ITALIENS

179ème semaine

Du lundi 31 décembre 1917 au dimanche 6 janvier 1918

DANS LA LÉGION GARIBALDIENNE

Paul FOSSAT, 1er REP
Disparu le 5 janvier 1915 à Courtechausses (Argonne)


Paul Fossat est né à Tornac le 28 avril 1891. Son père se prénomme Henri-Antoine, sa mère est Lucie née Bédrin. En 1911 il est « instituteur libre ». Il est incorporé le 9 octobre 1912 dans le 55 RI. Il passe caporal puis sergent en 1913. Peu après le début de la guerre on l’affecte dans la légion, au 1er régiment étranger. Il est fait adjudant le 24 octobre 1914, juste à temps pour rejoindre ce corps qui a besoin de cadres français. En effet le 4e régiment de marche du 1er étranger, appelé couramment « Légion garibaldienne », commandée par Peppino Garibaldi, est une unité militaire française de la Légion étrangère qui n’existe que de façon éphémère de 1914 à 1915 : comme ses soldats sont tous italiens, quand l'Italie entre dans la guerre, ils peuvent poursuivre le combat sur le front italien.

Peppino Gribaldi
Le 4e de marche du 1er étranger est formé le 5 novembre 1914 à partir des dépôts de Nîmes et de Montélimar. À sa création le régiment est constitué de 57 officiers, 2 114 sous-officiers et hommes de troupe et compte 184 chevaux et mulets. Du 10 novembre au 16 décembre le régiment séjourne au camp de Mailly sous l’autorité du général de Torcy, commandant de la 20e région. Le 24 décembre, il bivouaque à la Pierre Croisée et est intégré à la 10e division d'infanterie (général Gouraud) du IIe corps d’armée (général Gérard).

L'unité est alors rapidement engagée dans les combats : le 25 décembre, les 1er et 2e bataillons attaquent les tranchées allemandes au plateau de Bolante mais doivent rapidement refluer. Les pertes sont de 161 hommes (30 tués dont 4 officiers, 113 blessés dont 5 officiers et 18 disparus).


Le 5 janvier, le 2e bataillon lance une attaque à partir des tranchées à l’ouest du Four de Paris mais reçoit rapidement l’ordre de repli. Ce même jour, les 1er et 3e bataillons rejoignent la Chalade et la Sapinière et lancent également une attaque contre les lignes allemandes (combat de Courtechausses). Les deux bataillons, après avoir conquis trois tranchées, doivent finalement se replier à la suite d'une contre-attaque allemande.

Voici le détail de ces journées du début 1915, rapportées sur le JMO :
« 3 janvier 1915
Les Capitaines Bruera, Raffeo, les Lieutenants Le Gouey, Arrizio, Lurgo, Derfner, sont partis en reconnaissance sur l’emplacement des tranchées de Courte-Chausse où une attaque doit avoir lieu prochainement.

4 janvier 1915
Parti en reconnaissance avec tous les Commandants de compagnies. A La Chalade, le Général Gouraud donne ses dernières instructions et remet des plans sur lesquels sont indiquées les positions à occuper. L’attaque doit avoir lieu demain.

5 janvier 1915
Le Régiment quitte son campement à 2h. Les 3ème et 1er Bataillons se dirigent sur La Chalade. Le 2ème Bataillon sur Florent-la Harazée. Dans le Bataillon, la 12ème Compagnie (Capitaine Prossaird) est en tête, il est suivi par la 9ème Compagnie (Capitaine Raffeo), la 10ème Compagnie (Capitaine Bruera), la 11ème Compagnie (Lieutenant Le Gouey).
A 4h, la tête du Bataillon arrive au poste de la Sapinière, entre La Chalade et le Four-de-Paris. Deux cisailles à main sont données à chaque section d’attaque, l’ordre est le suivant : deux compagnies de chaque Bataillon attaqueront en ligne de section par quatre. Les deux autres compagnies placées en arrière appuieront l’attaque.
Le 331ème qui occupe la ligne de tranchées françaises a préparé les passages qui sont repérés par des fils de fer. Comme ordre complémentaire le Chef de Bataillon Latapie ordonne au Commandant de la 12ème Compagnie d’attaquer en échelon, mais au préalable d’envoyer une patrouille pour assurer la liaison avec le Commandant Simon du 76ème dont le Bataillon est de l’autre côté du ravin. Cette patrouille commandée par le sergent Garda Asselins s’acquitte de sa mission et revient avant l’heure de l’attaque.

