63ème
semaine
Du lundi 11
au dimanche 17 octobre 1915
ENCORE LA
BUTTE DE SOUAIN
Louis-Albert
Quet, 132ème Régiment d’Infanterie
Mort le 14
octobre 1915, à Bussy-le-Château, Marne
Né le 17 mars 1876 à
la Grand-Combe, Louis-Albert Quet figure sur le monument aux morts d’Anduze.
Mais il ne figure pas sur le livre d’or de la commune ni sur la stèle
commémorative de l’église. Peut-être habitait-il simplement là au moment du
déclenchement de la guerre.
Il est incorporé au
132eme Régiment d’Infanterie, qui subit notamment les terribles combats des
Eparges. À partir du 25 octobre 1914, le 132 RI tient les positions des Éparges
jusqu’au 10 avril 1915 ; ces positions sont le théâtre d’une des luttes les
plus meurtrières et les plus pénibles de toute la guerre. L’ennemi s’acharne
pour la possession de la crête, les attaques et les contre-attaques, les
combats corps à corps et à la grenade, sous un bombardement d’obus de tous
calibres et sous l’écrasement des torpilles se renouvellent opiniâtres, sans
arrêt, pendant une période de cinq mois dans les conditions les plus pénibles.
En septembre 2015 le
132 RI est d’abord placé en réserve au moment de l’attaque de Champagne. Quand
le moment est venu pour lui d’intervenir, le 27 septembre, il enlève la maudite
butte de Souain et la tranchée du Satyre ; mais il est arrêté devant des fils
de fer intacts. Néanmoins, il conserve sa position, repoussant toutes les
contre-attaques, impassible sous un ouragan de mitraille. Sur cette position à
partir du 28 septembre, au bois des Cuisines le 2 octobre, au sud du bois du
Sabot le 5, au bois du 7 au 13 octobre, il travaille à l’organisation de la
ligne, il organise défensivement le terrain conquis ou progresse à la grenade
pour en conquérir un nouveau. Le 13 octobre, les bois sont occupés en
entier par lui et organisés.
Le médecin-aspirant
Laby, qui participe à ces combats avec le 294 RI, raconte :
« Mercredi 6 octobre : À 3 heures du matin,
tout le monde est debout. Les marmites tombent si près que la lampe à acétylène
et les bougies de notre PS s'éteignent plusieurs fois. La 23ème compagnie
attaque la première, mais les fils de fer barbelés ne sont pas complètement
amochés et notre première vague se brise dessus.
Jeudi 7 octobre : Le lieutenant Martinot, de la 23ème,
est tué. C'est triste. Lui aussi déjeunait à la popote Babonneau. Le lieutenant
Série du 5ème bataillon est tué. Bombardement continuel. Il paraît que les
ailes avancent. Mais nous, impossible: on se cogne aux réseaux que l'artillerie
n'a pu démolir. Vendredi 8 octobre : Le régiment attaque à la baïonnette à
3 heures de l'après-midi. … Attaque superbe. On gagne de suite trois tranchées
presque sans pertes (tranchée des Satyres). Mais l'artillerie de la 51ème DI,
qui devait tirer sur une tranchée à notre droite, cesse son tir et on est pris
de flanc par les mitrailleuses boches. On est obligé de battre en retraite sur
nos premières positions. Pertes énormes.
Nous faisons des pansements sans arrêt, de 16 heures à 1 heure du matin, sous
un bombardement terrible. On est absolument fou. On perd huit cents hommes
environ et tous les officiers des compagnies sauf quatre. Il n'y en a plus un seul au 5ème bataillon. À
la 17ème compagnie [celle d'Armand], le lieutenant Sibille, voyant qu'on est
obligé de battre en retraite, s'élance seul avec son revolver et des grenades
et se fait tuer au milieu des Boches ».
A partir du 13
octobre le 132 RI repart vers l’arrière pour une nouvelle période d’instruction
à Mourmelon. Mais c’est trop tard pour Louis-Albert Quet qui a sans doute été
blessé début octobre car il a été évacué vers Bussy le château (Marne), où il
est mort de ses blessures le 14 octobre 1915.
D’abord inhumé sur place il est
ensuite transféré à la nécropole de Jonchery-sur-Suippe qui a
été créée à la
fin de la bataille de Champagne pour regrouper les corps exhumés des cimetières
militaires de Jonchery, Cuperly, Baux, Bussy-le-Château, Perthes, Tahure,
Souain, Suippes, Sommepy, Mesnil, Sainte Marie-à-Py. Elle a été aménagée en 1922,
1924, puis de 1927 à 1929. Elle comprend 4900 tombes individuelles et 4
ossuaires de 3000 corps environ. La tombe de Louis-Albert Quet porte le numéro
2409.
La deuxième
offensive de Champagne fut une grande victoire selon les journaux de l’époque!
En fait ce fut un échec réel sur le terrain ; le 1er novembre, l'ensemble des
opérations était définitivement arrêté. Cet échec ruinait l'espoir du
commandement français d’une décision rapide par la rupture du front.
A
suivre…