CASOAR ET PANTALON

28ème semaine

Du lundi 8 au dimanche 14 février 1915

LA BATAILLE DE CROUY ET SES SUITES

Mort du sous-lieutenant André Marjoulet, 60 RI
tué à l’ennemi le 12 janvier 1915

Mort du soldat Lucien Bersot, 60 RI,
fusillé pour l’exemple le 13 février 1915


Né le 23 juillet 1894, André Marjoulet était le fils de François Louis Albert Marjoulet, né lui-même le 21 septembre 1859 à Anduze. Nommé général de brigade au déclenchement de la guerre, celui-ci commanda la 35e division d'infanterie et s'illustra lors des batailles de Guise, sur la Marne, puis à Verdun. Et il joua un rôle important lors de la bataille de la Moselle les tout derniers jours de la guerre, du 9 au 11 novembre 1918. Nous reviendrons plus tard sur son parcours. Mais pour aujourd’hui nous allons suivre le bref parcours d’un jeune officier, pétri d’idéal, destiné comme tant d’autres à une mort précoce dans une guerre qui n’avait plus rien de chevaleresque…

André Marjoulet, qui admire beaucoup son père, a décidé de suivre lui-même la carrière militaire. Il fait donc naturellement Saint-Cyr, où il est reçu en 1912, après d'excellentes études faites au lycée de Besançon. Il terminait tout juste son année d'Ecole (promotion Montmirail) lorsqu’éclata le coup de tonnerre du 2 août 1914. A l’âge de 20 ans il est nommé sous-lieutenant au 60ème d'infanterie. Il rejoint immédiatement son corps, à Besançon, sans prendre le temps de changer sa tenue de Saint-Cyrien. De là, il écrit à sa mère, dans l'ivresse du départ et l'espoir des victoires prochaines : « Je m'embarque, cette nuit, pour la frontière d'Alsace, avec un détachement de réservistes. Ah! Quelle joie de partir ! Le dernier arrivé, je veux être le premier à l'assaut ! Qui m'arrêtera?... Qu'ils y viennent, ceux qui voudraient m'arrêter ! Sois fière, ma chère maman, de donner à la France ton mari et ton fils ; séparés, aujourd'hui, ils vont certainement se retrouver bientôt, au delà du Rhin, encerclant l'ennemi héréditaire, l'un à l'aile gauche, avec l'armée de Belgique, l'autre à l'aile droite, avec l'armée d'Alsace.
Dans cette randonnée à travers l'Europe, pour peu que la chance me serve, que ne ferais-je pas ! Je pars, ma chère maman, confiant dans l'avenir. Que nul regret ne vienne t'attrister ! Si je tombe, ce sera face à l'ennemi, le sourire sur les lèvres, votre souvenir dans le cœur, gardant pieusement la foi que tu m'as donnée aux promesses divines et à la certitude des rencontres éternelles, heureux de prouver que j'ai su suivre la voie que mon père m'a tracée... ».

Après une série d'engagements, dans les premiers jours d'août, André Marjoulet entre à Mulhouse, avec son régiment victorieux. Les lettres qu'il envoie de la terre d'Alsace reconquise débordent de passion patriotique et d'ardeur guerrière. Il vit la belle vie qu'il avait rêvée. Mais la situation change et la division dont il fait partie quitte la Haute-Alsace, le 25 août, et est transportée successivement dans la région d'Amiens, puis sur les bords de l'Ourcq. Le 8 septembre, le 60ème d'infanterie prend part à la bataille de la Marne. Le sous-lieutenant Marjoulet y est blessé : on l'évacue ; il rassure sa mère sur la gravité de sa blessure, en lui écrivant, le 10 septembre, de l'ambulance de Vitré, où il a été hospitalisé : « Eh! Oui! Chère maman, je suis blessé, et d'une façon stupide, — oh! Combien ! C'est un éclat d'obus qui, sur le coup de neuf heures, et alors que ma compagnie avait déjà subi sans trop de casse, depuis trois heures et demie du matin, un feu d'enfer, m'a atteint au genou, me couchant par terre, au moment où j'observais à la jumelle les mouvements ennemis. Impossible de me relever. Tout d'abord, je croyais avoir reçu le choc d'une pierre ; ce n'est qu'en voyant la bande bleue de ma culotte de Saint-Cyrien se teinter de sang, que je me rendis compte du chaud baiser de l'acier. Mais quelle camelote que ces shrapnels allemands ! Made in Germany ! Un obus français aurait brisé la jambe!
Dans un mois, je serai sur pied... All right!... ».

