142ème
semaine
Du
lundi 15 au dimanche 21 avril 1917
UNE
GRANDE OFFENSIVE DÉSASTREUSE
Louis-Marcel Bourgade,
soldat au 52e
régiment d’infanterie coloniale
Disparu
le 16 avril 1917 à Ailles (Aisne)
Louis-Marcel Bourgade est né le 17 avril 1897 à Anduze,
d’Albin-Louis et de Victorine-Célina née Guy. Comme son conscrit de la même
année, Frédéric-Charles Clauzel, soldat au 222ème Régiment d’Infanterie, qui
vient d’être tué à l’ennemi le 12 avril 1917 à Auberive (Marne), il est
incorporé par anticipation fin 1915 ou début 1916.
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Le rôle de l'artillerie est
primordial : un bombardement massif et incessant doit permettre à l'infanterie
de progresser rapidement. Les Français disposent ainsi 5 310 canons qui tirent
5 millions d'obus de 75 et 1,5 million de gros calibres. La préparation de
l'offensive par l'artillerie devait permettre, selon Nivelle de détruire
jusqu'aux septièmes voire huitièmes lignes ennemies. Pendant cette préparation,
du 12 au 15 avril, 533 obus sont tirés en moyenne par minute. Mais le temps est
très couvert durant cette première quinzaine d'avril, d'où des réglages
d'artillerie approximatifs. Une fois l'offensive lancée, pour se conformer à la
vitesse de progression voulue par Nivelle, le barrage d'artillerie doit
avancer, de 100 mètres toutes les 3 minutes. Il faut comparer cette décision
avec les dernières offensives de la bataille de Verdun où le barrage devait
avancer de 100 mètres toutes les 4 minutes et se souvenir que les poilus vont
devoir escalader les pentes du Chemin des Dames, réduire les résistances
ennemies tout en collant au barrage d'artillerie pour éviter que la défense
allemande n'ait le temps de s'organiser entre la fin du bombardement et
l'arrivée des fantassins.
En fait rien ne se passe comme
prévu, les pertes sont énormes sur un front chaotique. Le 20 avril l’offensive
est suspendue, elle est abandonnée le 8 mai. Pétain remplace Nivelle le 15 mai.
A ce moment de la guerre Louis-Marcel Bourgade fait partie du 52e
régiment d’infanterie coloniale, engagé dans cette offensive. Deux documents
permettent d’appréhender la réalité pour ces hommes (les Marsouins) sur le terrain.
Il y a d’abord l’historique
officiel du 52 RI :
« Les mois de février et mars
1917 furent particulièrement pénibles ; la préparation de l'attaque du
printemps battait son plein et toutes les troupes non employées à la garde des
premières lignes avaient un rôle à jouer dans l'organisation du terrain.
Le 52e R.I.C. fut spécialement
chargé de la construction de la voie de 0 m. 60 affectée au ravitaillement en
munitions des batteries de gros calibres installées dans le ravin de Passy. Le
1er bataillon, puis le 2°bataillon participèrent successivement à ce travail
qui laisse un mauvais souvenir dans l'esprit des hommes. Cantonnés
successivement dans les creutes de Champagne, où l'obscurité et l'humidité
régnaient en maîtresses, les marsouins partaient au travail au point du jour
pour ne rentrer qu'à la nuit tombée. Les alertes pendant le jour étaient
fréquentes ; incursions d'avions, rafales de 150 ou de 77, obligeaient
fréquemment les travailleurs à déposer l'outil. D'autre part, le temps fut très
mauvais pendant toute cette période et des bourrasques de neige et de pluie
entretenaient la boue intense produite par le dégel de la fin février.
