DES AFFAIRES DE DÉTAIL...

40ème semaine

Du lundi 3 au dimanche 9 mai 1915

AU VILLAGE DE LIHONS

Paul-François Guiraud, 415ème régiment d’infanterie,
Mort le 8 mai 1915, à Lihons-Maucourt (Somme)


Le 415 RI est un nouveau régiment, formé au mois de mars 1915 au camp de Carpiagne, près de Marseille. Après un mois d’exercice il est envoyé vers la Somme et il prend position début mai dans les tranchées pour la première fois, dans la Somme entre Maucourt et Lihons. Paul-François Guiraud, né à Anduze le 4 mai 1895, est incorporé dans ce nouveau régiment dès sa création.

Ce front de Somme n’est essentiel pour aucun des deux belligérants. Les positions y sont bien fixées, elles passent entre des villages dont il ne reste plus que des ruines.


Les régiments alternent dans les tranchées : quatre jours de suite pour chacun, puis c’est la relève.
 
Tranchée à Maucourt en janvier 1915, dessin par Charles Firmin Mazelin
Le JMO de ce régiment a disparu. Mais il reste son annexe médicale, qui nous permet de suivre les événements les plus marquants. Jusqu’au 30 avril, le front est calme, un seul mort est noté, il s’est tué lui-même en manipulant son fusil chargé. Un autre mort le surlendemain, encore un accident dû à une mauvaise manipulation d’un pétard à la mélinite.

Le 5 mai le régiment monte aux tranchées, il y reste jusqu’au 12. Le JMO relève : « Pendant cette période, il n’y a eu que des affaires de détail, déterminant toutefois un certain nombre de blessures, dont quelques unes mortelles. Il y eut au total 28 blessés dont 6 tués sur le coup ou décédés à l’ambulance à leur arrivée. On note principalement des blessures du crâne et des membres supérieurs. Presque tous les blessés ont été atteints par des balles, rarement par des éclats d’obus ».

Paul-François Guiraud faisait partie de ces morts, il avait vingt ans depuis quatre jours.

Mais ce n’est pas cet obscur combat ordinaire qui fera entrer le 415 RI dans l’histoire de la guerre de 14-18, c’est un épisode qui le frappera durement juste avant l’armistice du 11 novembre 1918.

Alors que les pourparlers d’armistice se déroulaient à Rethondes entre le maréchal Foch et les plénipotentiaires allemands, la 163e division commandée par le général Boichut reçut l’ordre de franchir la Meuse « coûte que coûte » le soir du 9 novembre 1918 dans la région de Dom-le-Mesnil et de Vrigne-Meuse. Cette ultime offensive menée dans la précipitation et l’improvisation, destinée à obtenir la capitulation de l’armée allemande, s’acheva le 11 novembre 1918 à 11 heures du matin. Cette opération de Vrigne-Meuse coûta la vie à une centaine de soldats français dont la grande majorité appartenait au 415e régiment d’Infanterie commandée alors par le chef de bataillon Charles de Menditte.

Les derniers tués de la grande guerre appartenaient au 415 RI. Ils étaient au nombre de 21 soldats dont Augustin Trébuchon enrôlé le 4 août 1914, tué au combat 20 minutes avant le cessez-le-feu, le 11 novembre 1918. Soldat de première classe, agent de liaison du régiment de la 9e compagnie du 3e bataillon. Il est enterré à Vrigne-Meuse dans les Ardennes. (Nous reviendrons sur son parcours en novembre 2018).

À 11 heures, Octave Delaluque du 415 RI se dresse à demi, puis tout entier, il sonne l'armistice et les Allemands lui répondent. Il est le clairon du véritable cessez-le-feu du 11 novembre 1918.

Entre le 9, le 10 et le 11 novembre 1918, Le régiment subit 68 tués et 97 blessés.


A suivre…