178ème
semaine
Du lundi 24 au dimanche 30 décembre 1917
LES PERTES SONT EFFRAYANTES
Casimir
BOUDET, 23ème RIC
Mort le 15
décembre 1914 à Ste-Ménéhould (Marne),
des suites de ses blessures
Ce blog se poursuit sur un double plan temporel :
- avec une correspondance exacte de cent ans pour les Anduziens
- avec une chronologie reprise depuis le début 1914 pour les
Tornagais
Casimir BOUDET est
né à Tornac (et pas à Anduze comme l’écrit à tort sa fiche Mémoire des Hommes
reproduite ci-dessous) le 13 août 1888. Son père se prénomme aussi Casimir, sa
mère est Anaïs née Cabanis. En 1905, il est chaudronnier. Il prend un engagement
volontaire de cinq ans le 17 décembre 1906, on l’affecte au 4ème RIC, puis au
10ème RIC. Il fait campagne au Tonkin de septembre 1909 à juin 1913. Il se
réengage le 8 août 1910 pour une nouvelle période de cinq ans. Il passe caporal
en 1911, sergent en 1912. Affecté au 23ème RIC en 1913 il y est fait adjudant
le 17 septembre 1914, après le premier mois de guerre.
Historique du régiment :
« Parti de Paris, le 7 août 1914, après la mobilisation générale, le
régiment, sous le commandement du colonel Nèple, marche à l'ennemi. Son
effectif de départ comprend 67 officiers et 3.126 hommes de troupe. De Revigny
où le régiment fut transporté par voie ferrée, il se porte dans la direction de
Neufchâteau (Belgique), par étapes de 25 à 30 kilomètres.
Du 23 août au 5
septembre, le régiment, sous le commandement du lieutenant-colonel Maillard,
suit le repli de l'armée, il se trouve occuper, le 6 au matin, en formation de
combat, la position comprise entre le chemin de Thiéblemont à Écriennes et le
canal de Vitry à Saint-Dizier. Le régiment reçoit là le choc de l'ennemi; sous
l'énergique impulsion du lieutenant-colonel Maillard, pas un pouce de terrain
n'est cédé. Bien au contraire, le régiment progresse lentement, soumis à un feu
violent d'artillerie. Des mitrailleuses ennemies en position sur une péniche du
canal prennent d'enfilade nos tirailleurs et causent de grandes pertes.
Le 1er bataillon,
avec lequel marche le lieutenant-colonel et le drapeau déployé, enlève d'assaut
les fermes de Tournay occupées très fortement. Du 7 au 11, le régiment très décimé
devient réserve d'armée. Il reprend, le 12 au matin, le contact avec l'ennemi
en retraite.
La poursuite
continue jusqu'au 14, au nord-ouest de Ville-sur-Tourbe. Le 15, le 23e reçoit
la mission d'enlever le bois de Ville, fortement tenu par l'ennemi, de même que
toutes les crêtes au nord. Au prix de très fortes pertes, la vallée de la
Tourbe, battue très efficacement par l'artillerie adverse, est traversée et le
régiment aborde les lisières du bois. La progression, pied à pied, continue
dans le bois, la lutte est acharnée, mais le régiment refoule complètement
l'ennemi et s'installe aux lisières nord du bois, essayant même de progresser
au delà des lisières. Malgré les violents efforts de l'adversaire, toutes les
tentatives de celui-ci pour nous chasser de la position sont repoussées.
Le 16 septembre, le
régiment très éprouvé reçoit l'ordre de progresser; chacune des tentatives se
trouve arrêtée net par le tir très précis et excessivement efficace de
l'artillerie adverse. A la nuit, le régiment peut progresser légèrement vers le
nord-ouest. Le 17 et le 18, la situation n'est pas modifiée, plusieurs
tentatives sont faites, mais toutes sont arrêtées par un tir toujours très précis
de l'artillerie ennemie. Le 18 au soir, ordre est donné de s'établir sur la
position, un bataillon occupant le bois de Ville, les deux autres aux lisières
nord du bois d'Hauzy.
Jusqu'au 28
septembre, la position est organisée défensivement. Les 28 et 29, l'ennemi
tente, après de violents bombardements, de nous chasser de nos positions;
toutes ses tentatives sont repoussées. Le 23 octobre, après quelques tentatives
infructueuses, le village de Melzicourt est enlevé à la baïonnette et organisé.
Le 11 décembre, le
1er bataillon, mis à la disposition du 91e d'infanterie, reçoit l'ordre
d'enlever les retranchements allemands au nord de la Harazée en Argonne.
L'attaque est menée par les seules troupes coloniales (23e, 1er bataillon, 7e,
1er bataillon).
Les 1ère et 2e
compagnies franchissent les parapets à 7h 15, et progressent à travers les
abatis, mais, tout à coup, elles sont arrêtées net par un feu très meurtrier de
mousqueterie et de mitrailleuses. A deux reprises, sous l'énergique impulsion
des capitaines Triol et Bordant, ces unités parviennent jusqu'aux défenses
ennemies intactes et sont rejetées par un feu à bout portant. Les pertes sont
effrayantes; les compagnies décimées, sans cadres, tous les officiers étant
tombés, s'accrochent néanmoins au terrain. A 7h35, la 3e compagnie reçoit pour
mission de soutenir les deux compagnies engagées. Les hommes sont admirables
d'entrain ; après avoir assisté à l'anéantissement des deux compagnies
précédentes, ils s'élancent entraînés par le capitaine Dupont, le premier
debout sur les parapets. En 40 mètres, la compagnie, prise sous un feu
d'enfilade de mitrailleuses, est détruite presque entièrement. L'effort
nécessaire ne peut se produire, les éléments des trois compagnies sont
contraints, devant les défenses intactes, de se replier ».
C’est ce jour-là que
l’adjudant Boudet est tombé, comme le précise le JMO du régiment :
Pour sa conduite, il
sera cité à l’ordre du jour n°160 du commandement de la 4ème armée le 10
janvier 1915 : « Sous un feu des plus violents de mitrailleuses et de
bombes a enlevé sa section avec vigueur à l’assaut des tranchées ennemies,
donnant à tous l’exemple de la plus grande bravoure jusqu’au moment où il tombe
grièvement blessé ». Croix de guerre avec palme.
Casimir Boudet décède
le 15 décembre 1914 à Sainte-Ménéhould, à l’ambulance n°2 des suites de ses
blessures. Il figure sur le monument aux morts de Tornac.
A
suivre…