ENLISÉS DANS LES TRANCHÉES

183ème semaine

Du lundi 28 janvier au dimanche 3 février 1918

Ce blog se poursuit sur un double plan temporel :
- avec une correspondance exacte de cent ans pour les Anduziens
- avec une chronologie reprise depuis le début 1914 pour les Tornagais

LES CAVALIERS DEVENUS FANTASSINS

Elie-Clément GIRARD, soldat au 9ème Régiment de Dragons
Disparu le 29 septembre 1915 à Souain (Marne)


Elie-Clément GIRARD est né à Tornac le 22 février 1895, de César-Clément et de Marie Rouméjon. Il est cultivateur. Incorporé le 18 décembre 1914 au 105ème RI, passé au 9ème Régiment de Dragons le 5 janvier 1915.

Au début 1915, la guerre de mouvements est terminée, tout le monde a dû se réfugier dans des tranchées sur un front de plus en plus statique.

Historique de ce régiment :
« Les tranchées près d’Arras (8 février – 10 septembre 1915). La ruée des Allemands sur
l'Yser définitivement arrêtée, le régiment fut ramené dans la région de Saint-Pol, dans des cantonnements de repos bien mérités, pour s'y reconstituer et contribuer à l'organisation et à la défense des positions aux alentours d'Arras, à Neuville-Saint-Waast, à Souchez et à Rivière, non sans avoir pris part aux offensives de mai dans la même région. Tous ces noms sont un symbole et disent par eux-mêmes les travaux, les peines, l'endurance et la gloire que s'acquit le régiment dans ce secteur où les combats de tranchées à tranchées n'eurent pas de trêve, où les pertes de braves et bons camarades furent sévères, mais noblement consenties pour la patrie.
Le groupe fut dirigé, le 4 avril, sur le camp de Mailly, pour être affecté à la 151e division d'infanterie, rattachée au 11e corps d'armée. Il tint les tranchées sur la Somme, à Bécordel-Bécourt, au sud d'Albert, jusqu'au 20 août. Amené en Champagne pour l'offensive de septembre, il prit part aux attaques, à la Main-de-Massiges, du 25 septembre au 15 octobre, avec le 1er corps d'armée colonial.

Les tranchées de Champagne (septembre 1915 – août 1916).
En septembre 1915, le 1er corps de cavalerie fut amené en Champagne où il devait exploiter la victoire escomptée sur ce point, entre Souain et Ville-sur-Tourbe. L'enthousiasme était débordant. Le régiment resta la bride au bras pendant une nuit et un jour sous l'orage et se porta le lendemain au bois Guillaume, à deux pas du champ de bataille. Couchés dans la boue, tout le monde conserva sa bonne humeur. Mais la trouée ne se fit pas. Malgré tout, le moral resta excellent. C'est alors que le corps de cavalerie vint occuper le secteur de Prosnes, entre Reims et Châlons, secteur qu'il avait mission d'organiser. C'était dans cette partie âpre et aride de la Champagne située au sud des collines de Nauroy et de Moronvilliers, au pied du mont Cornillet, du mont Blond et du mont Haut, dont les sommets dominants étaient tenus par les Allemands. Sous leurs yeux, au prix d'efforts considérables et  persistants, des ouvrages remarquables furent construits de nuit, au milieu du dédale de trous et de cagnas qui constituaient alors les défenses superficielles et fragiles de ce secteur.

Les cavaliers du régiment montrèrent qu'on peut tout leur demander, comme aux meilleures troupes d'infanterie, comme aux meilleurs pionniers. Ils firent du front de Prosnes un secteur modèle, fournissant une somme de travail considérable, remuant la terre en tous sens, construisant des abris profonds. Au cantonnement, ils restèrent des cavaliers exemplaires, aimant et soignant leurs chevaux comme aux premiers jours de la campagne ».



Le JMO de ce régiment est extrêmement laconique pour la période de septembre 1915 et n’apporte aucune précision sur les combats de Souain à ce moment-là. Un témoin d’un autre régiment, Joseph Raymond, écrit à ce sujet en 1919 : « Dès que le jour parut, un ouragan de feu s’abattit sur la plaine, à faire croire à la fin du monde.  Sous les rafales d’artillerie, l’air gémissait, le sol craquait, ce bourdonnement lugubre déchirait nos oreilles, tandis que le fracas de la mitraille tendait à rompre nos nerfs surexcités.  Bientôt la terre se couvrit d’un voile épais de brume, au travers duquel  on sentait monter les larmes intarissables d’un ciel triste et noir. Des obus percutants jaillissaient des gerbes de flammes de plus de cent mètres, qui rejoignaient en l’air les langues de feu vomies par les fusants.  Les nuées jaunâtres des obus asphyxiants rendaient encore plus sinistres ces tourbillons de feu ».
Le village de Souain, près duquel Elie-Clément GIRARD a disparu le 29 septembre 1915 à l’âge de 20 ans, ne s’est jamais relevé de cette guerre. A la création du camp militaire de Suippes en 1950, la commune fut officiellement rattachée à la commune voisine qui prit le nom de Souain-Perthes-lès-Hurlus en mémoire des villages disparus.

Elie-Clément GIRARD n'a été officiellement déclaré mort qu'en mai 1921, il figure sur le monument aux morts et sur le livre d’or de Tornac.

A suivre…


HYMNE DU 9ème DRAGONS

Officiers, cavaliers, quand la guerre prochaine
Eclatera soudain dans la marche des temps,
Lorsque nous briserons, Paix, ta honte et ta chaîne,
Quand la France criera : « Levez-vous combattants ! »

Brandissant nos grandes épées,
A travers la plaine et le mont,
Nous referons les épopées
Du Neuvième et de Beauffremont.

Par Dieu ! Le Neuvième est de taille
A triompher de tout danger.
Autrefois dans mainte bataille
Il a fait peur à l'étranger.

Et les veilles de la mêlée,
La nuit, sous la voûte étoilée,
Des voix clameront dans le vent :
Demain, chargez avec furie,
Pointez, sabrez ! Pour la Patrie,
Les Dragons du Neuvième en avant !