69ème semaine
Du lundi 22 au dimanche 28 novembre 1915
DOTIENENTHERIE
HIERLE Urbain
– 7ème RIC
Mort le 16
octobre 1914 à l’hôpital de Montpellier
Urbain-Louis HIERLE
est né le 22 avril 1881 à Quézac (Lozère). Il ne figure pas sur le monument aux
morts d’Anduze, mais sur la stèle de l’église Saint-Etienne, sans doute pace qu’il
habitait à cette époque à Tornac, relevant de la même paroisse. Incorporé à
Mende il est affecté au 7ème Régiment d’Infanterie Coloniale (RIC).
Ce régiment est jeté
dès le début des opérations dans les combats successifs sur les frontières de l’Est :
la Lorraine, l’Alsace… Puis arrive en septembre 1914 la contre-offensive tant
attendue, dans ce qui sera la bataille de la Marne.
Voici l’historique
de ce régiment pour septembre 1914, historique rédigé dans une tonalité quasi
guillerette qui n’est pas ordinaire dans ce genre de document :
« Enfin..., le
6 septembre au soir, l'ordre du général JOFFRE parvient au régiment :
« Au moment où s'engage la bataille dont
dépend le salut du pays, il importe de rappeler à tous que le moment n'est plus
de regarder en arrière. Tous les efforts
doivent être employés à attaquer et à repousser l'ennemi. Une troupe qui ne
peut plus avancer devra, coûte que coûte, garder le terrain conquis et se
laisser tuer sur place plutôt que reculer ».
Les combats de
Domprémy continuent dans la journée du 7. En dépit de ses efforts désespérés,
l'ennemi ne peut violer notre ligne inébranlablement tenue par nos bataillons.
Du 7 au 10, la
situation ne change guère. Il faut résister aux assauts pour permettre l'entrée
en ligne du 2e C. A. (général GÉRARD) à notre droite.
Dans la soirée du 10
septembre, les Allemands déclenchent sur nos lignes un violent barrage. Aucune
action de notre part ne les y avait poussés. Serait-ce la rupture du combat ? se
demande-t- on.
C'était elle, en
effet. L'Allemand lâchait pied.
Malheureusement le
tir ennemi du 10 au soir fut accompagné d'un orage épouvantable qui nous gêna
dans la poursuite et qui permit à l'ennemi de prendre une certaine avance.
La poursuite.
L'aube du 12
septembre trouve le régiment en marche. On court après l'Allemand. Dans les
nombreuses localités que nous traversons nous nous apercevons de quoi est
capable notre ennemi. Les meubles, méthodiquement sortis des habitations, sont
rangés devant celles-ci, prêts à être emportés. Des bibelots, des tableaux sont
précieusement emballés. Tout avait été prévu, sauf le retour de l'ours dont la
peau avait été prématurément vendue.
Les routes sont
jonchées de bouteilles. Il semble que le Teuton ait trouvé une différence entre
notre petit vin et sa lourde bière...
Des lettres traînent
aussi, amusantes au possible et dépeignant bien la mentalité et de ceux qui les
recevaient et de ceux, plutôt de celles qui les leur envoyaient.
Gretchen réclamait
une montre, un pendentif, de la dentelle... oh... de la dentelle... Il y avait
même des lettres de remerciements en échange d'objets reçus.
Ville-sur-Tourbe.
Le 14 septembre au
soir, le régiment cantonne à Malmy, près de la rivière La Tourbe.
Le 15, les opérations
sont continuées. Avant le jour, le 7e avait été placé entre Berzieux et
Montremoy et à 10 heures, il reçoit l'ordre d'attaquer les troupes du nord-est
de Ville-sur-Tourbe.
Le colonel MAZILLIER
engage son régiment par bataillons successifs. Bataillon RUILLIER (3e) en tête,
Bat LESCAZES (2e) suivant près le bataillon SÉVIGNAC (1er).
Le combat dure toute
la journée. L'ennemi résiste, mais le 7e l'emporte. Il se trouve, le soir avoir
dépassé ses objectifs. Il a pris Ville-sur-Tourbe et occupe au nord de cette
localité une ligne sur laquelle le front se stabilisera durant de longs mois.
La guerre de
tranchées.
Piochez...,
creusez... Il faut s'enterrer. Le marsouin renâcle à cette idée, mais non à la
besogne. On lui a dit de creuser son trou, de le relier à celui du voisin de
droite, à celui du voisin de gauche. Il travaille dur, mais son regard dit son
étonnement. Il ne comprend pas bien pourquoi... « Pourquoi s'enfoncer ainsi, on
va repartir, le Boche ne va pas rester là, on ne l'y laissera pas indéfiniment
? ». Le service aux tranchées est organisé. La 3e brigade tient le secteur de
Ville-sur-Tourbe. Le 3e colonial et le 7e se relèvent alternativement. Tous les quatre jours, les
régiments se relèvent et l'on va cantonner à Maffrécourt jusqu'à la relève
suivante. Si l’on a creusé des tranchées, ce long fossé dans lequel on passe
quatre jours, les boyaux, les tranchées qui vont de l'avant à l'arrière, sont
encore inexistantes et les pertes journalières sont fortes. Mais on fait de son
mieux pour les éviter. Les nuits des jours de repos sont consacrées au creusement des boyaux. Chaque soir on se
paie... le trajet de Maffrécourt aux chantiers et retour : une dizaine, une
quinzaine de kilomètres. Chacun fait sa tâche et l'on se repose pendant la
journée.
On commence
d'ailleurs à s'habituer à cette nouvelle vie. Les tranchées, les boyaux, les
petits trous que l'on se fait dans le parapet pour y dormir, sont maintenant
choses familières.
On va chercher la soupe,
la distribution assez loin à l'arrière, on règle sa petite vie de troupier.
Lorsque le voisin d'en face vous laisse tranquille et que l'on n'est pas de
garde, on fait sa manille... Et cela dure... ».
Urbain-Louis HIERLE ne
participe plus à ces derniers combats. Il a été évacué vers l’arrière car il
est atteint de « Dotiénenthérie »,
autrement dit de fièvre typhoïde. C’est une maladie infectieuse, contagieuse et
transmise aussi par l’eau et les aliments, due à une salmonelle, caractérisée
par une fièvre, un état de stupeur et des troubles digestifs.
Préparation du vaccin |
L'épidémie est
apparue au début de la guerre, les soldats français n’étant pas vaccinés, alors
que les Anglais l’étaient. Elle a duré 14 mois environ, a touché 125 000
hommes, en a tué 15 000. Urbain-Louis HIERLE a fait partie de ceux-là, son
hospitalisation à Montpellier n’y a rien changé.
L'hôpital de Montpellier en 1914 |
A
suivre…
Une salle de malades à l'hôpital militaire de Carmaux |