119ème
semaine
Du
lundi 6 au dimanche 12 novembre 1916
LA
REPRISE DU FORT DE VAUX
Maurice-Eugène-César
Plantier,
soldat au 298ème Régiment d’Infanterie
Disparu
le 9 novembre 1916 au fort de Vaux, Verdun
Maurice-Eugène-César Plantier est
né le 19 avril 1892 à Anduze. En 1912 il est employé de commerce, incorporé en
octobre 1913 au 111 RI. La guerre le trouve déjà sous les drapeaux, il continue
donc sous l’uniforme. En juillet 1916 il est affecté au 298 RI.
Ce régiment porte une lourde histoire,
celle des fusillés de Vingré. Après la débâcle de la fin d’août 1914, le haut
commandement avait décidé qu’il fallait faire des exemples : « Ne pas hésiter à faire usage des conseils de
guerre spéciaux. […] Il importe en effet que la procédure soit expéditive, pour
qu’une répression immédiate donne, par d’exemples salutaires, l’efficacité à
attendre d’une juridiction d’exception » (Note du général de Villaret
datée du 20 octobre 1914).
Le 27 novembre 1914, le 298ème
régiment d’infanterie avait pris position devant le village de Vingré, dans
l’Aisne. Lors d’une attaque, les Allemands enlèvent un poste de 1ère ligne et
font prisonnier la dizaine d’hommes qui l’occupaient. Deux autres escouades,
menacées, refluent vers l’abri du chef de section, le sous-lieutenant Paulaud,
qui a donné l’ordre de repli. Le commandant de compagnie, le lieutenant Paupier,
reproche au sous-lieutenant Paulaud d’avoir abandonné son poste et lui ordonne
de ramener ses hommes en première ligne.
Au cours de l’enquête, ce dernier tait son ordre de repli.
Le général de Villaret, commandant
le corps d’armée, décide de faire un exemple : il avait d’abord parlé de
fusiller les deux escouades qui avaient exécuté le repli, mais à la suite
d’interventions de divers officiers, la décimation est réduite à six hommes et des
ordres sont donnés en conséquence à la Cour Martiale. La Cour les désigne au
hasard : le caporal Floch, les soldats Gay, Pettelet, Quinaud, Blanchard et
Durantet. L’exécution a lieu le 4 décembre, les troupes défilent devant les
cadavres. En février 1921 un arrêt de la Cour de cassation réhabilite leur
mémoire, et un monument du souvenir est bâti en 1925.
Deux ans plus tard, en 1916, le
298 RI est affecté dans la région de Verdun. Le fort de Douaumont vient d’être
repris le 24 octobre, aussi le commandement décide-t-il de parachever cette
victoire très hautement symbolique par la reprise du fort de Vaux, l’occupation
de ces deux forts par les Allemands ayant été vécue par la France entière comme
une véritable humiliation lors des attaques allemandes sur Verdun.
Vue aérienne du fort de Vaux en octobre 1916 |
Historique de 298 RI :
« En présence des résultats
de l’offensive du 24 octobre, le commandement décide l’attaque du fort de Vaux
et le 298e a l’honneur d’être désigné pour cette opération. Les quelques jours
nécessaires au réglage de nombreuses pièces d’artillerie qui devaient préparer
le terrain, furent employés par les unités du régiment à étudier et répéter le rôle
qu’elles devaient jouer dans l’action.
Pour la 21e compagnie chargée du
nettoyage du fort, une visite au fort de Dugny, dont la construction rappelle
celle du fort de Vaux permit à tous les gradés de se rendre compte de la
conformation intérieure du fort et des parties les plus facilement abordables.
De nombreux plans et photographies
aériennes étudiées avec soin, des comptes rendus d’interrogatoires de
prisonniers donnèrent une idée assez exactes du fort et de son état actuel.
Le régiment était prêt pour
l’attaque méthodique lorsque le 2 novembre, vers 17 heures, le Colonel
commandant l’I.D./63 prévenait le Lieutenant-Colonel Hauw qu’un radiotélégramme
allemand avait été surpris, que le fort devait être évacué et qu’en conséquence
la 21e compagnie devait, le soir même, y pousser une reconnaissance, s’y
établir et s’y maintenir.
Le lieutenant Diot commandant la compagnie,
fractionne son unité en quatre groupes commandés par les Sous-Lieutenants
Labarbe, Malfreyt, Chaumette et l’Adjudant Billard. A une heure, la compagnie
est en position dans la première parallèle à environ 300 mètres du fort.
A une heure et quart elle se met
en marche dans la formation réglée par le Lieutenant Diot. Quelques instants
après les premiers comptes rendus parviennent au Lieutenant : « Nous sommes à
60 mètres du fort, rien à signaler ; nous continuons. » Une fraction fait
connaître qu’elle est à hauteur du fort. Les assaillants ont alors l’impression
très nette que le fort est à eux. Ils en occupent rapidement les défenses extérieures
et pratiquent des ouvertures pour entrer.
A 2 heures 45, le fort est
entièrement occupé par la 21e compagnie ».
Les premiers conquérants du fort de Vaux |
Dès le lendemain matin deux lignes
de tranchées sont creusées au nord du fort, mais elles ne peuvent pas être
profondes, entre 40 et 80 cm seulement, offrant un mauvais abri aux soldats qui
les occupent.
Une tranchée du fort de Vaux |
Bien entendu les Allemands bombardent aussitôt ces lignes, et
font chaque jour de nombreux morts ou blessés :
- 3 novembre : 5 tués, 17
blessés, 2 disparus
- 4 novembre : 9 tués, 34
blessés, 1 disparu
- 5 novembre : 18 tués, 36
blessés, 1 disparu
- 6 novembre : 8 tués, 19
blessés,
- 7 novembre : 12 tués, 26
blessés, 1 disparu
- 8 novembre : 7 tués, 5
blessés,
- 9 novembre : 5 tués, 12
blessés, 2 disparus
Maurice Plantier fait partie des
disparus de ce 9 novembre 1916. Sa mort ne sera officiellement enregistrée que
le 26 novembre 1921. Son nom figure sur le monument aux morts de la commune.
A suivre…