PARIAS



104ème semaine

Du lundi 24 au dimanche 30 juillet 1916
 

LA MENTALITÉ SPÉCIALE DU COMBATTANT



Auguste Dubois, 417ème Régiment d’Infanterie,
disparu le 20 juillet 1916 à Estrées (Somme)


Auguste Dubois est né à Allenc, canton de Bleymard (Lozère) le 25 mai 1887. Ses parents sont domiciliés à Anduze, où il exerce la profession de mineur. Incorporé dans un régiment d’artillerie en 1908, il y fait deux ans de service. Rappelé début août 1914 il est affecté au 40ème régiment d’infanterie, comme beaucoup d’Anduziens. En mars 1915 il passe au 417ème régiment d’infanterie. En juillet 1916 ce régiment fait partie de ceux qui mènent l’offensive de la Somme.

Le 20 juillet c’est la poursuite de cette offensive qui, malgré ses succès initiaux, marque le pas et ne remporte pas la victoire par percée tant espérée par les commandements français et anglais.

Historique du 417 RI :
« Le combat du 20 juillet - Il s'agit d'attaquer les positions allemandes de Deniécourt-Berny-en-Santerre. La 92e Brigade est encadrée à  l'ouest par la 53e Division d'Infanterie ; à  l'est par la 310e Brigade. Le 417e atteint le premier objectif qui lui a été fixé ; mais le 404e, à sa gauche, n'a pu atteindre la tranchée du Chancelier; ainsi découvert sur son flanc, le 417e ne peut maintenir sa droite ».

Voici comment s'exprime le lieutenant-colonel Barthélemy dans son rapport sur les faits de guerre accomplis par le 417e : « Ce jour-là, les 1er et 2e Bataillons attaquèrent; ils bondirent hors de leurs parallèles, traversèrent en trombe la grande route d'Estrées où sifflaient des milliers de balles et où tombèrent tant de braves : le lieutenant Saintoyan, frappé en plein cœur ; le lieutenant Laffite, le capitaine Marrot et bien d'autres encore. Déjà  les patrouilles du 2e Bataillon avaient atteint les vergers de Berny-en-Santerre, et la 1ère Compagnie luttait dans la première tranchée allemande ; mais des mitrailleuses ennemies fauchaient les assaillants, la 1ère Compagnie se battait furieusement à  la grenade, épuisant ses munitions et celles de l'adversaire qu'elle avait prises dans la tranchée enlevée d'assaut. Elle mourut plutôt que de lâcher un pouce de terrain conquis.
Dans le boyau Friedland, le peloton des sapeurs pionniers couvrait le flanc des Bataillons engagés et pourchassait les grenadiers ennemis ; enfin, le 3e Bataillon parti en renfort appuyait l'attaque. « Les contre-attaques ennemies, puissantes et répétées, se heurtèrent à  la résistance exaspérée du Régiment tout entier : nulle part elles ne purent mordre dans nos positions avancées ». Six officiers : le capitaine Marrot, le capitaine Honzelle venu depuis peu du 404e Régiment d'Infanterie, le lieutenant Eteve, le lieutenant Laffite, le sous-lieutenant Avent, le sous-lieutenant Saintoyant ; 11 sous-officiers, 69 caporaux ou soldats paient de leur vie les résultats précaires de cette malheureuse opération ».