A l'ambulance, notre blessé s'efforce de se rendre utile :
« Ton petit blessé, ma chère maman, est encore bon à quelque chose. Sans doute, j'ai un pied qui remue et l'autre qui ne va guère ! Mais les mains sont valides et je puis me servir de mes dix doigts. J'ai trouvé, ici, — curieuse rencontre! — des blessés du 43e et du 127e, de la brigade de papa. Ils m'ont raconté que les affaires auxquelles ils avaient pris part, sous ses ordres, en Belgique et devant Guise, avaient été très chaudes ; je vais les voir souvent et j'ai plaisir à les entendre parler de leur général : ils l'aiment bien. Tu devines ma joie et ma fierté. A ceux de ces bons Flamands qui sont illettrés, ou, en raison de leurs blessures, ne peuvent écrire, je prête ma main et ma plume, et j'écris, sous leur dictée naïve, à leur femme ou à leur mère. Tu ne saurais croire combien ils sont touchés et reconnaissants d'un geste aussi naturel... Il faut bien s'entraider, n'est-ce pas ? ».

A peine guéri, André Marjoulet rejoint le dépôt de son corps, à Besançon ; mais son inaction relative ne tarde pas à lui peser; il demande bientôt à repartir pour le front : « Cette existence au dépôt ne me plaît pas du tout en ce moment. Les « Montmirail » ne sont pas faits pour végéter, le sabre au fourreau, dans le calme d'une ville de l'intérieur, tandis que les camarades se battent à la frontière. Nous n'avons pas eu notre « Triomphe », à l'Ecole. Il faut pourtant que les rites s'accomplissent et c'est sur les champs de bataille, tu le sais, que nous avons juré de « triompher ». J'en ai assez... des bords fleuris qu'arrose le Doubs..., et de Besançon, vieille ville espagnole!... Certes, je n'irai pas à cloche-pied jusqu'à Berlin; mais je me sens capable, en m'aidant d'une canne, de marcher à la tête de ma section et de la conduire à l'attaque. Quelle joie d'aller bientôt retrouver « mes hommes » !... »

Satisfaction lui est donnée : le sous-lieutenant Marjoulet rejoint, au commencement de novembre, son régiment sur le front et reprend son service dans sa compagnie, bien que gêné encore dans ses mouvements par sa blessure, insuffisamment cicatrisée. Dans la soirée du 11 janvier 1915, le 60ème d'infanterie est brusquement appelé devant Soissons et engagé, en pleine nuit, par un temps affreux, sur un terrain qu'on n'a pas eu le temps de faire reconnaître, au nord de l'Aisne.

Après les combats de septembre 1914, la cote 132, une hauteur située au nord-ouest de Crouy, est divisée entre les deux armées. Les Allemands contrôlent le nord de la zone et le point le plus haut lui-même, parcouru par leurs tranchées ; les Français sont au sud, notamment dans les grottes du Petit-Bois. Cette hauteur est le premier objectif de l’état-major français lors de la bataille de Crouy en 1915 : il s’agit de renforcer les positions de l’artillerie en rive droite de l’Aisne et de mieux contrôler les hauteurs au nord de Soissons. « L’échec de l’attaque du secteur Perrière-la Justice (12 novembre) démontre que toute progression au nord de Soissons est subordonné à la conquête de la cote 132 (plateau de Crouy) qui dès lors, devient l’objectif principal » (F. Beauclerc). Le mauvais temps empêche toute reconnaissance aérienne jusqu’au 8 janvier 1915, si bien qu’à l’aube de l’attaque, l’incertitude demeure sur le réseau défensif allemand. La zone d’attaque, présente l’aspect d’un plateau dénudé, couvert de chaume ou de betteraves pourries, légèrement ascendant vers les positions allemandes. L’assaut est un succès dans un premier temps, la première ligne allemande n’offrant que peu de résistance, évacuée en grande partie. Dans la soirée, les Français ont bien pris pied sur la cote 132. Les hommes ne sont parfois séparés des Allemands que par de simples talus ou des amoncellements de cadavres. « Cette nuit a été effrayante, parce que nous étions exposés, sans défense, et dans la nuit, les impressions sont toujours intenses. On a su plus tard qu’on nous avait laissés là, en panne parce que les autres compagnies avaient rempli les tranchées conquises et qu’il n’y avait pas de place pour nous. Bref, à l’aube, nous entrons dans la tranchée allemande » (lettre à sa femme de Henri Barbusse, qui participait à cette bataille).


