HOPITAL MIXTE

Semaine 175

Du lundi 2 au dimanche 8 décembre 1917

Ce blog se poursuit sur un double plan temporel :
- avec une correspondance exacte de cent ans pour les Anduziens
- avec une chronologie reprise depuis le début 1914 pour les Tornagais

BRONCHO-PULMONAIRE

Albert Gourdin
Canonnier au 19ème Régiment d’Artillerie
Mort le 7 novembre 1914 à Angers


Albert Gourdin est né le 24 juillet 1881 à Tornac, d’Alfred-Eugène et d’Alix née Durand. En 1901 il est cultivateur. Incorporé en 1902 au 19ème Régiment d’Artillerie il y fait ses trois ans de service, puis deux périodes d’exercice en 1909 et 1911. En août 1914 il est rappelé dans son régiment en tant que canonnier de 2ème classe.

Historique de ce régiment :
« Les trois groupes du 19e R.A.C. se constituent sur le pied de guerre dans des villages des environs de Nîmes. Les transports stratégiques commencent le 5 et se terminent le 7 Août. L'A.D. 30 se concentre dans la région de l'Est, autour d'Haroué (Meurthe-et-Moselle).
Toutes les unités débarquées, l'A.D., sous les ordres du colonel FALQUE, se trouve constituée à l’effectif de :
Officiers                                     53
Troupe                                   1610
Chevaux                                 1576
Pendant toute la campagne le 19e R.A.C. a marché et combattu avec la 30e D.I. dont il a formé l'artillerie de campagne.

Le 1/19 qui a participé la veille au soir avec un bataillon du 40° et un bataillon du 58e à la prise du village de La Garde (Lorraine annexée) a, le 11 août, 2 batteries prises par l'ennemi. Les deux bataillons français attaqués dans la matinée du 11 par des forces d'infanterie, d'artillerie et de cavalerie ennemies bien supérieures en nombre, se font écraser et ne peuvent empêcher la progression de l'infanterie ennemie. Un bataillon du 13ème chasseur bavarois, venant du Nord, se porte à 300 m. sur le flanc des 1e et 3e batteries et crible de balles l'emplacement de ces batteries, cependant que l'artillerie adverse bombarde la position (corne Est du bois du Haut de la Croix). Le personnel des deux batteries se défend avec la dernière énergie, mais la densité du feu ennemi est si forte, qu'aucun des officiers et hommes restés à leur poste n'échappe à ce tir meurtrier ; tous sont tués, à l'exception de 1 officier, le lieutenant Ficonetti, 1 sous-officier, le maréchal des logis Beaumadier et 11 hommes blessés grièvement et incapables de se défendre. Les deux batteries sont alors occupées par l'infanterie allemande, puis chargées sans raison par la cavalerie. Les blessés sont faits prisonniers. Ils seront par la suite internés dans des camps de prisonniers où ils auront à subir de dures privations.

La résistance de nos troupes, infanterie et artillerie, fut le 11 août opiniâtre et poussée jusqu'à l'extrême limite. La journée nous coûta cher, mais les pertes allemandes devaient aussi être très lourdes, car quelques jours après, en pénétrant de nouveau dans le village de La Garde que les Allemands venaient d'évacuer, on ne trouva ni morts ni blessés, mais à l'entrée du village un monceau d'équipements et de harnachements boches de la hauteur d'une maison, que l'ennemi avait rassemblé là sans avoir eu le temps de l'enlever.


Combats de Dieuze et Lunéville. — Ces combats se déroulent partie en Lorraine française et partie en Lorraine annexée, région moyennement accidentée où l'emploi de l'artillerie est facilité par la possibilité d'installer de bons observatoires sur les crêtes et dans les bois mais où le terrain argileux, imperméable et glissant multiplie les marécages et rend en cas de pluie les mouvements de matériel très pénibles. Le 20 août la Division reprend l'attaque à la pointe du jour. L'artillerie reprend ses positions de la veille. Mais au cours de la nuit l'ennemi se ressaisit, il prononce au jour, une puissante contre-attaque précédée d'une violente préparation d'artillerie. Notre infanterie cède sous le nombre soutenue dans sa retraite par notre artillerie. La D. I. reçoit alors l'ordre de se replier sur les hauteurs de Juvelize. L'A.D. 30 qui ne peut utiliser les ponts de Dieuze encombrés et ceux de Mulcey trop peu solides pour l'artillerie, exécute son mouvement par Marsal et se met en position sur le plateau de Juvelize. A la tombée de la nuit, toute l'Armée reçoit l'ordre de battre en retraite. L'artillerie marche toute la nuit et arrive à Serre dans la matinée du 21. L'Armée continue son repli le 21 et le 22 et prend le 23 août une position défensive sur la rive gauche de la Meurthe.

