LE TOURNIQUET

99ème semaine

Du lundi 19 au dimanche 25 juin 1916

ATTAQUER SANS CESSE

Arthur-Samuel Guy, 240ème régiment d’Infanterie,
mort le 27 juin 1916 à Bras (Meuse)


Né à Générargues le 16 mars 1880, Arthur-Samuel Guy demeure à Anduze où il exerce la profession de coiffeur. En 1901 il part faire ses classes au 3ème régiment d’Infanterie basé à Hyères, il gagne successivement ses galons de 1ère classe puis de caporal en 1902. Il est libéré en 1904. Bien entendu il est de nouveau incorporé le 4 août 1914, cette fois-ci au 240ème régiment d’Infanterie basé à Nîmes. Nous avons déjà rencontré plusieurs fois ce régiment, car plusieurs Anduziens ont eu le malheur d’y être tués.

En juin 1916, c’est au tour de ce régiment de participer à la défense de Verdun, en vertu du « tourniquet » instauré par le général Pétain, système de rotation devant impliquer tous les régiments d’infanterie dans cet enfer. Bien qu’ils aient échoué dans leur tentative de rompre le front des Français en les écrasant sous les bombardements les plus intenses jamais encore vus, les Allemands tentent encore de percer, ou du moins de s’accrocher sur des positions dominantes.

Dans sa sécheresse, l’historique du 240ème Régiment d'Infanterie rend compte des événements de la fin juin 1916 :
« Le 24, embarquement en camion, débarquement à Nixéville. A la nuit le régiment se dirige sur Verdun (Citadelle). Le 25, ordre d'aller occuper l'ouvrage de Calais (Ravin du pied Gravier).  L'activité de l'artillerie allemande est intense et la descente des pentes Nord des côtes St-Michel se fait très lentement. A la nuit, deux compagnies vont prendre position à hauteur de l'ouvrage X (ligne intermédiaire entre Thiaumont et Froideterre). Les six autres compagnies sont d'abord à la disposition de la 258ème brigade puis de la 261ème.
Le 26, les deux compagnies détachées s'installent aux environs de l'ouvrage X où elles sont soumises à un bombardement très violent qui vient de trois côtés : la côte de Talou les prend à revers. Grosses pertes ; plus de médecins, plus d'infirmiers ni de brancardiers ; plus de paquets de pansement. Le ravitaillement, quoique restreint, devient très pénible et les communications avec l'arrière très difficiles.


Le 27 Juin, le reste du régiment reçoit l'ordre d'attaquer Fleury en utilisant les pentes du ravin des vignes et en se dirigeant sur la zone défilée à l'Ouest de l'église de Fleury. Après une violente préparation de notre artillerie, qui a duré toute la nuit, l'attaque se déclenche à 4 h. 30. Elle est menée d'abord par le 41ème et 241ème que renforcent bientôt deux compagnies du 240ème. Un tir de barrage très intense ralentit, puis arrête notre progression. La préparation d'artillerie est reprise et le régiment reçoit la mission de couvrir à gauche l'attaque du 241ème sur Fleury et d'attaquer lui-même en direction de Thiaumont. Mais à la suite d'un faux renseignement (prise de Thiaumont par une brigade voisine) la direction de l'attaque est reportée sur la droite. Malgré des barrages de gros calibres, la marche en avant commence avec ordre mais doit bientôt s'arrêter, après avoir gagné environ 50 mètres. Le régiment est pris sous le feu des mitrailleuses. De nombreux officiers et gradés sont hors de combat. Les pertes sont lourdes. A 16 h, ordre est donné de conserver le terrain conquis et de l'organiser.


La journée du 28 est plus calme, quoique, vers 22 h, notre artillerie, trompée par les signaux faits par l'ennemi, déclenche un tir de barrage sur nos lignes. Elles restent sur place jusqu'à la nuit du 30 juin qu'elles vont passer dans le ravin des Carrières.

Le 30, grande activité des deux artilleries. Le 240ème organise ses positions. Dans la nuit du 30 au 1er, il est relevé et va bivouaquer au camp C. (1.500 m. à l'Ouest du moulin brûlé).

Le 1er juillet, il reçoit l'ordre de coopérer à une nouvelle attaque sur Thiaumont où une compagnie réussit à arriver avec quelques hommes seulement, le reste de son effectif étant hors de combat.

Durant cette période (25 juin au 2 juillet) le régiment a eu près de 500 tués ou blessés ».

Pour préciser cet historique, on trouvera ci-dessous le texte manuscrit du JMO (Journal des Marches et Opérations) de ce régiment pour la journée du 27 juin, celle où périt le caporal Arthur-Samuel Guy, âgé de 36 ans, dont le nom figure sur le monument aux morts d’Anduze. D'abord enterré sur le lieu des combats, au bois des Graviers, il est inhumé en 1919 au cimetière militaire de Bras (Meuse). Sa veuve en est informée par le maire d'Anduze.

A suivre…

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