Un témoin, le soldat Jacques Meyer, raconte les événements tels qu’il les a vécus lors de cette grande bataille :
 « 28 juin 1916 - Débarquement du régiment à Boves. Les longs quais de débarquement, dont le sable fraîchement remué s'étend à perte de vue, se continuent directement par la route, la Route, la même à peu près en Artois, en Champagne, à Verdun, cette voie rendue sacrée par les pas de tous ceux qui ne la purent parcourir que dans un sens ...
C'est avec elle que commence le martyre du fantassin, le paria de la route. Bombant le dos sous l'échafaudage du sac, les épaules meurtries par les courroies, il marche en soulevant tantôt des nuages de poussière et tantôt des jets de boue liquide.
Les convois le forcent à se ranger contre le talus, les roues des caissons l'éclaboussent, les chevaux le frôlent ou le froissent, les lourds camions cahotants l'étourdissent du bruit de leurs moteurs, et les anciens autobus parisiens, transformés en boucheries ambulantes, l'empoisonnent d'un relent d'essence, qui est à la fois une réminiscence et une dérision. Et lorsque les minutes de la pause, si longues à venir et si courtes à passer, sont enfin arrivées, il s'affale, essoufflé, n'ayant plus la force de déboucler son sac, sur le bas-côté dont l'herbe s'est transformée en une extraordinaire dentelle noire, presque du chantilly...

Des deux côtés, à perte de vue, les champs sont devenus de petites taches bleu horizon; les boqueteaux d'arbres dépouillés sont les bivouacs de chevaux étiques, chevaux des trains de combat et des trains régimentaires, parias parmi les bêtes comme il est, lui, paria parmi les hommes.
Les ornières dans la boue tracent le chemin des voitures qui, parfois, y restent ancrées, et partout, sur les chemins et les traverses, des bambous dressent leurs grêles silhouettes, soutenant les fils téléphoniques, véritables nerfs de ce paysage si désastreusement moderne. Sur les voies étroites, des Decauville circulent sans trêve, les wagonnets porteurs de mort où s'empilent, sinistres jouets, les 380 aux ogives vernissées.
Une odeur de bois neuf, un parfum de menuiserie: ce sont les baraquements des immenses hôpitaux d'évacuation qui, à Marcelcave, à Wrancourt, à Guillaucourt, semblent réclamer leurs hôtes... Et, de toutes parts, dans ces pauvres villages tout en longueur, où l'on vend le pinard seulement quatre fois son prix, les régiments, comme attirés sur les routes par les branches d'un aimant tout puissant, convergent vers an but aussi réel qu'invisible; au bivouac, dans les cantonnements, certains nous ont devancés et paraissent nous attendre pour l'ouverture de ce bal qui peut finir en danse macabre.
A leurs numéros illustrés par les exploits d'Artois, de Champagne ou d'Argonne, nous les reconnaissons : ce sont les troupes d'attaque, la division marocaine, le Corps colonial, des chtimis de la 51e division, c'est la grande famille, bien souvent dispersée, mais qui toujours se réunit à la veille d'une solennité. Et les quolibets, les appels s'entrecroisent, empreints de la cordialité de vieux amis qui se retrouvent : « C'est donc toujours les mêmes qui se font tuer? Et les mêmes qui se les roulent, tu peux le dire »...


A Harbonnières, où, arrivés dans la matinée du 29, nous retrouvons les tout proches, les plus chers, nos vrais frères de misère, les camarades de la brigade, c'est un grouillement fastidieux de bleu horizon avec, pourtant, la note plus terne des spahis marocains en kaki, chargés de la police des routes; aux carrefours, de vieux territoriaux malgré leur bâton blanc qui doit régler l'allure des convois, ne rappellent qu'imparfaitement les gardiens de la paix parisiens.
Les habitants ont presque tous été évacués, mais la boutique du seul magasin encore ouvert, épicerie-mercerie-papeterie, est le dernier salon où l'on cause, où l'on cause avec la jeune fille de la maison, - et l'on a même dû causer pas mal, car il semble, à la bien regarder, que la jeune fille en question ne le soit plus pour bien longtemps.
 L'attaque a été déclenchée le 1 juillet au matin, mais nous sommes encore en réserve à Harbonnières, où affluent déjà les prisonniers et les blessés. Nous étions avec le 319ème régiment d’infanterie

