Semaine 173
Du lundi 18 au dimanche 24 novembre 1917
Ce
blog se poursuit sur un double plan temporel :
-
avec une correspondance exacte de cent ans pour les Anduziens
-
avec une chronologie reprise depuis le début 1914 pour les Tornagais
BATAILLE
DE MASSIGES
Etienne-Moïse-François
Caizac
8ème Régiment d’Infanterie Coloniale
Disparu le
22 septembre 1914 à Massiges
Etienne-Moïse-François
Caizac est né le 21 novembre 1886 à Fressac, de François et de
Célestine-Augusta née Roux. En 1906 il est cultivateur, marié à
Juliette-Augustine Villaret. Incorporé au 44ème régiment
d’infanterie en octobre 1907, il passe en 1908 au 40 RI avant d’être libéré en
1909. Il est affecté au 8 RIC en avril 1914, c’est donc ce corps là qu’il
rejoint en août 1914. Il est aussitôt lancé dans la bataille de l’Est.
Après la victoire de
la Marne les troupes allemandes ont beaucoup reculé mais restent en territoire
français. Elles sont solidement établies sur des positions qu’elles ont eu le
temps et les moyens de choisir et de fortifier. L’une des positions les plus
fortes est « la main de Massiges ».
Forteresse naturelle dominant la vallée de l'Aisne, cette colline située au
nord du village, doit son nom aux courbes de niveau qui dessinent sur le
terrain et sur les cartes une main gauche. Les doigts en sont séparés par de
profondes échancrures.
La Main de Massiges
marque la limite Est du front de Champagne à la jonction du front de l'Argonne.
Les Allemands se sont dès leur repli début septembre 1914, retranchés sur cette
hauteur naturelle dont chaque doigt forme un bastion. Son point culminant, le
Mont Têtu, que les Allemands appellent Kanonenberg, est truffé de formidables défenses,
sans cesse renforcées. « La main », comme disent les soldats,
deviendra l’un des sites les plus redoutés par les régiments chargés d’en
donner l’assaut, à juste titre puisqu’il restera imprenable jusqu’à la toute
fin de la guerre.
C'est sur cet obstacle
que butent dès le 13 septembre 1914, les troupes du Corps d'Armée colonial de
la 4e Armée française, qui participaient à la contre-offensive succédant à la
première bataille de la Marne. Le 8ème Régiment d’Infanterie Coloniale fait
partie de cette armée.
Voici le texte de
son JMO pour ces jours-là :
« 15
septembre – le régiment cantonne
dans le village de Virginy
16 septembre – le
régiment doit relever le 24 colonial. Le
mouvement commence vers 9 h. Aussitôt arrivées sur leurs positions les patrouilles
envoyées en avant du front signalent de nombreux cadavres et de nombreux
blessés. La crête en face est fortement occupée par l’ennemi abrité dans des
tranchées. A 10 h la position est menacée par un fort détachement d’infanterie
ennemie. Dès que l’ennemi apparaît il est reçu par des feux de face. A ce
moment 3 batteries allemandes très bien dissimulées arrosent pendant un quart
d’heure nos positions, il devient presque impossible de faire un mouvement.
Malgré les nombreux shrapnells ennemis nous résistons à l’attaque de
l’infanterie qui s’est avancée à 150 m et nous l’obligeons à se retirer sans
avoir perdu un pouce de terrain. Vers 14 h 30 les feux d’artillerie et
d’infanterie diminuent d’intensité et la soirée s’achève relativement calme.
Les bataillons dorment sur leurs positions.
17 septembre – Tout
mouvement en avant est interdit aux bataillons, ils ont toujours devant eux un
ennemi très vigilant soutenu par une nombreuse artillerie à laquelle nos 75 ne
répondent que très faiblement. Vers 14 h des salves d’artillerie ennemie
balayent nos crêtes pendant 20 minutes. Les pertes sont de 6 hommes hors de
combat ». L’Anduzien Paul Bernard,
27 ans, a fait partie de ces hommes.
