MÉMOIRE FAMILIALE

50ème semaine

Du lundi 12 au dimanche 18 juillet 1915

Léonce-Philémon Géminard, 112 RI,
Mort le 29 juin 1915, au bois de la Gruerie

Depuis le début de la parution de ce blog, en août 2014, plusieurs familles nous ont communiqué des éléments de leurs archives personnelles au sujet de l’un ou l’autre de leurs aïeuls, acteurs de la guerre de 1914-1918, revenus ou non des combats. Alors c’est avec respect, et compassion, que nous diffusons  ces photos et documents transmis par les petits enfants de son épouse Isaline Mazauric,  ceux de ses sœurs Esther et Henriette Géminard.

Les parents de Léonce Géminard
Léonce-Philémon Géminard est né le 26 avril 1884, au Mas Supérieur à Saint-André de Valborgne, où sa famille réside depuis bien des générations (1712, recherches généalogiques faites par la famille). Il a fait ses deux ans de service militaire en 1904 et 1905, il s’est marié à Rousses en 1909 avec Isaline Mazauric.

Puis la guerre est venue, il a alors été incorporé au 112ème régiment d’infanterie.

Le 112 RI, formé à Toulon a été mêlé à tous les grands combats de cette première année de guerre : Août 14 en Lorraine à Diarville, bataille des frontières (Moncourt, Dieuze, Bidestroff) et retraite (Gelucourt, Combat de Petite-Maixe, Neuviller-sur-Moselle), puis bataille de la trouée de Charmes (combat de Lamath, Xermaménil), bataille de la Marne (combat de Vassincourt, Mort-Homme, Forges-sur-Meuse, Béthincourt), Verdun (secteur d'Avocourt).

Léonce-Philémon Géminard (à gauche)
En juin 1915 il se trouve en Argonne, au bois de la Gruerie, l’un des pires secteurs de ce moment-là, surnommé par les soldats « le bois de la tuerie ». Un Anduzien du même régiment, Numa Boudouric, vient d’y mourir le 20 juin (voir semaine 48 de ce blog pour le récit de ces combats).

Comme tous les soldats de ce régiment Léonce Géminard  subit d’affreux bombardements. Dès le 16 juin, l’activité de l’artillerie augmente dans presque tous les secteurs ; les tranchées sont bouleversées, plusieurs mines explosent chaque jour. Les Allemands lancent dans les lignes françaises un billet ainsi conçu : « Vous avez beau faire venir le 15ème Corps, nous résisterons jusqu’au bout. Méfiez-vous ». Un autre message est lancé par-dessus les parapets, il précise la menace : « Artilleurs français, vous vous rappellerez le 20 juin ! ».

Le 20 juin 1915, les Allemands lancent une offensive générale. Dès 2h30 du matin se déclenche une préparation d’artillerie très violente de projectiles de tous calibres et de minenwerfer, accompagnés d’obus asphyxiants en grand nombre, évalué à 80.000. Les postes avancés, complètement écrasés, cèdent. Dans cette dure journée du 20 juin, les pertes sont très lourdes : 271 tués, 1450 blessés, 495 disparus. Au total : 2216 officiers et hommes.


Blessé lors de ces combats, Léonce Géminard est transporté à l’hôpital militaire le plus proche, installé au château de Braux-Sainte-Cohière. Il y meurt le 29 juin, à l’âge de 31 ans. Il est d’abord inhumé sur place. En 1922 son épouse Isaline s’est rendue sur les lieux de sa sépulture en compagnie d’Elisée Villaret du Fontanieu, qui lui-même avait perdu ses deux fils au front, et a fait rapatrier son corps dans les Cévennes. Selon la tradition familiale c’est grâce à un pull vert qu’elle lui avait tricoté qu’elle a pu reconnaître sa dépouille. Léonce-Philémon Géminard repose désormais au cimetière familial du Mas Supérieur à Saint-André de Valborgne.

A suivre...




Ci-dessous un poème écrit par Arthur Coste, neveu de Léonce Géminard, en hommage à son oncle.
Lui-même périra au combat en avril 1918.