OPINIÂTRETÉ



Du lundi 4 au dimanche 10 novembre 1918

AUCUN MOUVEMENT DE REPLI NE DOIT ETRE ENVISAGÉ

Jules-Gustave FOLCHER
Soldat au 131ème Régiment d’Infanterie
Mort de maladie le 22 juillet 1919
à l’hôpital de Saint-Nicolas-du-Fort (Meurthe-et-Moselle)



Jules-Gustave FOLCHER est né le 7 février 1898 à Florac (Lozère), fils de Louis et de Léonie née Bazalgette. En 1917, il est cultivateur, il habite Anduze.

Il est incorporé le 4 mai 1917 au 122ème RI de Rodez, il y fait sa première année de guerre.


Puis il passe au 131ème RI d’Orléans le 31 mars 1918. Il disparait dans un combat le 15 juillet 1918.

L’historique et le JMO du 131 RI rendent compte de cette journée :
« Le 28 juin, le Régiment est en secteur dans la boucle de la Marne, devant Jaulgonne et sa passerelle, en liaison à gauche avec une unité américaine qui tient la vallée du Surmelin.

Passerelle de Jaulgonne
Il a pour mission de défendre le terrain qui lui est confié. Aucun mouvement de repli ne doit être envisagé. Le secteur est d’ailleurs renforcé par une puissante organisation d’abatis et de réseaux. Mais il y a pénurie de fil de fer.
Dans la nuit du 14 au 15 juillet, l’artillerie ennemie jusqu’alors silencieuse ouvre un feu violent d’abord sur les batteries, puis sur les positions de l’infanterie. Des tirs de minen sont dirigés sur les berges de la Marne. Toutes les pistes, tous les sentiers sont battus, les obus toxiques sont nombreux.

Sous le couvert de la fumée, l’ennemi traverse la Marne sur des embarcations légères ; quatre bateaux font un va-et-vient rapide entre les deux rives à l’aide de cables. Les avant-postes résistent désespérément. La 9e Compagnie, sous les ordres du Lieutenant Lavault un tout jeune Officier d’un entrain endiablé, disperse une batterie qui s’installe à proximité ; des parlementaires sont reçus à coup de feu. Pendant que la 9e Compagnie lutte jusqu’à épuisement complet des munitions, à Reuilly la 6e Compagnie se groupe autour de son Chef, le Capitaine Verse, et se fait massacrer plutôt que d’enfreindre l’ordre reçu. Une lutte se poursuit dans les rues et les maisons. Le Capitaine est tué ; son texte de citation dira de lui : « Commandant de Compagnie d’une trempe merveilleuse, fidèle à la vieille devise : « A cœur vaillant, rien d’impossible ». S’est fait remarquer dans tous les combats auxquels il a pris part par une attitude énergique et calme au feu, par sa fermeté et son esprit de décision. Quatre fois cité. Le 15 juillet 1918, commandant une Compagnie aux avant-postes devant Reuilly, a donné l’exemple de la plus haute valeur morale par l’oubli de soi pour autrui, a rempli héroïquement sa mission de sacrifice, s’est fait tuer sur les bords de la rivière qu’il devait défendre à tout prix ».