Le 2 juillet - Je viens d'avoir une vision d'une grandeur inoubliable. Je suis entré dans l'église et voici ce que j'ai vu : dans la nef, les bas-côtés, le transept, au lieu des chaises de paille, des brancards alignés côte à côte, dont les autos, se succédant devant le portail, renouvellent, sans cesse, les occupants.
Autour d'eux s'affairent des médecins en blouse blanche. Près des stalles du chœur, des Boches, aux uniformes verdis, attendent leur tour d'être pansés. Dans le clair-obscur de l'église, qui mériterait son Rembrandt, le blanc des pansements, le rouge du sang, le bleu des capotes se fondent par d'insensibles transitions en une inimitable harmonie tricolore, et des figures pâles ou terreuses, encadrées de barbe drue, ressortait sur ce fond de lumière sombre comme des christs blafards de l'École espagnole.
Devant celles que crispe la douleur physique, je n'ai pas le courage, moi, combattant de demain, de m'arrêter. J'ose à peine, par une pudeur que tous ceux de « là-bas » comprendront, interroger ceux qui paraissent le moins touchés ; quelques-uns me demandent de faire partir une carte où, d'une main qu'ils ont essayé de rendre ferme, ils ont tracé les invariables mots qui rassurent. « Je suis blessé, mais très légèrement... tout va bien, le moral est bon... »
C'est le temple du sacrifice d'un Dieu devenu celui du sacrifice des hommes.
Et, cependant, devant l'autel, dans le poudroiement des rayons d'or qui traversent les vitraux, des soldats, les miens, les frères de ceux qui, à leurs pieds, sur ces brancards, souffrent et meurent, érigent leurs silhouettes rudes de paysans en extase, ramenés par l'approche de la tourmente à la naïveté de la foi de leurs aïeux du Moyen Age, de ces aïeux simples comme eux et comme eux casqués, et qui, comme eux, crurent et prièrent pour triompher de la souffrance et de la mort.

Le régiment relève, le 3 juillet, le 265e régiment d'infanterie qui s'est emparé de Fay. Dans l'après-midi, notre 5° bataillon, après une intense préparation d'artillerie, entre dans Estrées-Deniécourt. Mais un violent retour offensif, favorisé par la mort d'un grand nombre d'officiers, permet aux Allemands de reprendre pied dans le village, où nos éléments, un moment désorientés, s'accrochent désespérément. D'ailleurs, ils restent isolés de nous, car mon bataillon, le 6e, au moment du reflux, en a subi le contre-coup ; et un peu de désarroi s'en est suivi, qui nous a fait croire, la nuit tombant et l'artillerie allemande se faisant brusquement entendre, à une attaque. Maintenant, l'alerte passée, le bataillon se reconstitue dans les tranchées allemandes du bois Foster.

Il n'y a guère plus de deux jours que nous avons quitté Harbonnières, et nous avons déjà tellement fait nôtre la mentalité spéciale du combattant, qu'il nous faut presque un effort d'esprit pour comprendre toute la lamentable signification de l'absence de tant d'êtres qui nous furent chers et qui, hier encore, pleins de vie et de flamme, parlaient de la mort avec un sourire sur les lèvres... Maintenant, à la lueur blafarde des chandelles, dont nous ne savons même pas toujours si elles sont boches ou françaises, S... et le sergent C... essayent de retrouver leurs corps dans les débris de fils de fer, qui, lamentables et tordus, s'enchevêtrent devant nous... Je les aimais tous, et je n'avais pas de chagrin; non, en y réfléchissant, je n'avais pas de chagrin, rien qu'une immense envie de dormir, de m'anéantir dans le sommeil; et j'ai dormi peut-être deux heures en quinze petits morceaux, adossé au parapet, presque debout, glissant de temps en temps et me remontant sans avoir conscience, les pieds glacés dans la toile de tente où je les avais enveloppés, ou meurtris, sans que je proteste, par les hommes qui passent, réveillé par un agent de liaison m'apportant un renseignement, et, presque aussitôt, retombé dans le néant.