Combat de Lunéville. — Le 24 août, l'ennemi passe la Meurthe à Blainville et commence son attaque par une canonnade à longue portée. L'Artillerie adverse est contrebattue, avec succès par les batteries de l'A.D. Le 25 août, l'Armée passe à l'offensive. La 30e D. I. attaque sur Blainvillè et force l'ennemi à la retraite. L'efficacité du tir des batteries est constatée le lendemain lors de l'avance de la D. I. Le pont de bateau boche qui a servi au passage de la Meurthe est abandonné ainsi que l'équipage tout entier, les bateaux sont troués par les obus à balles. Le matériel d'une batterie boche en batterie à la corne sud du bois d'Einville a été abandonné, les servants abrités derrière les caissons, tués à leur poste de combat, sont figés dans la posture qu'ils avaient pour le service de la pièce. Le 26 août, le mouvement en avant est continué. Un feu violent de toutes les batteries arrête quelques essais de contre-attaques ennemies. La D.I., le 28, poursuit son attaque sur Lunéville de concert avec le XXe C.A. qui pousse sur Frascati. Le premier objectif est la crête Chaufontaine-Hérimenil. Les trois groupes de l'A. D. 30 en position de la route de Blainville à Mont, à la côte 283, préparent l'attaque. Malgré cette violente préparation, l'infanterie ne peut déboucher de Rehainviller où elle est arrêtée par une grêle d'obus de gros calibre.

Le 29 août, la D.l. dont les premiers éléments tiennent la ligne Rehainviller côte 271, reçoit l'ordre de les porter sur la crête Chaufontaine-Herimenil. Le mouvement est préparé par les deux groupes 3/19 (côte 283) et 2/19 (500 m. plus au N.O.), Le groupe 2/38 prend position vers le château Adomenil en vue d'appuyer le mouvement des éléments de la D.l. qui sont sur la rive droite de la Meurthe. Ce groupe remplit sa mission avec succès, mais bientôt en butte au feu concentrique de l'artillerie lourde ennemie, subit de grosses pertes.


Le 8 septembre, le XVe C.A. passe à la IIIe Armée et participe à la bataille de la Marne engagée depuis le 6. Les 7 et 8 septembre, la 29e D.I., s'était heurtée à la résistance opiniâtre de l'ennemi qui avait organisé sur la lisière de Vassaincourt plusieurs lignes de retranchement garnies de tirailleurs et de puissantes batteries de mitrailleuses. A maintes reprises l'élan des fantassins et des chasseurs à pied avait été brisé sur la première ligne de tranchée, battue à courte distance par les mitrailleuses de la deuxième ligne. Le 9 septembre, la position de l'ennemi paraissait inexpugnable. Les tranchées Vassaincourt, très profondes recouvertes de rondins et d'une épaisse couche de terre, mettaient l'ennemi à l'abri des coups de l'obus à balles ; le tir percutant à obus explosif pouvait seul venir à bout de la résistance de l'ennemi, mais ce tir ne pouvait pas être exécuté aux distances normales tant à cause de la proximité de nos propres tranchées qu'à cause de la faible visibilité des retranchements ennemis. Le capitaine Durand, commandant la 8e batterie, s'adressant de sa propre initiative au capitaine d'une compagnie du 6e chasseurs qui lui servait de soutien lui dit : « Si vous me promettez de défendre mes canons, je vais mettre en batterie là-bas, d’où je canonnerai les prussiens à bout portant ». — « Marché conclu, répond le chasseur, tant qu’un chasseur de la Compagnie sera vivant, aucun prussien ne touchera à vos canons ». Et tous les chasseurs de s'écrier : « Nous le jurons, vive les artilleurs ! ». Sitôt dit, sitôt fait. La mise en batterie est délicate. Il faut ruser pour ne pas subir de grosses pertes. Pendant plusieurs heures la batterie canonne méthodiquement de longues lignes de tranchées avec une ténacité inlassable, l'ennemi regarnit les tranchées que le canon vient de balayer. Par deux fois, la batterie recommence son œuvre de destruction, par deux fois, les soutiens viennent remplacer les morts. Tout à coup, un commandement bref retentit et une nuée de tirailleurs ennemis s'élance baïonnette au canon. Nos chasseurs se lèvent à leur tour, prêts à fondre sur l'assaillant.