Le lendemain, 9 janvier, les Français résistent aux tentatives allemandes : « Une contre-attaque qui se massait sur 132 dans les tranchées, et dont on avait vu les baïonnettes, a été écrabouillée par le groupe de 75 : pour une fois, le téléphone a fonctionné. Casques, fusils, bras et jambes sautaient en l’air par-dessus les tranchées » (Paul Truffau, Quatre années sur le front. Carnets d’un combattant). Les troupes sont cependant usées car le terrain est difficile à organiser de façon défensive, notamment à cause des conditions météorologiques ; les relèves se font parfois dans de mauvaises conditions. De son côté l’état-major allemand s’accroche à cette hauteur, car sa perte remettrait en cause son attaque sur le plateau de Vregny voisin prévue pour le 14. La cote 132 devient donc le cœur de la bataille et décide du sort de tout le Soissonnais. Le 10 janvier, les Français reprennent l’offensive pour s’emparer de la ligne de tranchée « NOPQ » (du nom des ouvrages allemands qui la marquent, en bordure de plateau) et de la carrière Lombard, réserve essentielle pour les Allemands ; l’opération est une réussite, la maîtrise de la cote 132 est complète dans la soirée. Cependant, la prise de la hauteur n’entraîne pas le retrait espéré à Crouy, dans la vallée, ni une progression décisive (au total, l’avancée ne représente qu’un peu plus de 100 mètres).

La maîtrise de la cote 132 est difficile : « Les hommes glissent, tombent, le canon du fusil se bouche, d’autres encore s’enlisent jusqu’au genou. Au bout de peu de temps, les mains souillées par la boue empêchent tout fonctionnement de la culasse, l’homme n’a plus que sa baïonnette » (JMO 109e brigade en date du 10 janvier 1915) ; « les tranchées allemandes de la cote 132 ne sont plus qu’un amas de boue encombré de cadavres, il est impossible d’y travailler utilement sous le bombardement » (Lt-colonel Lejeune). Les difficultés du terrain ajoutées au manque de réserve en hommes empêchent toute nouvelle progression française le 11 janvier, tandis que l’assaut sur le Chemin Creux, en contrebas, échoue. Si bien que le 12, ce sont les Allemands (désormais en position de force : leur plan d’attaque est prêt et la concentration de leurs troupes est achevée) qui reprennent l’initiative. Après avoir annihilé l’artillerie française du plateau de la Justice qui leur faisait tant de mal depuis quatre jours, ils passent à l’offensive sur la cote 132. Sous les coups des canons allemands, la grotte du Petit-Bois s’effondre et ensevelit tout l’état-major du 60 RI ; puis c’est l’assaut, qui leur permet une progression rapide et efficace malgré les pertes. En moins d’une heure, presque tout le plateau de la cote 132 est entre leurs mains. Dans l’après-midi, ils poussent encore, notamment à l’ouest vers la ferme du Meunier noir, où quelques troupes françaises résistent finalement. A l’est en revanche, la cote 132 est évacuée et l’on se replie dans la vallée sur la route Crouy-Vauxrot. Le nombre de prisonniers français est considérable. Le 13 janvier, dans la nuit puis au petit matin, des tentatives de contre-attaques ont lieu, qui se soldent toutes par des échecs sanglants. Dans le même temps, l’essentiel de l’effort allemand se porte sur le plateau de Vregny, perdu lui aussi rapidement dans la journée. Dans la soirée, le repli sur la rive gauche de l’Aisne est ordonné. La cote 132 est entièrement aux mains des Allemands, et elle le restera jusqu’en mars 1917.
L'affaire de Crouy a causé au 60 RI les pertes suivantes : plus de 1000 tués, dont 11 officiers ; 600 prisonniers, la plupart blessés.

