POSSESSION DES SOMMETS


186ème semaine

Du lundi 18 au dimanche 24 février 1918

Ce blog se poursuit sur un double plan temporel :
- avec une correspondance exacte de cent ans pour les Anduziens
- avec une chronologie reprise depuis le début 1914 pour les Tornagais

INCERTITUDES 2…

Les incertitudes ne sont pas rares dans les relevés des morts de la guerre de 14-18. On en a un cruel exemple chez les jeunes Tornagais dénommés FAISSE. Sous ce nom de famille, avec presque le même prénom, on trouve deux possibilités :
1 – FAISSE Fernand, né le 15 mai 1881 à Tornac, mort le 7 juin 1915 à Bar-le-Duc. Celui-ci figure sur le livre d’or de Nîmes, mais pas sur celui de Tornac.
2 – FAISSE Fernand-Jules, né le 10 mars 1891 à Tornac, mort le 8 janvier 1915 à l’Hartmannswillerkopf (Alsace). Celui-ci figure sur le livre d’or de Tornac.
Et un seul Fernand FAISSE figure sur le monument aux morts de Tornac. Duquel s’agit-il ? Dans le doute, nous avons suivi ces deux jeunes gens dans leur dernier parcours, en voici le second.

Fernand-Jules FAISSE,
chasseur au 7ème Bataillon de Chasseurs Alpins
Disparu le 8 janvier 1916 à l’Hartmannswillerkopf (Alsace)


Fernand-Jules FAISSE est né à Tornac le 10 mars 1891, de Jules et de Valentine Roussel. Il est cultivateur. Incorporé au 23ème Bataillon de Chasseurs à pied le 9 octobre 1912, passé au 7ème Bataillon le 7 février 1913, il fait partie de ces malheureux qui sont déjà sous les drapeaux depuis deux ou trois ans lors du déclenchement de la guerre le 2 août 1914.


Récit : « Brusquement, le 2 août, l'ordre de mobilisation arrive, les derniers préparatifs sont bientôt faits. Enfin, le 4, la guerre est déclarée, immédiatement la gravité disparaît de tous les visages et la nouvelle est accueillie avec le même enthousiasme par la troupe et par la population. Une dernière fois le 7e Bataillon de Chasseurs Alpins défile à Draguignan pour se rendre à la gare. Il a peine à se frayer un passage au travers de cette foule en délire qui le couvre de fleurs et l'acclame jusqu'au départ du train ».

Le 7ème BCA participe alors à tous les épisodes des premiers mois de guerre : combats en Alsace, course à la mer, la Somme et Ypres.

Historique du bataillon :
« Revenu dans les Vosges en janvier 1915, le 7ème bataillon va entamer avec l'ennemi une lutte sans merci pour la possession des sommets. Cette lutte, qui se poursuivra sans arrêt pendant toute l'année 1915, est jalonnée d'épisodes épiques que toute la France connaît: ils sont légendaires. Le 8 janvier, le bataillon est alerté et reçoit l'ordre, le 23 de délivrer une compagnie du 28eB. C. A. encerclée, puis de prendre le sommet de l'Harmannswillerkopf. A 7 heures, le bataillon se lance à l'assaut avec un entrain magnifique, mais son élan, ralenti par la raideur des pentes, est brisé par de puissants réseaux de fils de fer. Une deuxième attaque est tentée à 10 heures 30 sans plus de succès. L'ennemi a déjà de bonnes tranchées et les tient solidement. Il est impossible de bouger sur cette pente que l'ennemi domine et surveille, le moindre mouvement attire une grêle de balles. Toute la journée, le bataillon reste sur place, cloué au sol par le tir ennemi. La nuit venue, il se maintient cramponné aux pentes de l'Hartmann et y organise une solide position.  Malgré les pertes, malgré la neige, malgré le froid glacial, malgré les privations de toutes sortes, nos chasseurs sont admirables d'activité et de courage. 

Depuis le mois de juillet jusqu'à la fin de l'année 1915, le 7ème BCA occupe fréquemment les tranchées de 1ère ligne en Alsace et participe aux travaux de défense ainsi qu'à diverses opérations offensives, en particulier à Mâttle et à Fachweiler. Le 28 décembre, le bataillon relève le 28e B. C. A. à l'Hirtzstein, secteur ingrat, dont la défense très difficile, est rendue plus pénible encore par la situation climatérique, temps glacial, pluies incessantes. Les tranchées s'éboulent à chaque instant et se transforment rapidement en marécages, malgré le travail opiniâtre de nos chasseurs. Un effroyable bombardement commence le 1er janvier 1916, rendant nos communications extrêmement difficiles et le ravitaillement bien précaire. Pendant huit jours, sans arrêt, l'ennemi déverse sur nos lignes et sur l'arrière une avalanche de fer et d'acier.


Le 8 janvier, à 9 heures, le tir ennemi atteint une violence inouïe, les communications téléphoniques sont rompues et ne pourront plus être rétablies. A 15 heures, une formidable attaque ennemie se déclenche. Le bataillon résiste vigoureusement, mais, menacé d'être complètement encerclé, il est contraint de se replier.

C’est ce jour-là, 8 janvier 1916, que disparait à l’Hartmannswillerkopf le chasseur Fernand-Jules FAISSE. Son décès est rendu officiel par un jugement du 12 mai 1921, confirmé par un avis ministériel le 17 juin 1921.
Il figure sur le Livre d’Or de Tornac, il figure peut-être aussi sur son monument aux morts.

A suivre…