Ils n'ont pas même le temps de pousser un hourrah... Une rafale de quatre coups par pièce a couché sur le sol la majorité des Allemands, les quelques survivants disparaissent dans les tranchées, d'autres viennent les rejoindre et la lutte recommence dans les mêmes conditions qu'au début, mais avec des pertes considérables infligées à l'ennemi. Celui-ci se défend désespérément ; à trois reprises, il renouvelle son attaque que la batterie brise instantanément. Lorsque, à la fin de la journée, nos chasseurs pénètrent dans les tranchées ennemies, ils n'y trouvent qu'un amoncellement de cadavres. Le lendemain, 10 septembre, les deux Généraux de Brigade et les Chefs de Corps de la 29e D.I. viennent d’eux-mêmes demander au Général commandant la D.I. de provoquer la citation à l'ordre de l'Armée de la 8e batterie le 10 septembre 1914.

Le 13 septembre, marche de flanc. Le XVe C.A. se porte sur Vaubécourt par Condé entre le Ve et le VIe C.A. Le 14 septembre, la division avance de plus de 20 kil. La poursuite se fait en direction de Verdun, rive gauche de la Meuse. Dans cette région boisée et accidentée et après les deux mois de combats presque ininterrompus que vient de subir l'A.D. les mouvements sont très pénibles ; les fatigues de plus en plus grandes sont gaiement supportées par tous car l'ennemi recule. Le 15 septembre, la 30° D.I. se porte en avant pour appuyer l'attaque du Ve C.A. sur Avocourt et Montfaucon. Toute l'A.D. 30 prend position sur la crête de Montzéville (309-3-10). Le 16 septembre, attaque sur Montfaucon. Lutte violente d'artillerie, les allemands emploient tous leurs calibres. L'infanterie est arrêtée sous les positions formidables occupées par l'ennemi et subit de grosses pertes. Le 22 septembre, une violente attaque est dirigée par les Allemands sur le V° C.A. qui perd du terrain.

Le 26 septembre, la 30° D.I. reçoit l'ordre de se porter dans la région de Dombasle-en-Argonne. L'A.D. en entier se porte sur Brocourt où elle cantonne.

Le 7 octobre, le C.A. reçoit l'ordre de progresser, en particulier sur le bois de Cheppy et d'Avocourt. La 9e batterie appuie l'attaque du petit bois d'Avocourt.

Attaque du 29 Octobre. — Le XVe C.A. masquant le bois de Forges à droite et le bois de Montfaucon à gauche, attaque la ligne de hauteurs comprise entre les côtes 285 (1500 m. au N. de Malancourt) et 272 (corne S.O. du bois de Forges). Toute l'artillerie du C. A. prend part à cette attaque. Dans l'après-midi des dispositions sont prises pour porter en avant le 2/19 sur les hauteurs au N. E. de Béthincourt. A la fin de la journée, l'infanterie a progressé légèrement. Le 30 octobre, les groupes reprennent leur première position sur les hauteurs 304. Les batteries conservent la même mission. A partir de cette date, on organise les tours de service sur les positions de batterie de façon à laisser au repos une partie du personnel ».

C’est probablement au cours des derniers jours d’octobre que le canonnier Albert Gourdin est atteint d’une double affection, diphtérie et broncho-pneumonie. Il est évacué vers l’arrière, et se retrouve à l’hôpital mixte d’Angers. La plupart des villes de garnison de province avaient un hôpital mixte, civil et militaire, administré par une commission civile pour les salles civiles. Dès le mois d'août 1914, la plupart des salles civiles furent réquisitionnées par l'autorité militaire. La salle d'opération fut mise aux mains des majors. D'ordinaire, on ne laissa pour la population civile, en vue de cas urgents, qu'une petite salle pour les hommes et qu'une petite salle pour les femmes. Dans ces hôpitaux mixtes, on a laissé à leur tâche les infirmières religieuses ou laïques en leur adjoignant des infirmiers de la section afférente au corps d'armée.

Albert Gourdin décède dans cet hôpital le 7 novembre 1914 (mais sur sa fiche individuelle du ministère de la défense c'est le 7 septembre qui est porté par erreur). Il figure sur le monument aux morts et le livre d’or de Tornac.

A suivre…