Le village de
Massiges, où les unités sont en réserve à tour de rôle, est quotidiennement
bombardé par l'artillerie ennemie, aussi finit-il par être abandonné et les
hommes couchent en permanence dans les tranchées qui sont approfondies et
aménagées en conséquence : banquettes de tir, niches individuelles, créneaux.
Pendant quelques
jours les pertes occasionnées par le tir de l'artillerie allemande, continuent
cependant à être fortes, en raison du manque de boyaux et de l'insuffisance des
tranchées hâtivement construites avec les outils portatifs. La distribution des
outils de parc et l'organisation des travaux sous la direction des gradés du
génie permettent d'améliorer la situation.
Suite du JMO du
8ème RIC:
« 21
septembre – L’ordre de l’armée
est d’attaquer aujourd’hui l’ennemi. L’attaque sera préparée et soutenue par la
grosse artillerie. Heure du commencement des attaques : pour toute l’armée
à 11 h. Cette heure est celle du franchissement de la ligne de résistance par
les premiers éléments de l’attaque. Le mouvement en avant sera prononcé par le
22ème colonial à la droite duquel marcheront deux Cies du 8ème qui se
dirigeront vers la cote 199. Ces unités marcheront sur un très grand espace de
manière à offrir le moins de prise possible aux feux de l’ennemi, et leur
première ligne sera formée de tirailleurs à 3 ou 4 pas ; celle-ci marchera
très lentement de manière à pouvoir rester toujours alignée et à n’offrir aucun
point saillant aux contre-attaques ennemies. Elle se portera par bonds de
position en position, en se défilant le mieux possible et en ne repartant que
lorsque les hommes auront largement repris haleine. L’artillerie préparera
l’attaque en couvrant d’obus tous les terrains en avant de l’infanterie et en
déplaçant peu à peu son tir vers le Nord. L’infanterie avancera à mesure que
les projectiles auront nettoyé le terrain devant elle ».
Réalisation :
les deux compagnies du 8ème prennent leurs dispositions d’attaque à
11 h : objectif cote 199. Ces deux compagnies progressent lentement,
peu soutenues par l’artillerie. Le 22ème ne se trouve pas à l’emplacement qu’il
devrait occuper. Vers 14 h les deux compagnies sont arrêtées par des tranchées
fortement occupées par l’ennemi. A la nuit tombante le bataillon rentre avec 50
hommes hors de combat. La nuit est calme.
« 22
septembre – A 4 h le général
communique au 8ème que les mouvements d’attaque doivent reprendre : vous
ferez remarcher dans la direction du 199 le bataillon du 8ème colonial qui a
commencé ce mouvement hier ; il se portera à l’attaque des tranchées
allemandes qui sont en face, à la pointe du jour, ou avant le jour si c’est
possible, de façon à ne pas être en butte au feu de l’artillerie et à soutenir
le flanc du 22ème. Vous me rendrez compte d’heure en heure de ce mouvement en
usant du téléphone ».
Réalisation :
les compagnies partent en première ligne, elles gagnent du terrain en avant
mais elles sont peu soutenues par l’artillerie et les autres régiments ne sont
pas aux emplacements prévus. Tout l’effort des Allemands se portent contre
elles. Après s’être maintenues sur place elles décrochent et regagnent leur
point de départ. Environ 200 hommes hors de combat, parmi lesquels un capitaine
et deux lieutenants. Ainsi qu’Etienne-Moïse-François Caizac, porté disparu. Ce combat fait encore deux victimes parmi
les Anduziens : Meynadier Louis César, 28 ans, tué à l’ennemi, et Séquier
Fernand Albert, 28 ans aussi, disparu.
Ce n’est qu’en 1920
que le décès d’Etienne-Moïse-François Caizac sera officiellement reconnu. Il
figure sur le monument aux morts de Tornac, mais pas sur son Livre d’Or. Il
figure sur le Livre d’Or de Fressac. Son nom est porté sur une plaque
commémorative de Durfort, ainsi que sur le monument aux morts de Fressac. Il
est inhumé dans la Nécropole nationale de Saint-Thomas en Argonne, tombe 3819.
A suivre...