MÉMOIRE FAMILIALE



Du lundi 29 juillet au dimanche 4 août 1918

BRAVE ET EXCELLENT SOLDAT, TRÈS COURAGEUX

Franck-René ROUMAJON
Soldat au 363ème Régiment d’Infanterie
Mort le 26 septembre 1918 à Fontaine en Dormois (Marne)


Franck-René ROUMAJON est né le 23 juillet 1898 à Tornac, de Daniel et d’Emma née Roux. En 1917, il est cultivateur, il a un bon degré d’instruction.
Il est incorporé le 3 mai 1917 dans le 3ème Régiment d’Infanterie qui combat à ce moment-là dans les Flandres vers Nieuport, en pleine guerre des gaz.


Il passe au 363ème Régiment d’Infanterie le 30 mars 1918, juste à temps pour subir dans l’Aisne, sur la rive gauche de l’Ailette, une très forte attaque allemande le 6 avril. 21 officiers et 1 061 hommes de troupe y sont tués.

Puis le 363 RI est déplacé vers la Champagne, où se prépare une grande offensive. Il y occupe pendant quelques mois le secteur de Massiges, de sinistre mémoire.

Tranchées restantes de Massiges
A partir du 8 septembre 1918, des préparatifs sont en place en Champagne et en Argonne. Le front d’attaque allié porte sur 70 kilomètres. L'armée française aligne pour l’occasion sept corps d'armée en première ligne. Derrière cette première ligne, se tiennent en réserve 12 divisions d'infanterie et 3 de cavalerie. La première armée américaine du général Pershing dispose, quant à elle, en première ligne, de 3 Corps d'armée.
Devant ce front alliés et, derrière des fortifications "en dur", une partie de la première armée allemande du général von Mudra ; la 3e armée de von Einem, appartenant au groupe d'armées du Kronprinz, et, la Ve armée allemande, appartenant au groupe d'armées de von Gallwitz, se tiennent prêtes. Les Allemands disposent en ce lieu précis du front de : 20 divisions, dont 4 en seconde ligne (équivalent français : 24 divisions).
Les effectifs des adversaires sont donc approximativement équivalents en quantité lors du déclenchement des opérations. Les Français bénéficient toutefois d’un moral d’acier par rapport aux Allemands qui ne cessent d’être défaits et abattus moralement…
Nerveux, les Allemands multiplient les reconnaissances par l’aviation, les coups de sonde, les tirailleries de nuit sans motif apparent.
Ils calquent également leur réaction en fonction du dispositif adopté par la 4e Armée française lors de la dernière bataille de Champagne. Enfin, ils évacuent leurs premières lignes et optent pour un dispositif défensif "tout en profondeur".
Côté français, on se conforte à l'idée que les Allemands "se sentent mal" ; les interrogatoires de déserteurs sont là pour apporter de l’eau au moulin en ce sens.
Le général Pétain a réglé tous les détails de l'opération…
Le transport des unités, venues en renfort de loin, parfois même des Vosges, est effectué de nuit, avec d'infinies précautions, du 16 au 25 septembre.
L'attaque est fixée au 26 septembre.

Dans la nuit du 25 au 26, on relève toutes les unités françaises qui se trouvent encore dans le secteur américain, afin que le général Pershing n’ait pas de souci à se faire quant à l’homogénéité de ses troupes disposées entre l’Argonne et la Meuse.
Le 25 septembre, à 23 heures, une préparation d'artillerie est déclenchée. Les coups sont portés par delà les avant-postes évacués, sur les positions défensives réellement occupées par les Allemands, et, dont le plan d’installation est parfaitement connu des alliés (relevés aériens).
Le 26 septembre, à 5 heures 25, l’infanterie française et américaine se lance à l'assaut. Seuls, les obstacles naturels ralentissent l'élan des assaillants ; les Allemands semblent prostrés dans leurs abris, et, leur artillerie ne réagit que faiblement.
Les objectifs fixés sont enlevés par les Français.
La 22e division française, celle qui a, entre autres, combattu au Chemin-des-Dames, et, dont le général Spire a pris le commandement, s’empare de ce qui reste de la Ferme Navarin ; les divisions françaises des généraux Michel et Schmidt enlèvent brillamment la Butte de Souain et le Mont Muret, au cours de combats acharnés.
Le 363e régiment d'infanterie, de la division du général Leboucq, conquiert les hauteurs de la rive nord de la Dormoise.
Ce jour-là, l'armée française du général Gouraud fait prisonniers 13.000 Allemands. Elle met également la main sur 300 canons, alors qu’elle porte le front à 5 à 6 kilomètres en avant, en direction du Nord.
Les chars d'assaut français, notamment les FT17 Renault, ont répondu à toutes les espérances.


Les Américains ont pour leur part progressé de manière remarquable, eux aussi ; ils ont, en  profondeur, investi les territoires antérieurement occupés par les Allemands.
Le 27 Septembre est une rude journée de combat. Se sentant en danger du côté de Mézières, Le général allemand von Einem fait appel, après avoir mis en ligne ses dernières réserves, à des renforts, auprès de Ludendorff qui accède à sa demande.
Côté artillerie, les Allemands, pour une fois, pêchent par excès de prudence, au bénéfice des Alliés. Les pièces d’artillerie ont été postées tellement en arrière du front, qu’elles ne peuvent efficacement entrer en action pour soutenir leur infanterie débordée de toute part.
Les Allemands bénéficient toutefois d'innombrables mitrailleuses savamment dissimulées, et, qui entrent en action au dernier moment, lorsque les Français sont à portée de tir immédiat.
Le 28 septembre, le général Gouraud est renforcé sur son aile gauche par des éléments du 4e Corps d'armée français qui, malgré une résistance extrême de la part des Allemands, s'emparent d’Auberive. De manière générale, l'ennemi s’est ressaisi ; les effets de son artillerie deviennent de plus en plus meurtriers.
Les conditions météorologiques deviennent mauvaises ; la pluie commence à tomber en abondance. Le terrain crayeux de la Champagne, gorgé d’eau, se transforme très vite en un bourbier profond, dans lequel les assaillants éprouvent les plus grandes difficultés pour avancer ou déplacer leur artillerie.
Durant cinq jours d’offensive, les Armées de Gouraud et de Pershing ont réussi à progresser de 12 kilomètres en s'enfonçant dans le dispositif ennemi. Pendant ce temps Reims est désenclavé, et, cela, pour la première fois depuis 1914...


Franck-René ROUMAJON est tué le 26 septembre 1918, à l'âge de 20 ans, dans ces combats de Champagne, à Fontaine-en-Dormois.


Il est cité à l’ordre du jour n°670 du régiment le 21 octobre 1918 : « Brave et excellent soldat, très courageux. Tué en montant à l'assaut d’une position ennemie au cours des opérations du 26 septembre 1918 ». Il reçoit alors la Croix de Guerre avec une étoile en bronze. Il est aussi décoré de la Médaille militaire. Il figure sur le Monument aux Morts ainsi que sur le Livre d’Or de Tornac. Il figure aussi sur la stèle du Temple de Tornac.


Sa famille a fait poser une plaque personnelle avec sa photo sur le Monument aux Morts de Tornac.

A suivre…