A 6h30, le signal pour le départ des mines et donné. Huit mines éclatent presque simultanément, des débris de pierres tombent sur les sections, beaucoup d’hommes sont blessés. Le combat d’artillerie commence aussitôt et dure jusqu’à 7h30, heure à laquelle le signal de l’assaut est donné. Les compagnies se portent en avant. La 12ème atteint le bord sud du fourneau de mine où elle est arrêtée (2ème, 3ème et 4ème sections) par une section de mitrailleuses qui fauche tous les hommes. Malgré les pertes, les hommes tiennent bon. La 1ère section qui n’avait trouvé que peu de résistance devant elle occupe une tranchée allemande où elle s’installe.
La 9ème Compagnie se porte en avant et est arrêtée également par le tir des mitrailleuses. La section de mitrailleuses du Bataillon dont le chef, le Lieutenant Guillo, vient d’être tué, réussit à s’installer et appuie l’attaque.
A 8h le Capitaine Prossaird de la 12ème Compagnie, prend le Commandement du Bataillon en remplacement du Commandant Latapie qui vient d’être tué. Malgré les pertes énormes subies (56% pour la 12ème Compagnie), le Bataillon se maintient sur ses positions.

Vers 11h, un cycliste vient de la part du Colonel, donner l’ordre de rallier le Régiment à la Sapinière. Une confirmation écrite de cet ordre est demandée, le Bataillon ne pouvant quitter l’emplacement qu’il occupe sans avoir été relevé par d’autres troupes. Une heure plus tard un autre ordre verbal parvient. Le Commandant du Bataillon fait relever ses différents éléments engagés par le Bataillon Vautrin du 76ème et à 12h30 les débris du Bataillon sont rassemblés à la Sapinière sauf la 1ère section de la 12ème qui ne rejoindra que plus tard et la section de mitrailleuses qui reste à la disposition du 331ème.
Les pertes subies sont sérieuses, le Chef de Bataillon Latapie a été tué, les Lieutenants Le Gouey, Guillo, le Sous-lieutenant Lungo, les Adjudants Bonafossi, Fossat et Costante Garibaldi sont tués. Il ne reste plus que quatre Officiers : le Capitaine Prossaird, dont le képi a été troué de 2 balles, les Capitaines Raffeo et Bruera, le Sous-lieutenant Arrizio, les 11ème et 12ème Compagnies sont commandées par les Sergents-Major.
A 14h, le Régiment quitte la Sapinière pour se rendre, le 3ème Bataillon au Neufour, le 1er au Claon, où doit rejoindre le 2ème Bataillon. Arrivée à Neufour à 17h ».


Cette "Légion garibaldienne" créée par Peppino Garibaldi (petit-fils du célèbre Giuseppe) portait la chemise rouge. Elle combat pendant la Première Guerre mondiale sous les couleurs de la France. Le 26 décembre 1914, pendant une bataille près de Bolante, son frère Bruno est tué. Dans une deuxième bataille, le 5 janvier 1915 à Courtechausses, c'est son frère Costante qui perd la vie.

Le Lieutenant-Colonel Peppino Garibaldi, entouré de ses frères Bruno, Riciotti, Sante, Costante, Ezio.
Costante est tué à Courtechausses le même jour que paul Fossat.
Cette formation a vu passer dans ses rangs plusieurs personnalités devenues célèbres : l'écrivain italien, Curzio Malaparte (Curt Erich Suckert) qui s'engage comme volontaire dans l'armée française à seulement 16 ans en trichant sur son âge, et Lazare Ponticelli, le dernier Poilu de France, qui triche lui aussi sur son âge pour s’engager, mort à l’âge de 110 ans.

La famille d’un autre disparu de ce combat, le sergent Charles Previdoli, a fait faire une plaque en sa mémoire : « A la mémoire / de mon fils bien-aimé / Charles Prévidoli / sergent au 1er Régt Etranger / tombé glorieusement pour la France le 5 janvier 1915 / au combat de Courtechausses (Argonne) / à l'âge de 24 ans / - / Dors en paix mon enfant en cette belle France / que tu as bien aimée, jusqu'à mourir pour elle / ta mort a de mon coeur banni toute espérance / ton souvenir m'est cher, ma douleur éternelle. / - / Regrets éternels ».

Bien que nommé sur le JMO parmi les morts à Courtechausses du 5 janvier 1915, Paul Fossat, mort lui aussi à l'âge de 24 ans, est noté comme disparu sur sa fiche militaire. Son décès n'est reconnu que par un jugement du 17 mars 1921 et enregistré à Alès le 24 mai de la même année. Il figure sur le monument aux morts et sur le livre d’or de Tornac. Il figure aussi sur la plaque commémorative de l’église Saint-Etienne d’Anduze.
A suivre…