Malgré tout le travail avançait
et, le 4 avril, les bataillons étaient retirés de la zone des travaux. Du 5 au
9 avril, les bataillons se reposèrent et se remirent en forme. Le 10 avril, le
2e bataillon (commandant Fournier), recevait l'ordre de prendre position en
première ligne en avant du village nègre, à la tête de la vallée secondaire
qui, par Vassogne et Jumigny, rejoint la vallée de l'Aisne. C'était cette
partie du front que le régiment devait attaquer, mais ce détail n'était pas encore
connu, pas plus du reste que le jour de l'attaque. La prise de possession de ce
secteur fut marqué par un violent bombardement par gaz asphyxiants — c'était la
première fois que le régiment était vraiment en contact avec ces nouveaux moyens
de destruction — mais on put mettre les masques à temps et nous n'eûmes pas de
pertes sérieuses à déplorer. Ce fut néanmoins un véritable soulagement pour
tous quand on apprit, le 15 au matin, que le jour de l'attaque était fixé au
lendemain. Le 15 avril, à 8 heures, le colonel Petitdemange réunit ses officiers
supérieurs du 52e R.I.C. au P.C. du Village-Nègre pour leur donner ses
dernières instructions. Le temps était mauvais ; le vent soufflait en tempête,
des averses tombaient à chaque instant, détrempant de plus en plus un terrain
transformé, par endroits, en véritables marais. Le 15 avril à 22 heures, le
chef de bataillon Fournier, commandant le 2e bataillon, quitta son PC. du
Village-Nègre pour aller prendre le commandement des troupes d'attaque dans la
tranchée de Tulle ; la nuit était complètement noire, la pluie tombait
sans interruption et les mouvements de troupe nécessités par la mise en place
des unités d'avant rendaient la circulation particulièrement lente et pénible
dans les boyaux. A 3 heures, les commandants de compagnies avaient rendu compte
que leurs troupes avaient gagnés leurs emplacements à l'exception, toutefois,
de deux sections sénégalaises et des « lance-flammes », dont le chef de
bataillon fut sans nouvelle pendant toute la bataille. Le moral de la troupe à
ce moment là était très élevé, on sentait les hommes décidés à en finir.
L'ordre du jour du général Nivelle leur avait été lu le 15 à midi. Comme le
généralissime, ils espéraient bien qu'ils allaient quitter la tranchée pour
toujours et que la guerre de mouvement allait recommencer. A 5 h 30, tout le
monde était sur pied, le fusil ou la grenade au poing attendant le signal
d'attaque. Nos batteries tiraient sans discontinuer sur les lignes ennemies.
Les Allemands réagissaient peu, quelques obus fusants éclatèrent pourtant
au-dessus de nos lignes, mais sans nous causer de pertes. A 5 h 55, le 58e
colonial noir, plus éprouvé que le 52e R.I.C. par le tir de l'artillerie
adverse, sortit de ses tranchées 5 minutes avant l'heure fixée. Pour éviter une
rupture de la ligne, le commandant Fournier donna à son tour le signal de
départ et le 2e bataillon se porta tout entier en avant avec un entrain
merveilleux. La tranchée de Gotha fut prise sans résistance, le saillant de
Cobourg enlevé, et la progression se poursuivit à travers un terrain chaotique
complètement bouleversé par les tirs des jours précédents. Vers 6h15, les 5e et
6e compagnies se heurtèrent à un réduit énergiquement défendu par des
mitrailleuses et durent s'arrêter pour enlever cette position à la grenade. En
même temps, d'autres mitrailleuses allemandes se dévoilaient et bientôt tout le
plateau fut violemment battu par les balles. En moins de dix minutes, la 7e
compagnie (capitaine Dardenne) avait tous ses officiers et son adjudant tués ou
blessés. A 8 heures, le commandant Fournier pénétrait dans la tranchée d'Essen,
dominant la vallée de l'Ailette et le village d'Ailles qui lui avait été
assigné comme premier objectif. Pendant ce temps, les 5e et 6e compagnies
avaient réduit à la grenade les nids de mitrailleuse avec l'appui des
compagnies du 1er bataillon. Mais les pertes avaient été lourdes dans cette
lutte opiniâtre où les Allemands se firent tuer sur leurs pièces plutôt que de
se rendre. Les munitions commençaient à manquer et le 33e R.I.C., chargé
d'enlever, à droite, la ferme d'Hurtebise, s'était heurté à une résistance qui
ne lui avait pas permis de progresser suivant l'horaire prévu. A partir de
8h30, les troupes parurent fixées sur leurs positions. Une tentative faite par
le sous-lieutenant de Kerrios pour descendre dans la vallée de l'Ailette,
échoua sous le feu des mitrailleuses installées sur l'éperon d'Ailles ; le
sous-lieutenant de Kerrios et la moitié de sa section furent fauchés par les
balles allemandes. Pendant toute la matinée du 16 avril, la réaction de
l'artillerie allemande fut faible. Seules, deux batteries de 105 installés prés
du château de la Bove, prenaient à partie nos troupes lorsqu'elles se
dévoilaient. Nos pertes élevées furent causées par les mitrailleuses.
