tarder à
se rendre un compte exact de notre avance et à diriger sur nos nouvelles
positions les feux de tous ses canons.
C’est alors que le sous-lieutenant
Mayné, profitant d’une accalmie dans le tir, lance en avant deux sections qui,
après avoir cisaillé les fils de fer barrant la route le long de la tranchée d’Habshein,
sautent résolument dans cette tranchée en faisant quelques prisonniers (dont un
capitaine et un lieutenant). A ce moment-là, toute la première compagnie
reprend sa marche et se porte à la tranchée du Moulin. La 2e compagnie, qui
était en réserve, oblique franchement à droite et traverse la route
Vacherauville – Samogneux, de manière à marcher sur les traces de la 1re
compagnie.
La 3e compagnie qui occupe la
gauche du dispositif, reçoit alors l’ordre de suivre elle -même la 2e compagnie
et de marcher rapidement vers le nord. L’ennemi, s’apercevant de ce mouvement,
abandonne alors ses positions. La 1re compagnie traverse les décombres et
vergers à l’est du village. Enfin, la 2e compagnie visite les caves et abris
situés dans la partie sud du village et envoie une section occuper le bac et
l’écluse et une section s’emparer de la passerelle. Ces opérations, menées rondement
et avec une grande énergie, permettent de s’emparer de nombreux prisonniers et
de nombreuses mitrailleuses.
A l’heure prescrite, le 3e
bataillon se porte en avant face au nord. Sa marche s’effectue avec une
précision et un entrain admirables, malgré le tir violent de l’artillerie
ennemie, jusqu’aux fils de fer qu’il trouve intacts. Instinctivement, toutes
les unités viennent coller contre les défenses accessoires. Les mitrailleuses
ennemies, découvrant notre attaque, tirent sans répit, heureusement avec une efficacité
atténuée par le peu de visibilité. Le moment est angoissant. Mais les commandants
de compagnies, avec un calme admirable, les officiers et les hommes avec la
ferme volonté d’arriver, se mettent à rechercher les brèches ou à en pratiquer
de nouvelles. Après quelques minutes de cette attente, toutes les compagnies
s’élancent à travers les fils de fer par les brèches, abordant les tranchées
allemandes, les dépassant avec une impétuosité qui déconcerte les défenseurs et
leur fait lâcher pied. Cependant quelques centres de résistance se forment.
Cela ne doit pas arrêter l’élan des troupes. Des troupes de grenadiers, sous
l’impulsion vigoureuse des commandants de compagnie et sous la direction
énergique des officiers, ont vite fait de les réduire, forçant les défenseurs à
se rendre. Le 3e bataillon fait ce jour une centaine de prisonniers et prend 6
mitrailleuses, 2 minenwerfer, et deux lance-bombes.
Dès la prise des avant-postes, les
mitrailleuses prises aux Allemands sont retournées contre l’ennemi qui bat en
retraite sur la côte des Roches. Le régiment atteint tous les objectifs qui lui
sont assignés et prouve, une fois de plus, son entrain et sa valeur. Il est, le
soir du même jour, félicité par le général Mathieu, commandant la 126e
division, en ces termes : « Je veux vous
dire combien je suis heureux de commander les troupes de la 126e division, depuis
surtout que je les ai vues à l’œuvre dans ces deux journées d’engagement. Je
vous prie de leur faire mes compliments et d’adresser à tous, officiers,
sous-officiers, et soldats, mes félicitations pour leur bel entrain, l’élan
dont ils ont fait preuve, la ténacité et le courage qu’ils montrent sous le feu
de l’ennemi. »
Le communiqué officiel français
donnait, le lendemain, connaissance au monde entier des exploits du régiment en
s’exprimant ainsi : «Sur la rive droite
de la Meuse, au cours d’une attaque brillamment conduite, les Français ont
conquis Samogneux et tout le système de tranchées fortifiées qui relient ce
village aux organisations de la côte 344. »
Le général en chef adresse, à la
suite des succès des 20 et 21 août 1917, l’ordre du jour suivant : « Ordre particulier n° 13 Officiers,
sous-officiers et soldats de la IIème armée, L’armée française toute entière
vient de suivre avec émotion vos combats glorieux et vous félicite des succès
que vous y avez remportés. Une fois de plus, vous avez parcouru d’un seul bond
ces chemins héroïques où tant de vos camarades ont relancé l’ennemi pied à pied
pendant les longs jours de son orgueilleuse poussée sur Verdun. La France vous
remercie. Pétain ».
Louis-Albert Poujol fait partie de
ces quatre disparus. Sa fiche officielle de décès porte la mention : « Genre de mort : blessures de guerre ».
En fait nul n’en sait rien, puisqu’il s’agit d’une disparition. Son décès ne
sera transcrit sur les registres d’état-civil d’Anduze que le 17 septembre
1919, quand il aura été bien certain qu’il n’avait pas été fait prisonnier par
les Allemands. Louis-Albert Poujol figure sur le monument aux morts d'Anduze, ainsi que sur le livre d'or des Morts pour la France.
A suivre…
Le récit en BD de la journée du 21 août 1917 telle que vécue au 55 RI, publié en 1919 (Pour agrandir l'image, cliquez dessus) |