68ème semaine
Du lundi 15 au dimanche 21 novembre 1915
BATAILLE DE
LORRAINE
DELBOS Jean-Pierre
– 240ème RI
Mort le 19
septembre 1914 à l’hôpital de Bar-le-Duc
Nous continuons ici
le rappel des événements du début de la guerre, lorsque des Anduziens qui ne
figurent pas sur le monument aux morts de la commune ont été tués.
Du 15 au 19 août 1914, les armées françaises avaient entamé l'offensive en Lorraine, face aux VIe et VIIe armée allemandes. Le 20 août, devant Morhange, la IIe armée, face à des positions ennemies bien organisées et une artillerie puissante, a subi une lourde défaite en devant battre en retraite vers la Meurthe.
Le 240ème RI, qui compte nombre
d’Anduziens, n’a pas participé aux terribles batailles du 22 août, le jour le
plus meurtrier de la guerre : 27.000 morts… Il est resté en réserve dans
son cantonnement à Origny (Meuse). A partir du 23 il fait mouvement vers le
front.
Le 24 août il se trouve à Braquis et
reçoit un ordre verbal du général commandant la 75ème division de se porter
vers les bois voisins et d’attaquer l’ennemi « où on le trouvera ». Le
régiment se met alors sur une seule colonne vers Saint-Maurice et avance sur la
route traversant le bois d’Hermeville. Mais la lisière du bois et le village
lui-même sont battus par de l’artillerie allemande établie sur des hauteurs.
Plusieurs compagnies attaquent quand même, cherchant à prendre la ligne de
chemin de fer Etain-Conflans occupée par l’ennemi. Un feu violent les
accueille, elles sont clouées sur place et ne peuvent progresser « en
raison du manque de soutien d’artillerie, dont on ne s’est jamais aperçu de
l’intervention bien que quelques salves semblent avoir été tirées ». La
nuit arrête le combat, chacun restant sur ses positions.
Le 25 août l’ordre arrive à 2 h 30 de continuer l’attaque au petit jour. A 3 h 30 le Lieutenant Colonel fait lever le bivouac et donne ses ordres de mouvement, celui-ci commence à 4 h 20. JMO : « Un brouillard intense et la difficulté du passage du ruisseau de l’Orne, franchissable en quelques points seulement, fit perdre la direction au bataillon de tête qui obliqua sur Warcq ». Les autres bataillons se maintenant dans la bonne direction franchissent l’Orne et débouchent sur la voie ferrée. Malgré une forte défense des Allemands celle-ci est prise en une demi-heure. Un mouvement tournant s’amorce pour prendre à revers le village de Boinville. Mais dès que les compagnies débordent de la voie ferrée conquise, elles sont prises sous un important feu d’artillerie qui les décime et les force à reculer. Complètement isolé le bataillon de tête reçoit l’ordre de battre en retraite sous la protection de deux sections de mitrailleuses. Ce mouvement se fait attendre et « ce ne fut qu’à 8 h 45, devant un mouvement ennemi débordant, que des hommes de la 9ème compagnie, privée de leurs officiers, s’enfuirent dans la direction du ruisseau de l’Orne entrainant avec eux le reste de la ligne malgré l’énergie des officiers restés debout et dont quelques uns avaient mis révolver au poing pour arrêter les fuyards ». Le Lieutenant Colonel, avec le drapeau du régiment, fait établir des barrages sur la route et rassemble ce qu’il peut des restes de ses bataillons. De nouveau les affrontements se portent sur la voie ferrée est ses talus. Le brouillard s’est levé et les soldats exposés peuvent voir que des troupes de soutien font demi-tour. Le feu est de plus en plus vif et les hommes, qui n’ont plus d’officiers tous tombés, lâchent pied et se replient. Le régiment se rassemble sur ses positions de départ à Braquis. Les pertes de la journée ont été très lourdes : 12 officiers ou sous-officiers tués, soldats environ 180. Plus une centaine de disparus et 630 blessés.
Parmi ces morts et disparus l’on compte quatre
Anduziens : CHARDINOUX Louis-Auguste (30 ans), GERVAIS Alexandre-Louis,
sergent (27 ans), PERSÉGOL Jules-René (27 ans), QUET Laurent-Auguste (29 ans).
L’âge relativement élevé de ces quatre hommes s’explique par le fait que le
240ème était censé n’être au départ qu’un régiment de réserve en appui du 40ème
d’active. Mais cette distinction n’a pas tenu longtemps devant l’exigence de
combler les brèches creusées par les premiers désastres.
Jean-Pierre DELBOS a sans doute été blessé lors des
journées de fin août ou début septembre. Il a été transporté au lycée de
Bar-le-Duc, partiellement transformé en hôpital.
Pendant la guerre,
le lycée national, l’actuel lycée Raymond Poincaré, voit une grande partie de
ses locaux réquisitionnés par l’autorité militaire qui y implante à la fois un
hôpital et la direction des étapes et des services de l’armée. Ce service,
dirigé par un général, est chargé d’organiser le transfert des troupes, des
vivres et des munitions, entre l’ arrière et le front. Son action sera capitale
en 1916, durant la bataille de Verdun. A aucuns moments la vie scolaire n’est
interrompue. L’internat et l’externat continuent au milieu du va et vient des
officiers, des soldats, des infirmières, des médecins et des blessés. Les cours
sont assurés en effectif amoindri : moins de 100 élèves sur 250 en temps
normal. Lors des alertes, les lycéens, leurs professeurs et le personnel se
réfugient dans les caves, puis les cours reprennent.
L’Anduzien Jean-Pierre
DELBOS meurt des suites de ses
blessures (ou de maladie ?) le 15 septembre 1914 dans cet hôpital, à l’âge de 30 ans. Son nom ne
figure pas sur le monument aux morts de la commune (sans doute parce qu’il n’y
habitait plus), mais sur la stèle posée dans l’église Saint-Etienne.
A
suivre…