Le Commandant René, atteint aux premières heures du bombardement, meurt en excitant ses hommes à la résistance et en manifestant sa joie de verser son sang pour la Patrie. Le Bataillon Dubois tient le plateau ; privé dès le matin de toute liaison à la suite d’un bombardement sans répit, il multiplie les contre-attaques pendant que derrière lui le Bataillon Naegelin tente de se relier avec le 76e qui opère à droite. Le Soldat Decharière se heurte à des groupes ennemis qui lui barrent la route, engage la lutte, repousse l’adversaire, rend compte et tient le sentier pendant cinq heures.
A 9 heures, le Bataillon Dubois complètement encerclé ne possède plus aucune communication avec le Chef de Corps. Les fils du téléphone sont tous rompus, et il ne reste plus de coureur disponible. Un jeune Soldat qui s’était révélé lors d’un coup de main devant Canny, Frédéric Gros, s’offre comme volontaire pour effectuer la liaison entre le Colonel et le Capitaine Dubois ; plusieurs de ses camarades ont été tués, dont le Cycliste Laborie, sans pouvoir exécuter l’ordre. Gros traverse les lignes tenues par l’ennemi ; sommé de se rendre, il fait le coup de feu et revient près du Colonel apportant des renseignements précieux.
Vers midi, le cercle se refermant autour de lui, le 1er Bataillon gagne la lisière du bois des Étangs et grâce au merveilleux sang-froid du Capitaine Naegelin les éléments sont tous groupés et se fixent définitivement en ce point. Mais les munitions commencent à manquer, et il n’y a personne pour faire du ravitaillement. Un chef de poste envoie un message : « Trois patrouilles envoyées successivement aux munitions ne sont pas rentrées. Il n’y a presque plus de cartouches et l’ennemi n’est plus qu’à 10 mètres de moi ».
Des renforts permettent finalement des contre-attaques fructueuses, les bataillons sont dégagés et peuvent se replier.
Une fois de plus, le 131e qui avait ordre de combattre sur place sans idée de repli et d’arrêter l’ennemi remplit sa mission, le 3ème Bataillon d’avant-postes s’est fait tuer sur place ; le 2ème Bataillon Dubois encerclé s’est défendu héroïquement et luttait encore contre l’ennemi à 15 heures 30 ; il n’a pas lâché pied. Le 1er Bataillon, ne disposant d’aucun élément de réserve, a supporté les coups les plus furieux.
Le JMO conclut son compte-rendu de la façon suivante : « Il y a eu néanmoins des erreurs de commandement, ces fautes sont déjà à peu près connues. Elles le seront mieux par la suite. Elles auront des sanctions. Il ne faut pas toutefois que des erreurs ou négligences de la part d’un petit nombre ternisse le beau rôle joué par le Régiment. Le Régiment tout entier est resté digne de son passé des journées de Bolante, de Juvincourt, Chauny et Antheuil ».
La conduite du 131ème RI lui vaudra une citation à l’ordre de l’armée le 10 août 1918 : « Sous le commandement du Lieutenant Colonel Beurton, a enrayé la ruée des masses allemandes déclenchée après un bombardement d’une extrême violence, s’opposant à tous les débordements, maintenant sous ses feux les attaques furieuses de l’ennemi et lui faisant subir des pertes énormes. A ensuite brisé toutes les attaques et avec une opiniâtreté exemplaire, a pendant 4 jours défendu et maintenu inviolé le point d’appui qu’il avait reçu ordre de conserver. Signé Pétain ».

Le bilan des journées du 15 au 18 juillet 1918 est lourd pour le 131ème RI :
Officiers : 1 tué, 2 blessés, 32 disparus,
Troupe : 22 tués, 125 blessés, 1 058 disparus.

Jules-Gustave FOLCHER fait partie des disparus dans ce combat. En réalité il a été fait prisonnier, et interné dans un camp en Allemagne, on ne sait pas lequel. Sans doute a-t-il été transféré plusieurs fois d’un camp à un autre, comme la plupart des prisonniers. On sait que plusieurs soldats du 131ème RI ont été internés à Lamsdorf car ils y sont morts.


Jules-Gustave FOLCHER est rapatrié le 30 décembre 1918 et aussitôt hospitalisé. Il meurt le 22 juillet 1919 à l’hôpital complémentaire à Saint-Nicolas-du-Port (Meurthe-et-Moselle) des suites de méningite tuberculeuse. Cet hôpital complémentaire avait été installé dans les bâtiments du quartier Félix Douay, ancienne caserne.


Il figure sur le Livre d’Or d’Anduze, mais pas sur son Monument aux Morts. En revanche il figure à Florac sur le Monument aux Morts, le Livre d’Or et une stèle commémorative à l’église. Il est inhumé à Noviant-aux-Prés (Meurthe-et-Moselle), à la Nécropole nationale.


Cette Nécropole regroupe 3 404 Français dont 820 en deux ossuaires, 4 Russes, 2 Italiens, 1 Roumain. Elle a été créée en 1920 pour regrouper les cimetières d’Ansauville, Bernécourt, Gézoncourt, Grosrouvres, Mamey, Manoncourt en Woëvre, Manonville, Martincourt, Minorville, Noviant-aux-Prés et Royaumeix. En 1972, elle a aussi reçu les corps relevés du carré militaire du cimetière de Saint-Nicolas-du-Port (Meurthe-et-Moselle), dont celui de Jules-Gustave FOLCHER.
A suivre…