65ème Semaine
Du lundi 25 au dimanche 31 octobre 1915
PLATEAU DE LORETTE ET VALLÉE DE SOUCHEZ
Marcel-Louis Grasset, 414ème régiment d’Infanterie
Mort le 25 octobre 1915 à Houdain (Pas-de-Calais)
Né le 20 février 1893 à Moissac, Marcel-Louis Grasset est incorporé au 414ème régiment d’Infanterie où il est Caporal.
Au début de 1915, le généralissime Joffre a décidé d’une
vaste offensive destinée à crever le front de l’ennemi : c’est la stratégie de
« la percée à tout prix ». Le Général Foch réunit 15 divisions d’infanterie, 3
de cavalerie, 1 000 canons et 125 mortiers de tranchées. La « bataille de
l’Artois » débute le 9 mai 1915 par un bombardement visant à démolir les
positions ennemies. Durant des semaines, la bataille s’éternise en une
multitude de combats acharnés pour s’emparer d’une partie seulement du
périmètre fortifié allemand. La résistance allemande étant trop forte, le
général Foch arrête l’offensive le 24 juin. Du 9 mai au 24 juin, pour conquérir
20 km2, les Français perdent 102 500 hommes (blessés, tués, disparus). A
l’automne 1915, Joffre relance les opérations. Le 12 septembre la 10e armée,
soutenue par la 1re armée anglaise du général Haig, attaque après une
préparation d’artillerie de 5 jours.
Au prix de lourdes pertes chez les Britanniques et chez les
Canadiens (60 000 morts sur la crête de Vimy !), les troupes reprennent Souchez
et le Labyrinthe. Les combattants sont épuisés. La pluie noie tout ; la boue
envahit les tranchées et paralyse les mouvements. L’offensive d’Artois s’arrête
le 12 octobre. Le front ennemi n’est toujours pas percé.
Le 414 RI
C’est dans les premiers jours de mars 1915 (du 3 au 6) que
se rassemblent dans la région de Montluel, les éléments destinés à former un
nouveau régiment. Ces éléments sont composés pour les 3/5 d'hommes de la classe
1915 et pour les 2/5 d'hommes de retour du front, provenant des compagnies
formées dans les dépôts des régiments de différentes régions. Ils sont groupés
d'abord sous les ordres du Colonel Lance puis les premiers jours d'avril ils
forment le 414 R.I. sous les ordres du Lieutenant-Colonel Crétin.
Le Régiment, dés lors constitué, est transporté par voie
ferrée dans la région de Corbie et, pour s'aguerrir, il occupe un secteur calme
(celui de Foucaucourt). Il y stationne 15 jours. Retiré de ce secteur, il est
remis à l'instruction dans la région de Caix-Cayeux, jusqu'au mois de juin. Il
relève dans le secteur de Lihons, un régiment de la 27ème D.I.
En août, le régiment occupe un nouveau secteur, celui de
Cappy, calme mais cependant plus agité que les deux précédents. Là il fait
connaissance pour la première fois avec la guerre de mines et avec les
crapouillots allemands.
Le 20 septembre, le régiment est relevé par les Anglais et
transporté par voie ferrée à Villers-Bretonneux. Il doit participer aux
attaques de Septembre, en Artois. Pendant deux mois, il résiste sur place dans
des conditions épouvantables, sur le terrain bouleversé du plateau de Lorette
et de la vallée de la Souchez, mer de boue gluante où de nombreux cadavres
s'enlisent.
Il n'est pas de jour où le Régiment n'ait à repousser de sérieuses
attaques ennemies. Ce n'est que le 20 Novembre qu'il quitte ce champ de
bataille. Il avait eu l'honneur de recevoir, pour sa belle conduite, les félicitations
du Général d’Urbal qui, en embrassant un poilu, disait : « Je voudrais ainsi embrasser tous les poilus
du beau 414ème R.I. ».
Notre-Dame de Lorette, avant la guerre |
La même, après l'offensive d'Artois |
Henri Barbusse se trouve sur ce théâtre d’opérations. Son « Carnet
de guerre » commence le 14 octobre 1915. Henri Barbusse est en première
ligne depuis neuf mois.
« 14 octobre 1915
:
Parti à 9heures
½ avec Momial pour essayer d’aller jusqu’à Souchez. Brouillard intense. Les
morts, les lettres. Descendu la route de Béthune. Paysage dévasté. Il ne reste
rien du Cabaret Rouge. La tranchée allemande.
Photographie de
cinq Allemands morts pendant l’attaque du 25-28 septembre.
Arrivée à
Souchez. Odeur de charnier. Un cuisinier avec son chapelet de pains et de
bidons. Jamais vu une telle disparition de village. Ruisseau détourné.
15 octobre :
Avec le 5e
Bataillon au talus des Zouaves, pris par l’attaque du 28, atteint par les
zouaves et les Marocains dans l’attaque du 7. Hommes massacrés au pied de la
butte : ravin et talus devenus une vaste nécropole. Les cadavres. Les cadavres
du 28 : une rangée au pied de l’Alvéole des Zouaves ».
Comment le service de santé des armées a-t-il pu faire face
à de tels événements ?
Les chirurgiens mobilisés à l'hôpital civil d'Arras ne
pouvaient opérer et soigner tous les blessés qu'on
amenait sur des brancards, sur des matelas, dans des charrettes tirées par des chevaux. Un chroniqueur a noté que "les derniers venus, alignés dans la cour de l'hôpital, attendaient parfois des places vides à l'intérieur". L'hôpital recevait sporadiquement des obus d'artillerie. Le 7 juin 1915 se termine l'installation de l'ambulance automobile chirurgicale numéro deux (auto-chir 2) dont le médecin-major Rouvillois a pris le commandement à la fin de mai. Dès le 8 juin débute son activité opératoire qui ne cessera pas jusqu'à la fin de la guerre.
amenait sur des brancards, sur des matelas, dans des charrettes tirées par des chevaux. Un chroniqueur a noté que "les derniers venus, alignés dans la cour de l'hôpital, attendaient parfois des places vides à l'intérieur". L'hôpital recevait sporadiquement des obus d'artillerie. Le 7 juin 1915 se termine l'installation de l'ambulance automobile chirurgicale numéro deux (auto-chir 2) dont le médecin-major Rouvillois a pris le commandement à la fin de mai. Dès le 8 juin débute son activité opératoire qui ne cessera pas jusqu'à la fin de la guerre.
Le commandement l'a implantée dans un petit village au
Nord-Ouest d'Arras, Houdain, situé en bordure des puits de mine du bassin houiller
du Pas-de-Calais, dans une petite vallée au pied des collines de l'Artois, à treize
kms en arrière de NotreDame-de-Lorette, à la limite de portée de l'artillerie
adverse pour éviter la peur chez les blessés hospitalisés, mais aussi près que
possible de la ligne de front pour faciliter les évacuations.
C’est dans cette ambulance que meurt de ses blessures le 25 octobre
1915, à l'âge de 23 ans, Marcel-Louis Grasset.
A suivre…
Une ambulance "auto-chir", son fourgon est une salle d'opérations |