PROTÉGER VERDUN, DÉJÀ

Semaine 172

Du lundi 11 au dimanche 17 novembre 1917

Ce blog se poursuit sur un double plan temporel :
- avec une correspondance exacte de cent ans pour les Anduziens
- avec une chronologie reprise depuis le début 1914 pour les Tornagais

DEUX TIERS DE PERTES EN UN MOIS

Paul POMARET, soldat au 40ème régiment d’infanterie
Disparu le 17 septembre 1914 à Haucourt (Meuse)


Paul Pomaret est né à Tornac le 29 mars 1883, de César et d’Anaïs née Fontane. Il est peut-être cordonnier au moment de ses classes, mais cette profession est rayée sur son registre matricule. En 1904 il est appelé pour son service militaire mais ajourné pour « faiblesse ».  Un an plus tard il rejoint le 40ème régiment d’Infanterie, ce régiment où sont incorporés la plupart des Gardois. Il y fait ses deux ans puis fait ensuite deux périodes d’exercices. Lorsque la guerre éclate il regagne son régiment le 11 août 1914.

Quand exactement est-il envoyé vers le front ? On ne le sait pas. Mais cette date du 11 août nous permet de dire avec certitude qu’il a échappé à la lamentable affaire de La Garde du 10 août et sans doute aussi à la défaite de Dieuze du 20 août puis à la retraite précipitée qui s’en est ensuivie.

A la fin août le 40 RI, très diminué par les pertes subies (2 203 hommes sur 3 282), est reconstitué à Rehainviller par suite de l’arrivée d’un renfort de 1 000 hommes. Il fait partie des concentrations de troupes destinées à s’opposer à la poussée des Allemands vers Verdun. Mais cette concentration n’échappe pas aux Allemands, qui bombardent violemment ce village : plusieurs officiers sont tués, et de nombreux troupiers.

Historique du 40 RI : « Le 1er septembre, l’offensive est reprise dans la direction de Lunéville ; l’objectif est Chaufontaine et Hériménil, dont l’attaque doit être menée par le 40 RI et le 173 RI. Or à 24 h. 20, une attaque allemande se prononce sur notre front, précédée d’un violent bombardement ; après 2 h. de combat, cette attaque est repoussée, mais elle a retardé la nôtre, qui ne peut être déclenchée qu’à 6 h. 10. Notre progression est très lente, elle est même complètement arrêtée de 7 h. à 10 h. 30 par suite de l’intensité du bombardement ennemi. Vers 14 h. seulement, 2 Compagnies du 2ème Bataillon entrent dans Chaufontaine mais ne peuvent s’y maintenir ; elles se replient sur les positions de Rehainviller, Montagne et Mont. Le soir, le 40ème est relevé par le 58ème R.I. et va cantonner à Blainville, où il passe les 2 et 3 septembre.

Le 3 septembre, à 23 h., le 40ème quitte Blainville et se met en marche dans la direction de l’Ouest ; il atteint Gondrecourt le 7 où il embarque en chemin de fer à 9 h. Le colonel Leroy, malade, a été évacué le 4 septembre, et a passé le commandement du régiment au commandant Santini.


Trémont (8 septembre). -Après le débarquement qui s’effectue le même jour à 12 h. 30 à Longeville (S.E. de Bar-le-Duc), le 40ème va bivouaquer partie à la ferme le Chêne, partie à Brillon ; le 8 septembre il se porte au S.O. de Bar-le-Duc, aux environs des villages de Véel et de Combles. Dans l’après-midi, l’ennemi prononce une attaque sur Combles par l’ouest de Véel ; le régiment exécute une brillante contre-attaque sur le flanc gauche de l’ennemi, en direction de Trémont qui tombe entre nos mains, le 1er Bataillon occupe les hauteurs au N.O. de ce village tandis que le 2ème Bataillon est poussé sur Couvonges.
Trois-Fontaines (9 septembre). – Le lendemain, un détachement composé du 1er Bataillon du 40ème, 1 batterie et de ½ escadron, est envoyé à Trois-Fontaines pour établir la liaison entre le XVème C.A. et le IIème C.A. engagé à Cheminon. L’ennemi tente un effort désespéré pour enfoncer nos lignes : il est refoulé. De concert avec le 61ème R.I., le détachement enlève la maison Blanche et la Colotte. Dans la journée, la marche vers le Nord est reprise : le régiment bivouaque au S.O. de Mognéville, ayant à sa gauche le 55ème R.I., à sa droite les 58ème et 173ème R.I.

Andernay (10 septembre). – Le 10 septembre au matin, le 61ème R.I. et le 1er Bataillon du 40ème attaquent Andernay ; nos troupes parviennent jusqu’à la lisière sud de ce village, mais ne peuvent s’y maintenir et sont obligées de se replier jusqu’à la lisière Nord du bois d’Andernay . Pendant ce temps, le 2ème Bataillon attaque le bois du Faux-Miroir, de concert avec le 55ème, mais celui-ci arrêté par les feux de l’ennemi, ne peut déboucher en temps voulu ; malgré cela, le 2ème Bataillon essaye de progresser ; il est arrêté, puis ramené à l’O. de Mognéville.


Poursuite de l’ennemi (12-15 septembre). – Le 11 septembre, le 1er Bataillon entre dans Andernay dont il organise la défense. Le 12, le régiment est rassemblé à Contrisson, d’où il part à 14 h. à la poursuite de l’armée allemande en retraite. Le 40ème est flanc-garde de gauche de la Division. Il suit l’itinéraire Varney, Chardogne,
Génicourt, Lisle-en-Barrois, Vaubécourt, Jubécourt, Brocourt et arrive le 15 septembre à Montzéville et Esnes, où il cantonne.

L’ennemi est retranché sur les crêtes Montfaucon-Cuisy-Bois de Forges. Le 16, la 30ème D.I. attaque sur Cuisy, le Vème C.A. à gauche. Ce corps n’ayant pu avancer, nos troupes restent sur leurs positions. Le 40ème reçoit un renfort (1 chef de Bataillon, 5 officiers, 950 hommes) qui forme le 3ème Bataillon.


Le 17 septembre, le 2ème Bataillon qui a passé la nuit sur la côte 285, reçoit l’ordre d’attaquer la côte 308, mais dès son apparition sur la crête, il est accueilli par une fusillade intense et ne peut avancer. Par suite de ses pertes, il est obligé de se replier dans ses tranchées, puis vient cantonner le soir à Haucourt, après avoir été relevé par un Bataillon du 58ème. Les jours suivants, les 3 Bataillons creusent des tranchées à l’ouest de Malancourt, le lieutenant-colonel Oddon prend le commandement du régiment ».


Paul Pomaret disparait dans ces combats du 17 septembre, aux environs de Haucourt-Malancourt, sur la cote 285. Son décès ne sera constaté officiellement que le 3 juin 1920. Il figure sur le monument aux morts de Tornac, ainsi que sur son Livre d’Or.

C’est ce même jour que meurt aussi un autre Tornagais, Raoul-Jules Bastide, blessé quelques jours auparavant vers Saint-Mihiel, pour la même défense de Verdun (voir semaine précédente de ce blog).

A suivre…