Le colonel Garnier, commandant le
régiment, avait été tué à 7 heures, d'une balle dans la tête. A 8 heures, le
chef de bataillon Galland, commandant le 1* bataillon était tombé mortellement
blessé par une balle en essayant de progresser entre les boyaux Hibou et
Chouette.
![]() |
L'attaque sur le chemin des Dames |
Le commandant Edel, qui avait pris
le commandement du régiment après la mort du colonel Garnier, donna, à 14
heures, au commandant Fournier, l'ordre de rallier son bataillon et de le
reporter en arrière, à l'ouvrage du Champignon. Le régiment n'avait plus de
réserves à ce moment et la grande densité des troupes en première ligne aurait
entraîné des pertes considérables dans le cas d'une réaction violente de
l'artillerie allemande. Le mouvement s'exécuta en ordre par échelon, et la
situation resta sans changement pendant la nuit du 16 au 17 ».
Une autre version des faits se
trouve dans le JMO de ce régiment, auquel est annexé un exceptionnel rapport
dactylographié, relatant les événements sans complaisance :
« Rapport sur l’engagement du
52e Colonial pendant les journées du 16, 17 et 18 Avril 1917 ».
Mission du Régiment. Enlever dans
la zone d’action attribuée au Régiment trois objectifs successifs :
1 - De la première ligne ennemie
jusqu’à l’Ailette, 2e bataillon (Fournier)
2 - De l’Ailette à la Bièvre (Organisation
du plateau de la Bove) 1er bataillon (Galland)
3 – Enlèvement du village de
Vaurseinne (3e bataillon, Coste)
J = 16 avril - H = 6 heures.
Journée du 16 avril – Les bataillons sont en place à
5 heures 30. Le mauvais temps, l’obscurité, l’aménagement incomplet du terrain,
rendent le placement des troupes très difficile. La parallèle de départ qui
doit recevoir les éléments de tête du bataillon Fournier n’existe que sur 150 mètres
environ en avent du boyau de-St Raphael. Ces unités sont placées dans des trous
d’obus en avant de la tranchée de Tulle.
A 5 h 50 le Commandant Fournier
sort de la tranchée de Tulle pour vérifier sa direction de marche ; il constate
qu’aucun barrage d’artillerie n’existe sur les lignes ennemies.
A 5 h 55, le 58e Colonial part à
l’assaut entraînant avec lui la gauche du bataillon Fournier. Ce bataillon se
porte alors tout en entier en avant, quelques minutes avant 6 heures. Il aborde
la tranchée de Gotha et franchit sans résistance le saillant de Cobourg. Le
terrain est complètement bouleversé, aucun réseau ne gène la marche.
La droite du bataillon (5e et 6e
Cies) se heurte dès 6 h. 20 à un véritable réduit énergiquement défendu par des
mitrailleuses. Ce réduit doit être conquis pied à pied à la grenade.
Pendant ce temps, le Commandant
Fournier craignant qu’un trou se produise
entre sa gauche et le 58e Colonial, rallie avec son adjudant major les restes
de la 7e Cie déjà privée de tous ses officiers. Il appuie à gauche, et continue
la progression le long du boyau Goettingen, il aboutit vers 8 heures à la
tranchée d’Essen, suivi par deux sections de la 2e Cie (bataillon Galland) dont
l’une est presque entièrement anéantie avec son chef (Sous-lieutenant de
Kerros) en tentant de dépasser la tranchée d’Essen.
Les deux Cies sénégalaises du 88e
Sénégalais étaient réparties entre les bataillons A et B. Ces deux Cies n’ont
rendu aucun service. Un peloton parti en tête du bataillon A et chargé du nettoyage
des Creutes a disparu à peu près en entier sous le feu des mitrailleuses. Le
reste des Cies a suivi le mouvement, mais les tirailleurs étaient tellement
déprimés par le froid que le commandant du 52e a dû dès 9 heures leur faire
évacuer la 1ère ligne qu’ils ne faisaient qu’encombrer, et les a reportés dans
la tranchée Weimar où ils sont restés jusqu’au 19.
Le bataillon B (Galland) est parti
à l’assaut à 5 heures 30, ayant à sa tête le Colonel. Le barrage sur nos lignes
entre 6 heures et 6 h 50 est peu dense et ne nous cause que des pertes insignifiantes.