Au cours de ces combats le sous-lieutenant Marjoulet est frappé au front d'une balle de shrapnel qui lui met la figure en sang ; il reste néanmoins à son poste, ne voulant pas s'éloigner de sa section au moment où elle se préparait à faire tête à une colonne ennemie menaçante. Malgré les vides que le canon et la fusillade font autour de lui, il plaisante sur sa blessure, interpelle gaiement ses hommes et continue à soutenir leur moral, en leur donnant l'exemple d'un entrain gouailleur et d'un sang-froid peu ordinaire chez un officier de vingt ans. C'est à huit heures et demie qu'il a reçu sa première blessure de la journée. Vers dix heures, un deuxième éclat d'obus l'atteint mortellement, au moment où les Allemands sont sur le point d'aborder sa tranchée, bouleversée par le bombardement : il y reste enseveli. Sa conduite lui vaut la citation suivante à l'ordre de l'armée : « Blessé une première fois en septembre, est revenu sur le front à peine guéri ; a été tué, à la tête de sa section, en résistant énergiquement à la poussée d'une violente contre-attaque allemande ».

Sa mort inspira à l'un de ses amis, Saint-Cyrien comme lui et poète à ses heures, les deux sonnets ci-après :

« A mon cher ami, le sous-lieutenant Marjoulet du 60ème d'infanterie, tombé au champ d'honneur, devant Soissons. Promotion << Montmirail ».

Ils sont là, nos Poilus, dans la fosse fangeuse
D'une étroite tranchée, attendant le moment,
La baïonnette au clair, d'aborder l'Allemand,
Tandis que le canon enfle sa voix rageuse...

Leur chef ? Vingt ans, imberbe, à la bouche rieuse,
Hier encore à Saint-Cyr, mais qui, drapeau vivant,
Exemple de gaieté, de foi, de dévouement,
Sut gagner de leur cœur l'estime affectueuse.

La mort aveugle frappe autour de lui ; soudain,
Au front qu'il porte haut, une balle l'atteint...
Son visage pâlit, le sang coule, on s'inquiète,

On veut le secourir. « Non, dit-il, goguenard ;
Avec le képi bleu, comme aux jours de Galette,
La pourpre de mon sang me fait un Casoar ».

II

Cependant, la tempête augmente ; la mitraille
Couvre de ses éclats nos soldats frémissants ;
Les flots de l'ennemi, sans cesse grossissants,
De leurs rangs décimés vont battre la muraille...

Le lieutenant imberbe a redressé sa taille ;
Impassible, il tient tête au danger grandissant ;
Il attendra debout, bien que rouge de sang,
Pour se faire panser, le soir de la bataille...

Mais, de nouveau blessé, tout à coup, il s'abat...
On veut le transporter loin du canon, là-bas...
« Laissez-moi, chers amis... Vous direz à mon père

Que j'ai fait mon devoir, que je tombe en soldat
Et face à l'ennemi. Pour mourir, je préfère,
Au poste de secours, mon poste de combat. »

Ils avaient été 462 à sortir ensemble de Saint-Cyr en 1914, la moitié d’entre eux moururent au combat.

