180ème
semaine
Du lundi 7
au dimanche 13 janvier 1918
Ce blog se
poursuit sur un double plan temporel :
- avec une
correspondance exacte de cent ans pour les Anduziens
- avec une
chronologie reprise depuis le début 1914 pour les Tornagais
UNE MORT SANS
BRUIT
Edouard
BONNET, 4ème RIC
Tué le 28 janvier
1915 à Massiges (Marne)
Edouard Bonnet est
né à Nîmes le 15 décembre 1894. Ses parents ne sont pas nommés sur son registre
matricule. En 1914 il est valet de ferme à Tornac. Il est incorporé le 5
septembre 1914, avec deux mois d’avance sur ses 20 ans. Il est affecté au 4ème
Régiment d’Infanterie Coloniale, autrement dit chez les Marsouins.
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Photo de groupe du 4ème RIC |
En ce début
septembre 1914, la bataille de la Marne a commencé. Le 4 RIC participe à
l’arrêt infligé aux Allemands, puis à leur poursuite avant la stabilisation du
front autour notamment des collines de Massiges, formidable forteresse
naturelle, puissamment organisée par la défense allemande. Lors d’une période
de repos, son lieutenant-colonel l’emmène au monument de Valmy pour une
cérémonie patriotique, destinée à donner aux jeunes conscrits de 1914 la force
de mettre leurs pas dans ceux des volontaires de 1792. A la fin de 1914, le 4
RIC se trouve toujours dans cette région de Massiges.
Historique du
régiment : « Le 27 décembre, le général Reymond est tué en allant
reconnaître la position du col des Abeilles, en vue d’une attaque nouvelle,
l’attaque a lieu quand même, menée par les 8e et 33e Régiments sur la Verrue,
au N.-O. de Massiges, pendant que le bataillon Duchan du 4e, fait un coup de
main sur une tranchée où sont placées des mitrailleuses gênantes pour les
assaillants. Cette dernière action menée avec la plus grande bravoure et un bel
élan par les sous-lieutenants Marchand et Costa réussit parfaitement, en
revanche l’attaque principale échoue devant des mitrailleuses et des tranchées
intactes. Le petit détachement du 4e qui a conservé héroïquement le terrain
conquis ne se retire qu’à la nuit, sur l’ordre formel du Commandant de
l’attaque. Cette action coûtait 92 tués et blessés, parmi lesquels le capitaine
Faivre, frappé mortellement au moment où une de ses sections marchait, avec
lui, à l’assaut. Le temps redevient affreux, le secteur plus calme.
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Le petit obusier de tranchée Cellerier |
A partir du 1er janvier
notre artillerie, mieux approvisionnée en munitions harcèle constamment
l’ennemi. Le 4e, fidèle à une tactique qui sera de tradition dans l’arme, fait
un large emploi des Cellerier et ne
laisse aucun répit à l’ennemi. Mais celui-ci ne voulant pas affronter la lutte
à découvert, commence la lutte sous terre, le 9, il fait sauter une mine à la
côte 191, l’entonnoir se trouve à quelques mètres de notre tranchée et un peu
plus loin de celles des Boches ; des deux côtés on amorce un boyau pour occuper
l’entonnoir et on se fusille d’un bord à l’autre, mais les boucliers de
l’ennemi sont plus résistants que les nôtres, un grand nombre de travailleurs
sont blessés et il faut renoncer à occuper l’entonnoir et se contenter d’en
interdire l’accès à l’ennemi. Il pleut presque constamment, les bataillons Lamy
et Barbazan, en ligne dans la plaine, sont plus tranquilles, mais aussi plus
mal installés car leurs tranchées sont pleines de boue et d’eau.
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Une tranchée à Massiges |
Le bataillon Duchan très
fatigué, est relevé pendant quatre jours par un bataillon du 23e. Lorsqu’il
reprend sa place, il entreprend aussitôt la construction d’une mine pour faire
sauter les avancées allemandes de la côte 191, mais le 29 au soir, le régiment
est relevé en entier pour aller au repos à Courtemont pendant six jours ».
Edouard Bonnet est tué
juste la ville de cette relève, le 28 janvier 1915, dans un combat si obscur qu’il
n’est même pas évoqué dans le JMO de ce régiment. Les jours suivants, en effet,
le repos ne sera pas de longue durée car les hommes doivent remonter en ligne pour
s’opposer à une attaque allemande, très coûteuse en vies pour les Français (2 000
morts chez le 4 RIC et le 8 RIC).
Edouard Bonnet figure
sur le monument aux morts et sur le livre d’or de Tornac. Il figure aussi sur
la plaque commémorative de l’église Saint-Etienne d’Anduze.
A
suivre…
NB : On peut lire aussi l'histoire du soldat Edouard Bonnet sur ce blog, à la semaine 87