Le bataillon pénètre dans les lignes ennemies et progresse normalement jusqu’à
hauteur du point 9213. A 7 heures, le Colonel Garnier est tué net d’une balle à
la tête. Le Chef de bataillon Edel prend le Commandement du régiment, en
prévient le Commandant Galland qui est à quelques dizaines de mètres en avant
de lui et rend compte au Colonel Petitdemange.
La droite du bataillon Galland vient
se heurter peu après au réduit qu’attaquent les autres Cies, et doit s’engager
à son tour, ces Cies ayant épuisé toutes leurs grenades. La gauche du bataillon
avance, elle est rapidement immobilisée par le feu violent des mitrailleuses
postées sur l’éperon d’Ailles, au Bois Marion, au cimetière. A 8 heures
environ, le Commandant Galland est mortellement blessé d’une balle en essayant de
progresser à proximité du cimetière.
Le bataillon C (Coste) s’est mis
en marche à 7 heures. Il progresse sans difficulté jusqu’au moment où sa droite
rejoint celle du bataillon B, engagée dans la conquête à la grenade du réduit
9414 ou l’ennemi bien pourvu de grenades se défend désespérément. Les Cies de
droite du bataillon C doivent passer au bataillon Galland toutes leurs
grenades.
A 9 heures, la situation est la
suivante : le bataillon Fournier est coupé en deux parties. Les fusils sont
remplis de boue, la plupart ne fonctionnent plus. Les grenades sont épuisées.
Il faut s’arrêter. La situation est la même pour le bataillon Galland placé
plus à gauche. Les mitrailleuses ennemies battent violemment toute la zone du bois
Marion. L’ennemi heureusement ne contre-attaque pas, nos hommes n’ont plus que
leurs baïonnettes. Un ravitaillement en grenades est demandé a l’arrière ; il se
fera attendre jusqu’au soir et ne comprendra qu’un nombre infime de caisses (19
caisses de 50 grenades pour le régiment). Il ne faut plus songer pour l’instant
qu’à conserver coûte que coûte la position conquise.
Jusqu’à 11 heures environ, l’artillerie
ennemie ne réagit pas. Les batteries du plateau de la Bove prises sous un feu violent
d’obus spéciaux, sont silencieuse. Après 11 heures le bombardement commence, portant
long (sur la tranchée de Weimar). La densité des troupes en 1ère ligne
dans des boyaux et tranchées bouleversées est trop forte. De plus le régiment
n’a plus de réserve. A 14 heures le Chef de Corps donne l’ordre au commandant
Fournier de rallier son bataillon et de le porter en réserve dans les tranchées.
Le mouvement exécuté, la situation reste sans changement jusqu’au soir.
Le nombre de prisonniers faits par
le régiment a été très faible ; 40 a 50 au plus. La 1ère ligne ennemie était
peu garnie. Seul le réduit du point 9414 était sérieusement garni ; les
défenseurs se sont fait tuer sur place. Trois officiers refugiés au fond d’un
abri du boyau d’Ulm ont refusé de se rendre, ont blessé grièvement un sergent
qui tentait de pénétrer jusqu’à eux ; on a dû en définitive leur lancer des
grenades asphyxiantes et boucher l’abri ; ils ont été passés en consigne au 8e
tirailleurs. Le régiment a pris quelques mitrailleuses (6 à 8) et cinq minenwerfer
dont un de gros calibre (210). Ces derniers engins ont été mis hors de service,
l’état du terrain ne permettant pas le transport à l’arrière.
Dans la journée, la possibilité d’une
reprise de la marche en avant a été envisagée par l’autorité supérieure ; Une préparation
d’artillerie de 45 était prévue. L’ordre d’exécution n‘a jamais été donné.
Conclusions - L’offensive du 16 Avril n’a pas
atteint son but. Plusieurs causes semblent en avoir préparé inévitablement l’échec
:
1° Le mauvais
temps, qui n’a permis d’amener à l’attaque que des troupes déjà surmenées et
qui a rendu la praticabilité du terrain très mauvaise et l’aménagement de nos
tranchées de départ à peu près illusoire. Boyaux et tranchées n’étaient que fondrières
d’un parcours parfois impossible à des hommes chargés.