Le général Marjoulet vint se recueillir sur la tombe de son fils lorsqu’il se retrouva dans la zone, deux ans plus tard. Il fit aussi rendre hommage à l’état-major du 60 RI enseveli dans la grotte du Petit-Bois le même jour. « Près de nous, beaucoup de cadavres des précédents combats n’ont pas encore trouvé de sépulture. Des ossements jonchent le sol. Je découvre la tombe du fils de notre général de corps d’armée, tué comme sous-lieutenant, à vingt et un ans. Un peu plus loin, une croix plus grande que les autres est placée sur un abri éboulé. Le colonel et tous les officiers de l’état-major d’un régiment sont ensevelis sous cette masse de pierre et de terre. » (P-J Grange, aspirant).

Toutes les victimes du 60 RI ne sont pas mortes dans des circonstances aussi lyriques et glorieuses. Car c’est en son sein que s’est déroulé l’un des épisodes les plus absurdes de cette guerre, le refus d’obéissance du soldat Bersot.

Lucien Jean Baptiste Bersot a été mobilisé au 60ème RI, il a participé aux combats de Crouy dont il est l’un des rares survivants. Après cette bataille le régiment cantonne à Fontenoy pour y être rééquipé. Comme il n'y avait plus en magasin de pantalon à sa taille, Lucien Bersot doit se contenter de celui en toile blanc fourni avec le paquetage remis lors de l'incorporation. Grelottant de froid dans les tranchées, il demande le 11 février 1915 au sergent-fourrier un pantalon de laine identique à ceux que portent ses camarades. Le sergent lui propose alors un pantalon en loques et maculé de sang, pris sur un soldat mort, ce que Bersot refuse. Pour ce refus, Lucien Bersot se voit infliger une peine de huit jours de prison par son lieutenant. Mais le lieutenant-colonel Auroux, commandant du régiment, estime cette punition insuffisante et demande sa comparution en Conseil de guerre spécial. Comme de nouvelles recrues encore non aguerries venaient d'arriver, son intention était manifestement de faire un exemple de discipline militaire.

Traduit pour « refus d'obéissance » le 12 février 1915 devant le Conseil de guerre du régiment, présidé par Auroux, Bersot y est condamné à mort. La peine infligée ne correspondait alors nullement au code de justice militaire car le délit avait été constaté à l'arrière et non au contact de l'ennemi. Deux compagnons du condamné (les soldats Cottet-Dumoulin Elie et Mohn André) interviennent alors auprès du lieutenant-colonel pour tenter d'adoucir la sentence, mais ils ne sont pas entendus et se voient punis à leur tour.

L’adjudant Gabriel DEGOIX, lui aussi du 60 RI, note dans son journal personnel :
« Vendredi 12 Février 1915 - La neige est tombée; il ne fait pas bon travailler à notre abri, on a les pieds dans l'eau. Nouveau simulacre d'attaque et même duel d'artillerie : tout tremble.
Le soir, il y a conseil de guerre pour trois soldats de la 8ème, de Besançon : Bersot, Cotel et Molle, pour refus d'obéissance et mutinerie (au sujet d'un pantalon).
L'un, Bersot, sera passé par les armes ; Cotel, 10 ans de travaux publics et Molle, acquitté.
Samedi 13 Février 1915 - Pluie épouvantable dans la matinée. A 6 h 30, exécution de Bersot, en dehors du village. Ce pauvre diable a dû passer une nuit atroce. Il est pris, comme une loque, et porté au lieu d'exécution par le lieutenant Billey et l'aumônier du 60ème. Le peloton d'exécution se compose de 4 sergents, 4 caporaux et 4 hommes. Ses deux camarades de la veille sont là, comme témoins. Derrière viennent quatre hommes avec une pioche, et quatre autres avec une pelle. Sous le commandement d'un adjudant, une rafale, et c'est tout. Le coup de grâce, deux fois. Avant de mourir, le condamné appelle sa femme et sa fille Camille : triste chose que les nécessités de la guerre ».

Lucien Bersot sera réhabilité en 1922, grâce à l’opiniâtre lutte de sa femme et l’appui de la population de Besançon. Son histoire fera l’objet d’un livre (Alain Scoff, Le pantalon, Editions Lattès) puis d’un téléfilm (Le pantalon) réalisé en 1997 par Yves Boisset.

A suivre…