Et le petit jour est venu, grisâtre et mouillé, avec une sensation de froid mortel et humide pénétrant dans les os; et la première chose que j'ai remarquée, c'est qu'un boche qui, la veille au soir, agonisait tout près de moi dans une niche, n'y était plus, balancé sans doute au-dessus du parapet par un poilu que le voisinage avait dû gêner. Les lueurs ternes de l'aube révèlent des visages aux traits déjà plus creusés, au teint de plomb; mais c'est l'aube, c'est le jour avec tout ce qu'il apporte de soulagement et de délivrance à ceux qu'oppriment les ténèbres, où tout bruit, tout frémissement des choses sont une angoisse nouvelle.


Et, pourtant, nous ne sommes pas sans nous douter que cette journée sera grave, car la liaison est rompue entre notre tranchée et les éléments encore accrochés dans Estrées, et il n'est personne qui ne sente qu'il faut, à tout prix, les délivrer. D'ailleurs, notre bombardement, qui avait cessé depuis hier à 3 heures, se déchaîne à nouveau sur les lisières du village et fait penser à l'écrasement d'une gigantesque boîte de pastels. Les éclatements des « gros » 155 et 220 soulèvent des tourbillons noirs, gris de cendre, bruns rougeâtres, roses surtout à cause des briques dont les maisons sont faites ; la tour d'un moulin, à quelques centaines de mètres en avant du village, se trouve environnée d'un nuage rosé. Au-dessus des ruines, les boules verdâtres ou jaune soufre des fusants pénètrent le ciel de leurs flocons... Un chemin creux bordé de saules, en angle droit avec le boyau où nous nous tenons, s'enfonce vers Estrées ; et, tandis que les gerbes des 75 l'encadrent rageusement et que les lames de rasoir de leurs éclats reviennent jusque sur nous, notre officier grenadier en profite pour essayer de gagner du terrain et d'avancer le barrage de sacs à terre, qui seul nous sépare des boches, et derrière lequel quelques-uns, tout à l'heure, se sont montrés pour offrir ironiquement à notre sentinelle de se rendre.

Cependant que mes hommes, se faisant ses pourvoyeurs, remplissent les sacs et se passent de main en main les Tranchée aux abords d'Estrées, musettes remplies de grenades, l'ordre m'est transmis de faire creuser dans la paroi du boyau les marches qui serviront de gradins de franchissement. Du temps se passe encore. Que cela est long! Qu'on parte enfin, puisqu'il faudra partir. D'ailleurs, on sent l'affolement chez les boches à 400 mètres de nous, leurs fusées rouges ou vertes montent en tournoyant, plus pâles dans la lumière du jour; mais ces appels désespérés restent sans réponse ; et seule, à ras de terre, au pied du moulin ruiné, une vapeur qui se condense lentement, tandis que des coups de feu éclatent à intervalles irréguliers, révèle la présence d'une mitrailleuse...