2° On semble être
parti de l’idée préconçue que la porte était ouverte à l’infanterie par l’artillerie,
avant l’heure H, que l’ infanterie d’assaut ne rencontrerait pas la moindre résistance
et pourrait en toute liberté « coller » au barrage établi suivant un
horaire rigide ! Or, il était dès avant l’attaque, bien évident que la moindre résistance
de l’infanterie ennemie (mitrailleuses non détruites, grenadiers, etc) amènerait
une rupture d’équilibre dans la marche des bataillons de 1ère ligne,
que ceux-ci seraient lâchés par leur barrage et se trouveraient ensuite obligés
de triompher par leurs propres moyens des résistances ultérieures qu’ils
rencontreraient. Ces moyens, l’infanterie d’attaque ne les possédait pas. Elle
était équipée et armée pour entreprendre dès la sortie de la parallèle de
départ, la guerre de campagne, et non pour triompher de résistances locales sur
une position puissamment fortifiée. Les choses se sont passées exactement comme
on avait pu le prévoir. Dès 6 h 50 le bataillon A se heurte a un réduit armé de
mitrailleuses et défendu par des grenadiers déterminés. Sa gauche continue de
l’avant. Sa droite est arrêtée net et ne vient à bout qu’à 8 heures de la résistance
de ce réduit, avec l’aide du bataillon B et l’emprunt de presque toutes les
grenades du bataillon C. Lorsque les bataillons A et B mélangés arrivent devant
les mitrailleuses qui balayent les contre-pentes Nord du plateau, ils ne
peuvent plus progresser, n’ayant plus de grenades et les fusils à peu près tous
hors d’état de fonctionner à cause de la boue. D’où l’arrêt complet de
l’offensive. A ce moment il n’y a plus aucun synchronisme entre l’artillerie et
l’infanterie, et aucun moyen n’a été prévu pour le rétablir rapidement.
La reprise de
la marche en avant ne serait possible qu’après un ravitaillement immédiat et abondant
en grenades, et le rétablissement d’une liaison sérieuse entre infanterie et
artillerie de barrage en dehors de toute question de fatigue des troupes, et de
mauvais temps.
Les conclusions suivantes semblent pouvoir en être tirées
:
1°
L’aménagement du terrain avant une offensive devrait être fait par chaque régiment
dans son secteur d’attaque (plan d’ensemble donné par la Division, exécution
sous la responsabilité des Chefs de Corps, pendant une période de tranchée de
15 jours avant la préparation d’artillerie).
2° Un régiment
chargé d’ouvrir la voie à travers une organisation puissamment fortifiée doit être
outillé en conséquence (dotation de grenades triple de celle attribuée - pas de
sacs - deux Cies annamites ou sénégalaises par régiment, suivant immédiatement
les bataillons d’assaut, avec un ravitaillement en grenades, artifices et explosifs).
3° Il y
aurait tout intérêt à ce que chaque régiment soit accompagné de 2 ou 3 pièces
de 58 pouvant produire rapidement un effet d’écrasement et de démoralisation
sur les réduits ennemis.
4° L’emploi
des barrages d’artillerie à horaire rigide est destiné a faire faillite 9 fois
sur 10, la vitesse de progression des barrages (100 m. en 3 minutes) étant trop
considérable et ne tenant aucun compte des résistances locales que rencontrera toujours
l’infanterie, lorsqu’il s’agit, comme c’était
le cas le 16 Avril, d’enlever une position profonde, très bien aménagée,
défendue par des troupes résolues, et en définitive insuffisamment travaillée
par l’artillerie.
5° II faudra
toujours prévoir que des lignes à contre-pentes ne seront pas d’emblée praticables
à l’infanterie et que celle-ci doit être
pourvue dès le départ des moyens de les enfoncer.
Etat des Pertes :
Tués : 96,
dont 9 officiers.
Blessés :
382, dont 15 officiers.
Disparus :
113.
Total général
des pertes : 591 ».
C’est donc
dans ce contexte qu’est tué le 16 avril 1917 le jeune Louis-Marcel
Bourgade, qui aurait eu 20 ans le lendemain. Son décès n’est officialisé qu’en
1921, ce qui indique une disparition sur le champ de bataille plutôt qu'une mort dûment enregistrée. Mais son corps a dû être identifié plus tard, car il est inhumé à la Nécropole Nationale de Cerny-en-Laonnois, tombe 771.
Son nom figure sur le monument aux morts de la commune.
A suivre…