Et nous sommes partis; mais on n'a pas utilisé les marches creusées tout à l'heure : on a commencé par progresser dans le boyau, lentement, avec mille précautions. Les hommes de tête ont éventré le barrage derrière lequel deux ou trois boches étendus en travers ne songeaient plus à faire de l'ironie. Puis on s'est frayé le chemin 'a coups de grenades, qui éclataient brutalement dans l'air sonore ou sourdement dans les abris où on les laissait tomber. Du boyau que nous avons quitté, C..., avec sa section de mitrailleuses, protège notre avance par un rideau de balles dont quelques-unes écrêtent le parapet et font plonger des têtes. A une bifurcation, S... part avec les grenadiers ; il m'en laisse une équipe pour me couvrir dans le boyau de droite. Mon voltigeur ne paraît pas très fixé sur son rôle, et j'ai l'impression qu'on n'avance pas. Les autres, à gauche, à droite, où en sont-ils ? Et le moulin, notre objectif, est-il seulement un peu plus proche qu'au départ ? Pas moyen de se rendre compte avec tous les détours du boyau. A tout prix il faut savoir; le parapet est très haut, je me fais hisser jusqu'à ras du sol : le moulin, le fameux moulin dresse en face de moi, tout près, sa ruine rose et croulante; et, d'une tranchée bouleversée qui serpente à sa base, monte un peu de fumée, celle des mitrailleuses de tout à l'heure. Il n'y a plus à réfléchir : tout le monde dehors et allons-y! ... Je n'ai pas même le temps de me demander pourquoi ils ne nous tirent pas dessus; ma section part en courant, baïonnette haute, et, au même instant, des bras se lèvent au-dessus de la tranchée, puis des têtes rondes au calot à bordure rouge. Nous sautons dedans et, déjà, de peur de la grenade incendiaire, les « kamerads » se pressent en grappes à l'entrée des abris et se bousculeraient presque pour se rendre.

Les rôles ayant été distribués à l'avance, il n'y a pas la moindre pagaïe, et, les prisonniers expédiés à l'arrière, la section se reforme comme à la manœuvre.
Derrière nous, strictement parallèles, les tirailleurs de la 24e compagnie. Entre les deux lignes, un isolé : je reconnais F..., une des deux mauvaises têtes de ma section qui, revenant de la soupe quelques minutes après le départ de l'attaque, n'a pas cru que le repas devait être escamoté pour si peu, et forme à lui seul, avec ses deux bouteillons pour toute arme, une vague d'assaut à la fois comique et touchante.
Maintenant, tout le village s'offre à nous d'un seul coup d’œil : c'est un Pompéi, où les briques, les ardoises, les tuiles et les fragments de poutres remplacent la lave et les scories. Le sol, jonché de débris, est surélevé à hauteur des fenêtres ; des toits effondrés se continuent directement dans la rue.

A la lisière où nous sommes parvenus, et d'où les camarades du 5e bataillon, éparpillés dans les trous d'obus, nous appellent avec des cris de délivrance et de joie, nous sommes en plein dans les jardins ; et à côté des carrés de choux, le sentimentalisme des boches a respecté les fleurs de nos jardins de curé, dont quelques-unes, malgré le déluge de fer qui s'est abattu là, restent debout, juste à point pour orner les canons des fusils. Il y a même quelques fraises et leur goût, malgré la terre qui les couvre d'écailles, est délicieusement bucolique et frais par cette journée chaude de combat en plein juillet. L'avion d'accompagnement, à qui ses deux flammes vertes distinctives font un sillage couleur d'espérance, bourdonne victorieusement sur nos têtes, dans le silence impressionnant du village qui semble désert.

A l'horizon, des silhouettes verdâtres fuient entre les peupliers de la grande route. Et, tandis que les sections vont s'établir en avant des maisons, en bordure du Decauville dont la ligne bleue sur le plan directeur était hier encore un paradis presque inaccessible, S... entreprend le nettoyage du village. Il est en manches de chemise, son revolver dans sa poche ; son fidèle ordonnance le suit, portant sur l'épaule, tel un inoffensif sac de patates, un sac de grenades chargées. Nouveau discobole, le geste large du grenadier arrondit sans trêve son bras court et musclé ; il lance ses grenades sur les toits, dans les portes, par les fenêtres des maisons encore debout, tandis que l'ordonnance, sans même s'arrêter ou se retourner, les tire de son sac et les sème par les soupiraux des caves, d'un geste machinal et indifférent, qui, dans les circonstances, touche simplement au sublime... ».

C’est le 20 juillet que disparait dans ces combats d’Estrées le soldat Auguste Dubois. Son acte de décès attendra le 8 janvier 1917 pour être enregistré à Anduze, dont le monument aux morts porte son nom.

A suivre…